[Event] Ricochets
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[Event] Ricochets
Il n'avait jamais su faire des ricochets. Il prenait un galet, le lançait bien à plat et les rebonds qu'il faisaient n'étaient dus qu'à un changement de la nature de l'eau. Le jeu n'était donc pas de prévoir l'angle de retombée du caillou mais de trouver comment tricher et modifier les éléments assez vite pour rebondir tout en leur donnant la bonne viscosité. Ça, c'était amusant. Calculer des angles, beaucoup moins.
Et puis ça lui permettait de faire ce que personne d'autre ne faisait. Les ricochets en mer. C'était idiot. Ça servait à rien. C'était le pied total. Un peu comme une partie de tir à la carabine sur des volants de badminton. Moins le bruit et avec l'air frais du large en plus. La plage de Dunwtach, un peu à l'écart du village et pas vraiment tropicale avec son sable parsemé de galets et son eau grise, était peu fréquentée en cette saison. Personne pour s'inquiéter de cailloux qui rebondissaient sur les vagues. Sauf que.
Sauf que ce matin, ils ne rebondissaient pas.
Plus curieux qu'agacé par le phénomène, le caster relança un caillou, concentra sa volonté et calcula la trajectoire, somme toute assez simple. Rien. L'eau bougeait, immuable, se fondant dans l'écume avant de se perdre dans le sable.
Bon. Pas besoin de chercher très loin le nom de celui qui avait enchanté la mer, et avec assez de force pour le priver de son passe-temps idiot favori. Il devait se montrer plus intelligent. Il prit un autre morceau de falaise et l'examina. Il n'y avait probablement pas grand chose à faire pour la rendre plus poreuse. Moins dense. On avait vu de la pierre flotter, du moment qu'elle était ponce.
Rien.
Bon. Il regarda autour de lui. Avec toutes les arrivées de cousins, peut-être quelqu'un d'autre lui jouait une blague. Après tout, il ne connaissait pas encore tout le monde, et de loin. Une branche était arrivée d'Egypte récemment, il n'en avait pas encore rencontré tous les ressortissants. Et la mère de l'autre petite qui était de la responsabilité de son ombre. Peut-être que les deux, réconciliés sur le lit des années, avaient décidé de lui faire passer une mauvaise journée. Il pouvait utiliser le lien pour se renseigner directement mais il n'avait aucune envie de montrer que la blague commençait à lui porter sur les nerfs. Encore une fois, ce n'était peut-être pas de sa faute.
Bon. Il n'y avait personne de visible. Cela ne voulait évidemment rien dire. Il ferma les yeux. Que lui. Pas de bruit. Pas d'énergie. Il sentit comme une part de lui en moins. Sa magie évidemment. C'était ce qui ne marchait plus, non. Pris par la curiosité, il se concentra vers son frère. Voir si, au final, il était responsable de ce miracle. Et comment il avait fait. Amerawdwr n'avait pas pu être invoqué sans qu'il en soit conscient...
… personne.
Personne. Pas un sentiment. Pas de présence. Pas de frère. Il fronça les sourcils, souriant mais plus par habitude à présent. Il n'y avait jamais eu personne. Même quand l'océan les avait séparés. Même lors de l’Événement. Deux faces d'une même pièce. Supprimer l'une des deux aurait du détruire l'ensemble. Quelque chose était-il arrivé à Toryn ? Il fut pris d'une impulsion soudaine de courir au château, vérifier qu'il était toujours deux. Seul le retint le besoin de secret. On ne pouvait voir deux Directeurs. C'était certainement une farce. Il avait trouvé un moyen de couper le cordon. Il devait absolument pouvoir vivre seul. Seul avec lui-même. Comme le faisaient les gens normaux.
Il prit un galet, le lançant dans l'onde mouvante. Sans rebondir, il s'enfonça dans un bruit d'éclaboussure. Il n'avait jamais su faire les ricochets.
Et puis ça lui permettait de faire ce que personne d'autre ne faisait. Les ricochets en mer. C'était idiot. Ça servait à rien. C'était le pied total. Un peu comme une partie de tir à la carabine sur des volants de badminton. Moins le bruit et avec l'air frais du large en plus. La plage de Dunwtach, un peu à l'écart du village et pas vraiment tropicale avec son sable parsemé de galets et son eau grise, était peu fréquentée en cette saison. Personne pour s'inquiéter de cailloux qui rebondissaient sur les vagues. Sauf que.
Sauf que ce matin, ils ne rebondissaient pas.
Plus curieux qu'agacé par le phénomène, le caster relança un caillou, concentra sa volonté et calcula la trajectoire, somme toute assez simple. Rien. L'eau bougeait, immuable, se fondant dans l'écume avant de se perdre dans le sable.
Bon. Pas besoin de chercher très loin le nom de celui qui avait enchanté la mer, et avec assez de force pour le priver de son passe-temps idiot favori. Il devait se montrer plus intelligent. Il prit un autre morceau de falaise et l'examina. Il n'y avait probablement pas grand chose à faire pour la rendre plus poreuse. Moins dense. On avait vu de la pierre flotter, du moment qu'elle était ponce.
Rien.
Bon. Il regarda autour de lui. Avec toutes les arrivées de cousins, peut-être quelqu'un d'autre lui jouait une blague. Après tout, il ne connaissait pas encore tout le monde, et de loin. Une branche était arrivée d'Egypte récemment, il n'en avait pas encore rencontré tous les ressortissants. Et la mère de l'autre petite qui était de la responsabilité de son ombre. Peut-être que les deux, réconciliés sur le lit des années, avaient décidé de lui faire passer une mauvaise journée. Il pouvait utiliser le lien pour se renseigner directement mais il n'avait aucune envie de montrer que la blague commençait à lui porter sur les nerfs. Encore une fois, ce n'était peut-être pas de sa faute.
Bon. Il n'y avait personne de visible. Cela ne voulait évidemment rien dire. Il ferma les yeux. Que lui. Pas de bruit. Pas d'énergie. Il sentit comme une part de lui en moins. Sa magie évidemment. C'était ce qui ne marchait plus, non. Pris par la curiosité, il se concentra vers son frère. Voir si, au final, il était responsable de ce miracle. Et comment il avait fait. Amerawdwr n'avait pas pu être invoqué sans qu'il en soit conscient...
… personne.
Personne. Pas un sentiment. Pas de présence. Pas de frère. Il fronça les sourcils, souriant mais plus par habitude à présent. Il n'y avait jamais eu personne. Même quand l'océan les avait séparés. Même lors de l’Événement. Deux faces d'une même pièce. Supprimer l'une des deux aurait du détruire l'ensemble. Quelque chose était-il arrivé à Toryn ? Il fut pris d'une impulsion soudaine de courir au château, vérifier qu'il était toujours deux. Seul le retint le besoin de secret. On ne pouvait voir deux Directeurs. C'était certainement une farce. Il avait trouvé un moyen de couper le cordon. Il devait absolument pouvoir vivre seul. Seul avec lui-même. Comme le faisaient les gens normaux.
Il prit un galet, le lançant dans l'onde mouvante. Sans rebondir, il s'enfonça dans un bruit d'éclaboussure. Il n'avait jamais su faire les ricochets.
Re: [Event] Ricochets
[HJ- Bon, je crois que je me suis emballée... Si ça ne va pas, tapez (mais pas trop fort, hein !)]
Ils étaient là. Pas agressifs ni vraiment menaçants, juste là. Partout. Tout autour d’elle, où qu’elle se trouve. Elle n’était même pas certaine de l’endroit où elle se trouvait. La forêt peut-être. Non, elle en était sûre. Elle était en forêt. Sauf que rien ne lui permettait de l’objectiver. Si elle était entourée d’arbres, elle n’en devinait pas les silhouettes. Les seules formes autour d’elle, c’était eux. Elle ne voyait pas leurs visages, si tant est qu’ils en aient, elle distinguait plus ou moins leurs silhouettes, mais elle savait qu’ils étaient là. Partout. Pas menaçants mais oppressants. Tout autour d’elle. Ou qu’elle soit. Ou qu’elle regarde. Même en fermant les yeux. Même en…
… ouvrant les yeux. Noir. Noir avec une légère teinte verdâtre. Annabel tourna la tête vers son radio-réveil dont les LED vertes indiquaient deux heures du matin. Elle exhala un soupir soulagé. Un cauchemar. Etrange, certes, mais un simple cauchemar. Rassurée, la jeune femme se retourna, se blottit sous sa couverture et ferma les yeux.
Ils étaient là. Encore. Partout. Comme s’ils l’attendaient. En silence, sans bouger. Mais partout.
Quand Annabel ouvrit de nouveau les yeux, le réveil indiquait trois heures. Lorsqu’elle les referma, elle les retrouva. A quatre heures, la même chose. A cinq heures, la biologiste renonça. Elle repoussa ses couvertures, s’assit au bord de son lit et alluma la lumière. Elle se sentait épuisée, plus fatiguée que si elle avait passé une nuit blanche, mais elle ne tenta même pas de se rendormir. A la place, elle se leva, alla se passer un coup d’eau fraîche sur la figure pour se réveiller et s’habilla. Puisqu’elle ne dormait pas et qu’elle n’avait pas cours de la journée – heureusement, d’ailleurs, pas sûr qu’elle aurait réussi à ne pas s’emmêler la langue devant ses étudiants – autant rentabiliser son temps. L’aube n’allait plus tarder et, en l’attendant, elle aurait peut-être la chance d’observer des espèces nocturnes.
Vêtue d’un vieux jean, de ses baskets usées et d’un pull suffisamment chaud pour la saison et l’heure plus que matinale, la jeune femme fourra une bouteille d’eau et un paquet de biscuits dans son sac à dos, y ajouta appareil photo et carnet de croquis, et quitta discrètement le château. Non sans avoir fait un petit détour pour coller un petit post-it sur la porte des cuisines, histoire qu’on ne prenne pas la peine de la compter pour le petit-déjeuner ou le déjeuner. Elle irait squatter chez Kelly, ça lui donnerait une excuse pour aller l’aider le week-end prochain.
Une fois dehors, la jeune femme commença à respirer. Elle quittait l’ambiance oppressante et inhabituelle de son rêve pour retrouver ce qu’elle connaissait : la campagne autour de Dunwatch. Néanmoins, au fur et à mesure qu’elle avançait vers la forêt, son malaise s’accentuait au lieu de s’estomper. Elle les voyait à nouveau. Là. Et là. Et là encore. Silencieux. Immobiles. A peine visibles. Stupide ! Ce n’était que l’éclairage de la lune qui donnait un air fantomatique à tous les alentours. Déterminée à ne pas se laisser impressionnée par les restes d’un cauchemar idiot, Annabel continua sa marche, persuadée que l’exercice et le jour qui se lèverait bientôt finiraient pas chasser les dernières brumes de sommeil.
Mais non. Lorsqu’elle atteignit la forêt, dans la pénombre qui précédait l’aurore, rien n’avait changé. Ils étaient toujours là, à la lisière de son champ de vision, quelle que soit la direction dans laquelle elle regardait. Ils ne s’approchaient toujours pas, ne prononçaient pas un mot, ne produisaient pas un bruit et ne faisaient pas un mouvement. Ils étaient juste là. Et, au moment où elle se retrouva sous le couvert des arbres, Annabel comprit que c’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Elle venait juste de recréer son rêve. Sauf que, cette fois, elle était bien réveillée – le dos de sa main qu’elle venait de pincer le prouvait. Oppressée, la biologiste fit donc demi-tour au plus vite et put ainsi constater qu’ils ne s’opposaient pas à son passage. Ils ne s’écartaient pas vraiment devant elle, mais ils restaient toujours au bord de son champ de vision, jamais devant elle.
Une fois échappée du bois, elle songea à s’appuyer contre un arbre pour se reposer – jamais le trajet du château à la forêt ne lui avait semblé si fatigant – mais, à peine eut-elle effleuré le tronc, qu’ils semblèrent se rapprocher. Elle abandonna donc aussitôt l’idée et reprit sa marche. Sans réel but, cette fois. Elle s’efforçait juste de s’éloigner des bois et de les ignorer le plus possible, tandis que le ciel s’éclaircissait à l’est et que le soleil dardait peu à peu ses rayons sur la lande. Et Annabel dut se rendre à l’évidence. S’ils se glissaient partout à la lueur argentée de la lune, l’éclat du soleil ne les gênait pas non plus. Pourtant, elle était persuadée de n'avoir rien bu ou mangé d'hallucinogène. De deux choses l’une donc : soit elle était devenue folle, soit elle était si fatiguée qu’elle arrivait à dormir debout et en marchant. Des sortes de mini-phases de sommeil paradoxal au milieu d’un état de veille. C’était moins inquiétant qu’une maladie mentale, certes, mais ça n’augurait pas forcément bien de la suite : après tout, ça ne faisait même pas un mois qu’elle avait commencé à travailler !
La biologiste en était là de ses réflexions quand elle atteignit l’extrémité de la plage. Ca, c’était une bonne chose. Entre le soleil, le vent marins et les embruns salés, elle allait forcément se réveiller ! Et, effectivement, si elle se sentait de plus en plus lasse, elle les voyait de moins en moins. Marcher sur le sable gris parsemé de cailloux lui demandait un effort impensable mais ça en valait la peine. Au bout de quelques pas, ils avaient disparu. Soulagée d’un grand poids, Annabel sentit son malaise s’alléger et même une esquisse de sourire étirer ses lèvres. Elle en avait mis du temps à se réveiller, mais cette fois c’était bon. Elle avisa un petit rocher, au pied de la falaise, qui serait parfait pour qu’elle se pose enfin et avale un ou deux biscuits. Mais, dès qu’elle s’y assit, elle le vit. Il était seul, mais le doute n’était pas permis, c’était bien l’un d’eux.
Annabel se releva d’un bond et trébucha sur les quelques galets qui se trouvaient à ses pieds. Aussitôt, ils furent là, plus nombreux. A bout de nerfs, la jeune femme ferma les yeux, mais elle les devinait toujours. Et, quand elle rouvrit les paupières, en plus de les voir en bordure de son champ de vision, elle aperçut une autre silhouette au bord de l’eau. Plus tangible, elle. Réelle. Humaine. Reconnaissable.
Automatiquement, un sourire s’accrocha au visage de la biologiste, même s’il était probablement moins large et lumineux que d’ordinaire.
« Bonjour, Mr Culánn. »
Ils étaient là. Pas agressifs ni vraiment menaçants, juste là. Partout. Tout autour d’elle, où qu’elle se trouve. Elle n’était même pas certaine de l’endroit où elle se trouvait. La forêt peut-être. Non, elle en était sûre. Elle était en forêt. Sauf que rien ne lui permettait de l’objectiver. Si elle était entourée d’arbres, elle n’en devinait pas les silhouettes. Les seules formes autour d’elle, c’était eux. Elle ne voyait pas leurs visages, si tant est qu’ils en aient, elle distinguait plus ou moins leurs silhouettes, mais elle savait qu’ils étaient là. Partout. Pas menaçants mais oppressants. Tout autour d’elle. Ou qu’elle soit. Ou qu’elle regarde. Même en fermant les yeux. Même en…
… ouvrant les yeux. Noir. Noir avec une légère teinte verdâtre. Annabel tourna la tête vers son radio-réveil dont les LED vertes indiquaient deux heures du matin. Elle exhala un soupir soulagé. Un cauchemar. Etrange, certes, mais un simple cauchemar. Rassurée, la jeune femme se retourna, se blottit sous sa couverture et ferma les yeux.
Ils étaient là. Encore. Partout. Comme s’ils l’attendaient. En silence, sans bouger. Mais partout.
Quand Annabel ouvrit de nouveau les yeux, le réveil indiquait trois heures. Lorsqu’elle les referma, elle les retrouva. A quatre heures, la même chose. A cinq heures, la biologiste renonça. Elle repoussa ses couvertures, s’assit au bord de son lit et alluma la lumière. Elle se sentait épuisée, plus fatiguée que si elle avait passé une nuit blanche, mais elle ne tenta même pas de se rendormir. A la place, elle se leva, alla se passer un coup d’eau fraîche sur la figure pour se réveiller et s’habilla. Puisqu’elle ne dormait pas et qu’elle n’avait pas cours de la journée – heureusement, d’ailleurs, pas sûr qu’elle aurait réussi à ne pas s’emmêler la langue devant ses étudiants – autant rentabiliser son temps. L’aube n’allait plus tarder et, en l’attendant, elle aurait peut-être la chance d’observer des espèces nocturnes.
Vêtue d’un vieux jean, de ses baskets usées et d’un pull suffisamment chaud pour la saison et l’heure plus que matinale, la jeune femme fourra une bouteille d’eau et un paquet de biscuits dans son sac à dos, y ajouta appareil photo et carnet de croquis, et quitta discrètement le château. Non sans avoir fait un petit détour pour coller un petit post-it sur la porte des cuisines, histoire qu’on ne prenne pas la peine de la compter pour le petit-déjeuner ou le déjeuner. Elle irait squatter chez Kelly, ça lui donnerait une excuse pour aller l’aider le week-end prochain.
Une fois dehors, la jeune femme commença à respirer. Elle quittait l’ambiance oppressante et inhabituelle de son rêve pour retrouver ce qu’elle connaissait : la campagne autour de Dunwatch. Néanmoins, au fur et à mesure qu’elle avançait vers la forêt, son malaise s’accentuait au lieu de s’estomper. Elle les voyait à nouveau. Là. Et là. Et là encore. Silencieux. Immobiles. A peine visibles. Stupide ! Ce n’était que l’éclairage de la lune qui donnait un air fantomatique à tous les alentours. Déterminée à ne pas se laisser impressionnée par les restes d’un cauchemar idiot, Annabel continua sa marche, persuadée que l’exercice et le jour qui se lèverait bientôt finiraient pas chasser les dernières brumes de sommeil.
Mais non. Lorsqu’elle atteignit la forêt, dans la pénombre qui précédait l’aurore, rien n’avait changé. Ils étaient toujours là, à la lisière de son champ de vision, quelle que soit la direction dans laquelle elle regardait. Ils ne s’approchaient toujours pas, ne prononçaient pas un mot, ne produisaient pas un bruit et ne faisaient pas un mouvement. Ils étaient juste là. Et, au moment où elle se retrouva sous le couvert des arbres, Annabel comprit que c’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Elle venait juste de recréer son rêve. Sauf que, cette fois, elle était bien réveillée – le dos de sa main qu’elle venait de pincer le prouvait. Oppressée, la biologiste fit donc demi-tour au plus vite et put ainsi constater qu’ils ne s’opposaient pas à son passage. Ils ne s’écartaient pas vraiment devant elle, mais ils restaient toujours au bord de son champ de vision, jamais devant elle.
Une fois échappée du bois, elle songea à s’appuyer contre un arbre pour se reposer – jamais le trajet du château à la forêt ne lui avait semblé si fatigant – mais, à peine eut-elle effleuré le tronc, qu’ils semblèrent se rapprocher. Elle abandonna donc aussitôt l’idée et reprit sa marche. Sans réel but, cette fois. Elle s’efforçait juste de s’éloigner des bois et de les ignorer le plus possible, tandis que le ciel s’éclaircissait à l’est et que le soleil dardait peu à peu ses rayons sur la lande. Et Annabel dut se rendre à l’évidence. S’ils se glissaient partout à la lueur argentée de la lune, l’éclat du soleil ne les gênait pas non plus. Pourtant, elle était persuadée de n'avoir rien bu ou mangé d'hallucinogène. De deux choses l’une donc : soit elle était devenue folle, soit elle était si fatiguée qu’elle arrivait à dormir debout et en marchant. Des sortes de mini-phases de sommeil paradoxal au milieu d’un état de veille. C’était moins inquiétant qu’une maladie mentale, certes, mais ça n’augurait pas forcément bien de la suite : après tout, ça ne faisait même pas un mois qu’elle avait commencé à travailler !
La biologiste en était là de ses réflexions quand elle atteignit l’extrémité de la plage. Ca, c’était une bonne chose. Entre le soleil, le vent marins et les embruns salés, elle allait forcément se réveiller ! Et, effectivement, si elle se sentait de plus en plus lasse, elle les voyait de moins en moins. Marcher sur le sable gris parsemé de cailloux lui demandait un effort impensable mais ça en valait la peine. Au bout de quelques pas, ils avaient disparu. Soulagée d’un grand poids, Annabel sentit son malaise s’alléger et même une esquisse de sourire étirer ses lèvres. Elle en avait mis du temps à se réveiller, mais cette fois c’était bon. Elle avisa un petit rocher, au pied de la falaise, qui serait parfait pour qu’elle se pose enfin et avale un ou deux biscuits. Mais, dès qu’elle s’y assit, elle le vit. Il était seul, mais le doute n’était pas permis, c’était bien l’un d’eux.
Annabel se releva d’un bond et trébucha sur les quelques galets qui se trouvaient à ses pieds. Aussitôt, ils furent là, plus nombreux. A bout de nerfs, la jeune femme ferma les yeux, mais elle les devinait toujours. Et, quand elle rouvrit les paupières, en plus de les voir en bordure de son champ de vision, elle aperçut une autre silhouette au bord de l’eau. Plus tangible, elle. Réelle. Humaine. Reconnaissable.
Automatiquement, un sourire s’accrocha au visage de la biologiste, même s’il était probablement moins large et lumineux que d’ordinaire.
« Bonjour, Mr Culánn. »
Re: [Event] Ricochets
Pensif, il regarda le caillou couler droit, imaginant une longue descente dans les profondeurs de l’océan. C’était idiot. Et improductif vu qu’à cette distance le sol marin était à moins de deux mètres et qu’il avait probablement pied. C’était le genre de truc idiot qu’on faisait quand on ne voulait pas penser à l’évidence. Le lien manquait.
Ce n’était pas comme quand son frère se servait de son école pour « couper » le contact. Non. Dans ces cas là il y avait quelque chose à l’autre bout. Une fin de non recevoir un truc du genre. Et même le silence était celui de Toryn. Ce n’était pas non plus comme quand l’autre dormait. Ça, il en avait eu des communications avec le rêveur quand ils avaient 8 heures de décalages horaires. Plus jamais ça. Les rêves de son ombre n’étaient pas fait pour être partagés. Il plaignait par ailleurs les incubes et les succubes qui auraient l’envie farfelue de prendre le Directeur pour un buffet gastronomique. Là, c’était encore autre chose et la panique revenait par vague, menaçant de l’emporter contre la raison.
Il lança un autre cailloux, sans rien tenter cette fois, pour évacuer la frustration qui le gagnait. Son esprit montait des plans farfelus pour rejoindre son frère. Utiliser l’illusion pour se rendre invisible sous prétexte qu’il connaissait assez bien les alentours pour pouvoir les projeter. Tenter une téléportation. Demander à Amerawdwr. La plus stupide de toutes les options, l’Empereur n’étant pas assez stable pour jouer sans garde-fou quand bien même il serait invocable.
Un voix le tira de ses pensées. Il fit un sourire, chaleureux, sincère, couvrant l’orage de ses pensées mais se grisant rapidement tandis qu’il examinait le visage du Professeur. Elle était pâle. Son sourire encore moins réel que d’habitude (la faire « sourire pour de vrai » étant devenu l’un de ses grands jeux). Il en oublia immédiatement son frère et ses farces stupides, sa colère et son ressentiment. L’angoisse était toujours là. Il y tenait à son ombre mais il refusait de montrer qu’une inquiétude aussi stupide puisse le toucher. Sûrement que s’il était arrivé quelque chose à son jumeau, il l’aurait su. Alors que là, il était arrivé quelque chose à la jeune femme. C’était visible. C’était certain. C’était concret. Ça allait lui changer les idées.
« Bonjour Annabel. Vous avez une mine affreuse. Qu’est ce qui ne va pas ? On dirait que vous avez vu un fantôme… »
Comme souvent avec elle, il n’avait pas varié son intonation, laissant son visage montrer la sollicitude qu’il éprouvait pour elle (et pour son frère qu’il n’arrivait pas à oublier ne serait-ce qu’un quart de seconde). Il s’avança vers elle et lui tendit la main, dans l’espoir de la faire s’asseoir sur un rocher pas trop pointu non loin. Les hypothèses se bousculaient dans son esprit. Un vrai fantôme du château avait pu venir l’ennuyer. Un élève avait pu lui faire une farce. Une mauvaise farce d’un ténébreux quelconque. Elatha aurait outrepassé ses droits et se serait offert une orgie déstabilisante pour un mortel. Toryn avait décidé de vraiment lui pourrir la journée et se serait amusé à manipuler la jeune femme. Il y avait beaucoup de raisons possibles et même certaines plus mortelles comme une maladie quelconque, une mauvaise nuit, une mauvaise nouvelle sur un proche… Il espérait que la raison soit magique. Il n’était pas très bon pour rassurer les mortelles sur les problèmes liés à leur condition.
Ce n’était pas comme quand son frère se servait de son école pour « couper » le contact. Non. Dans ces cas là il y avait quelque chose à l’autre bout. Une fin de non recevoir un truc du genre. Et même le silence était celui de Toryn. Ce n’était pas non plus comme quand l’autre dormait. Ça, il en avait eu des communications avec le rêveur quand ils avaient 8 heures de décalages horaires. Plus jamais ça. Les rêves de son ombre n’étaient pas fait pour être partagés. Il plaignait par ailleurs les incubes et les succubes qui auraient l’envie farfelue de prendre le Directeur pour un buffet gastronomique. Là, c’était encore autre chose et la panique revenait par vague, menaçant de l’emporter contre la raison.
Il lança un autre cailloux, sans rien tenter cette fois, pour évacuer la frustration qui le gagnait. Son esprit montait des plans farfelus pour rejoindre son frère. Utiliser l’illusion pour se rendre invisible sous prétexte qu’il connaissait assez bien les alentours pour pouvoir les projeter. Tenter une téléportation. Demander à Amerawdwr. La plus stupide de toutes les options, l’Empereur n’étant pas assez stable pour jouer sans garde-fou quand bien même il serait invocable.
Un voix le tira de ses pensées. Il fit un sourire, chaleureux, sincère, couvrant l’orage de ses pensées mais se grisant rapidement tandis qu’il examinait le visage du Professeur. Elle était pâle. Son sourire encore moins réel que d’habitude (la faire « sourire pour de vrai » étant devenu l’un de ses grands jeux). Il en oublia immédiatement son frère et ses farces stupides, sa colère et son ressentiment. L’angoisse était toujours là. Il y tenait à son ombre mais il refusait de montrer qu’une inquiétude aussi stupide puisse le toucher. Sûrement que s’il était arrivé quelque chose à son jumeau, il l’aurait su. Alors que là, il était arrivé quelque chose à la jeune femme. C’était visible. C’était certain. C’était concret. Ça allait lui changer les idées.
« Bonjour Annabel. Vous avez une mine affreuse. Qu’est ce qui ne va pas ? On dirait que vous avez vu un fantôme… »
Comme souvent avec elle, il n’avait pas varié son intonation, laissant son visage montrer la sollicitude qu’il éprouvait pour elle (et pour son frère qu’il n’arrivait pas à oublier ne serait-ce qu’un quart de seconde). Il s’avança vers elle et lui tendit la main, dans l’espoir de la faire s’asseoir sur un rocher pas trop pointu non loin. Les hypothèses se bousculaient dans son esprit. Un vrai fantôme du château avait pu venir l’ennuyer. Un élève avait pu lui faire une farce. Une mauvaise farce d’un ténébreux quelconque. Elatha aurait outrepassé ses droits et se serait offert une orgie déstabilisante pour un mortel. Toryn avait décidé de vraiment lui pourrir la journée et se serait amusé à manipuler la jeune femme. Il y avait beaucoup de raisons possibles et même certaines plus mortelles comme une maladie quelconque, une mauvaise nuit, une mauvaise nouvelle sur un proche… Il espérait que la raison soit magique. Il n’était pas très bon pour rassurer les mortelles sur les problèmes liés à leur condition.
Re: [Event] Ricochets
En temps normal, l'accueil réservé par Mr Culánn n'aurait pas manqué de la faire vraiment sourire. Peut-être aurait-il même fait naître un bref et léger éclat de rire, non seulement parce qu'il la saluait par son prénom, mais surtout en réponse à sa plaisanterie. Les fantômes n'existaient pas. De cela, Annabel ne doutait pas. Le problème, c'était qu'elle les voyait. Bon, rien ne disait qu'ils étaient bien des fantômes mais, étant donné que ces dernier n'existaient pas et qu'ils n'étaient pas réels non plus, leur nom n'avait finalement que peu d'importance. Ce qui importait, c’était qu’elle les voyait alors qu’ils n’existaient pas. Donc qu’elle était folle. Ou qu’elle avait des hallucinations, sans raison, ce qui revenait à peu près au même.
Mais ce n’était pas la peine d’embêter son interlocuteur avec ça. Il y avait des médecins dont c’était le métier, après tout. Et, en tant que Directeur, il avait probablement d’autres choses en tête. Dans le but de rendre sa mine moins « affreuse », la biologiste tâcha donc d’offrir un sourire plus convaincant à son interlocuteur – la dernière fois qu’elle avait dû forcer sur ses zygomatiques, ça devait être lorsqu’elle avait dû faire bonne figure pendant un orage – mais ne put s’empêcher de prendre la main qu’il lui tendait. Ou plutôt, de s’y accrocher. Il fallait dire que, contrairement à eux, la main de Mr Culánn était vivante. Chaude. Réelle. Il était juste devant elle, face à elle, et pas à la limite de son champ de vision. Mais elle avait beau visser son regard à ses yeux verts, ils étaient toujours là, dans le coin. Elle ne pouvait pas distinguer leurs yeux, mais elle savait qu’ils l’observaient.
« Tout va bien, répondit néanmoins la jeune femme sans se départir de son sourire. J’ai mal dormi, je suis juste un peu fatiguée. »
Complètement épuisée aurait sans doute été plus juste, étant donné qu’elle était déjà fatiguée en se levant et qu’elle ne s’était pas vraiment arrêtée et n’avait rien avalé depuis. Les biscuits étaient toujours dans son sac et ce n’était pas l’envie d’en grignoter un ou deux qui lui avait fait défaut mais plutôt l’occasion. Ils étaient toujours là mais devenaient plus présents dès qu’elle avait le malheur de s’appuyer contre un arbre ou de vouloir s’asseoir sur une souche. Même le rocher ne faisait pas exception alors qu’ils avaient disparu quelques instants avant qu'elle essaie de s'y poser.
Mais elle ne pouvait pas expliquer ça à son interlocuteur. Il n’avait pas besoin de savoir qu’elle avait des hallucinations. Quoique… Annabel n’y connaissait rien en maladies mentales, mais elle savait que certaines pouvaient dégénérer. Et elle travaillait avec de nombreux collègues. Avec des enfants, même, qui plus est. Est-ce qu’elle ne risquait pas de mettre les enfants en danger en n’en parlant pas à son employeur ? Sentant la panique monter, la biologiste s’efforça de se raisonner. Une maladie, quelle qu’elle soit, ne s'aggravait pas du jour au lendemain. Et, pour le moment, ils ne semblaient pas menaçants. Il y avait donc peu de chance qu’elle se mette à attaquer les gens qui l’entouraient d’un instant à l’autre. Si elle allait voir un psy rapidement, elle saurait de quoi il retournait et peut-être qu’un simple traitement règlerait le problème. Pas la peine d’inquiéter son vis-à-vis avec ça pour le moment, donc. Pas la peine non plus de trop s’en inquiéter pour l’instant. Elle n’avait qu’à essayer de se concentrer sur autre chose que leur présence. Sur celle de Mr Culánn, par exemple.
Se faisant, Annabel réalisa enfin la façon dont elle s’accrochait aux doigts du Directeur. Elle desserra aussitôt sa prise, de sorte qu’il puisse reprendre sa main s’il le souhaitait, mais sans pour autant retirer la sienne. Le contact rendait la présence de l’homme plus tangible et éloignait ses pensées des autres. En temps normal, elle n’avait déjà rien contre la proximité de Toryn mais, en l’occurrence, elle n’en était que plus appréciable.
« Vous vous promeniez au bord de l’eau ? – pour quelle autre raison se serait-il trouvé là, sinon ? – Ne vous arrêtez pas pour moi… Je peux peut-être me joindre à vous ? »
Rien que l’idée l’épuisait. Mais marcher sur le sable avait déjà réussi à les repousser une fois. Peut-être que ça fonctionnerait de nouveau. Sans compter que, s’il n’y avait pas de raison que Mr Culánn change ses projets, elle n’avait, elle, aucune envie de lâcher la main qu’elle tenait.
Mais ce n’était pas la peine d’embêter son interlocuteur avec ça. Il y avait des médecins dont c’était le métier, après tout. Et, en tant que Directeur, il avait probablement d’autres choses en tête. Dans le but de rendre sa mine moins « affreuse », la biologiste tâcha donc d’offrir un sourire plus convaincant à son interlocuteur – la dernière fois qu’elle avait dû forcer sur ses zygomatiques, ça devait être lorsqu’elle avait dû faire bonne figure pendant un orage – mais ne put s’empêcher de prendre la main qu’il lui tendait. Ou plutôt, de s’y accrocher. Il fallait dire que, contrairement à eux, la main de Mr Culánn était vivante. Chaude. Réelle. Il était juste devant elle, face à elle, et pas à la limite de son champ de vision. Mais elle avait beau visser son regard à ses yeux verts, ils étaient toujours là, dans le coin. Elle ne pouvait pas distinguer leurs yeux, mais elle savait qu’ils l’observaient.
« Tout va bien, répondit néanmoins la jeune femme sans se départir de son sourire. J’ai mal dormi, je suis juste un peu fatiguée. »
Complètement épuisée aurait sans doute été plus juste, étant donné qu’elle était déjà fatiguée en se levant et qu’elle ne s’était pas vraiment arrêtée et n’avait rien avalé depuis. Les biscuits étaient toujours dans son sac et ce n’était pas l’envie d’en grignoter un ou deux qui lui avait fait défaut mais plutôt l’occasion. Ils étaient toujours là mais devenaient plus présents dès qu’elle avait le malheur de s’appuyer contre un arbre ou de vouloir s’asseoir sur une souche. Même le rocher ne faisait pas exception alors qu’ils avaient disparu quelques instants avant qu'elle essaie de s'y poser.
Mais elle ne pouvait pas expliquer ça à son interlocuteur. Il n’avait pas besoin de savoir qu’elle avait des hallucinations. Quoique… Annabel n’y connaissait rien en maladies mentales, mais elle savait que certaines pouvaient dégénérer. Et elle travaillait avec de nombreux collègues. Avec des enfants, même, qui plus est. Est-ce qu’elle ne risquait pas de mettre les enfants en danger en n’en parlant pas à son employeur ? Sentant la panique monter, la biologiste s’efforça de se raisonner. Une maladie, quelle qu’elle soit, ne s'aggravait pas du jour au lendemain. Et, pour le moment, ils ne semblaient pas menaçants. Il y avait donc peu de chance qu’elle se mette à attaquer les gens qui l’entouraient d’un instant à l’autre. Si elle allait voir un psy rapidement, elle saurait de quoi il retournait et peut-être qu’un simple traitement règlerait le problème. Pas la peine d’inquiéter son vis-à-vis avec ça pour le moment, donc. Pas la peine non plus de trop s’en inquiéter pour l’instant. Elle n’avait qu’à essayer de se concentrer sur autre chose que leur présence. Sur celle de Mr Culánn, par exemple.
Se faisant, Annabel réalisa enfin la façon dont elle s’accrochait aux doigts du Directeur. Elle desserra aussitôt sa prise, de sorte qu’il puisse reprendre sa main s’il le souhaitait, mais sans pour autant retirer la sienne. Le contact rendait la présence de l’homme plus tangible et éloignait ses pensées des autres. En temps normal, elle n’avait déjà rien contre la proximité de Toryn mais, en l’occurrence, elle n’en était que plus appréciable.
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