Dans l'antre du dragon
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Dans l'antre du dragon
Pas de fantômes. A moins qu’ils n’attendent la rentrée ou la Toussaint pour se déclarer. Pas de fantôme et ce n’était de toute façon pas un temps à spectre. Il faisait très beau. Presque chaud selon les standards du pays. Ca allait être comme ça toute la semaine et, à la télé, ils avaient commencé à parler de canicule.
Le beau temps faisait plaisir au Petit Peuple des Bois, de ce qu’il avait lu et il aurait très bien pu surmonter le soleil et s’éclipser dans les congères s’il n’avait pas été puni, déjà, pour il ne savait plus quelle raison. Et, en lieu et place des fougères, il était condamné aux étagères. Celles du CDI pour être exactes. Alors que TOUS ses camarades, il en était persuadé, faisaient la bringue sur les pelouses. Que les quelques restant dans le château occupaient les salles informatiques ou squattaient les chambres des autres. C’était injuste, quelque part. Et en même temps ironique car s’il n’avait jamais été dans ses habitudes de traîner dans les antres du non-savoir et de la littérature classique, il aimait bien lire. Des contes. Des livres pour enfant. Des traités très sérieux de grands enfants, voire même, parfois, ceux doucement condescendants d’adultes pensant rire mais soulevant des points très intéressant.
Comment élever un dragon. Est-ce que le rire des fées ressemble à une clochette. Le muguet est-il un symbole ou un poison. Quel avenir est promis au Petit Peuple avec l’expansion des grandes gens. Peut-il s’adapter au monde moderne. Quelle est l’éthique à avoir entre deux télépathes. Ce genre de questions là, passionnantes, aux implications morales, citoyennes et pratiques. Qu’on ne trouvait donc jamais en CDI. Pas même derrière les revues chiantes vous expliquant la mort d’un soleil sans y voir l’infinie tristesse qui y demeurent.
Mairsil traînait les pieds, frottant ses sandales contre la pierre du couloir. Evitant les tapis, par jeu. S’enfonçant de plus en plus dans les méandres du château, derrière un escalier. Il vit l’ourlet de son jean se déplier sur ses pieds, haussant les épaules à la remarque imaginaire de sa mère sur sa tenue. Si elle le voyait, en T-shirt vert délavé et son vieux jean noir fétiche dont même les poches étaient usées… il avait même pas enlevé son collier de vacances avec ses amulettes dessus. Ou son bracelet brésilien que lui avait offert une fille avant les vacances d’été. Celui grâce auquel il s’était cru spécial pendant deux jours avant de se rendre compte qu’elle les avait achetés tous faits et distribués à la moitié du lycée. Même les couleurs étaient moches. Mais l’enlever avant que les nœuds cassent portait malheur. Et les casser exprès en mettant le poignet dans l’eau salé puis l’exposant au soleil pour rendre le fil cassant était de la triche.
Centre de Documentation et d'Information - le Documentaliste, Dampierre de Maupertuis - vous prie de bien vouloir fermer vos gueule
La plaque surmontait une porte en bois à deux battants, et le mur était en briques, rouges à défaut d’être jaunes mais avec le nom, il était possible que le gars ne soit pas au courant de la Route. Il passa la main dans ses cheveux, ne réussissant qu’à les ébouriffer un peu plus. Il poussa la porte dans un murmure.
« Ca aurait été mieux si « vos gueules » avait été rouge. Au moins, ça aurait été drôle. »
Il s’arrêta après le portique, regardant autour de lui à la recherche d’un type – il n’en savait pas plus – qui avait vaguement une gueule à avoir un nom à particule pas anglaise. Un lord ou un Sir. Vieux. Avec des lunettes. Mais qui parlait argot. L’image mentale d’une sorte de Mousquetaire avec une casquette à l’envers et un monocle lui traversa l’esprit. Il du prendre sur lui pour ne pas s’enfuir en courant. Et puis comment on appelait un documentaliste hein ? Il n’était pas professeur. Il était plus que pion quand même. Et son nom était trop casse-gueule pour qu’il ose tenter de le prononcer.
Le beau temps faisait plaisir au Petit Peuple des Bois, de ce qu’il avait lu et il aurait très bien pu surmonter le soleil et s’éclipser dans les congères s’il n’avait pas été puni, déjà, pour il ne savait plus quelle raison. Et, en lieu et place des fougères, il était condamné aux étagères. Celles du CDI pour être exactes. Alors que TOUS ses camarades, il en était persuadé, faisaient la bringue sur les pelouses. Que les quelques restant dans le château occupaient les salles informatiques ou squattaient les chambres des autres. C’était injuste, quelque part. Et en même temps ironique car s’il n’avait jamais été dans ses habitudes de traîner dans les antres du non-savoir et de la littérature classique, il aimait bien lire. Des contes. Des livres pour enfant. Des traités très sérieux de grands enfants, voire même, parfois, ceux doucement condescendants d’adultes pensant rire mais soulevant des points très intéressant.
Comment élever un dragon. Est-ce que le rire des fées ressemble à une clochette. Le muguet est-il un symbole ou un poison. Quel avenir est promis au Petit Peuple avec l’expansion des grandes gens. Peut-il s’adapter au monde moderne. Quelle est l’éthique à avoir entre deux télépathes. Ce genre de questions là, passionnantes, aux implications morales, citoyennes et pratiques. Qu’on ne trouvait donc jamais en CDI. Pas même derrière les revues chiantes vous expliquant la mort d’un soleil sans y voir l’infinie tristesse qui y demeurent.
Mairsil traînait les pieds, frottant ses sandales contre la pierre du couloir. Evitant les tapis, par jeu. S’enfonçant de plus en plus dans les méandres du château, derrière un escalier. Il vit l’ourlet de son jean se déplier sur ses pieds, haussant les épaules à la remarque imaginaire de sa mère sur sa tenue. Si elle le voyait, en T-shirt vert délavé et son vieux jean noir fétiche dont même les poches étaient usées… il avait même pas enlevé son collier de vacances avec ses amulettes dessus. Ou son bracelet brésilien que lui avait offert une fille avant les vacances d’été. Celui grâce auquel il s’était cru spécial pendant deux jours avant de se rendre compte qu’elle les avait achetés tous faits et distribués à la moitié du lycée. Même les couleurs étaient moches. Mais l’enlever avant que les nœuds cassent portait malheur. Et les casser exprès en mettant le poignet dans l’eau salé puis l’exposant au soleil pour rendre le fil cassant était de la triche.
Centre de Documentation et d'Information - le Documentaliste, Dampierre de Maupertuis - vous prie de bien vouloir fermer vos gueule
La plaque surmontait une porte en bois à deux battants, et le mur était en briques, rouges à défaut d’être jaunes mais avec le nom, il était possible que le gars ne soit pas au courant de la Route. Il passa la main dans ses cheveux, ne réussissant qu’à les ébouriffer un peu plus. Il poussa la porte dans un murmure.
« Ca aurait été mieux si « vos gueules » avait été rouge. Au moins, ça aurait été drôle. »
Il s’arrêta après le portique, regardant autour de lui à la recherche d’un type – il n’en savait pas plus – qui avait vaguement une gueule à avoir un nom à particule pas anglaise. Un lord ou un Sir. Vieux. Avec des lunettes. Mais qui parlait argot. L’image mentale d’une sorte de Mousquetaire avec une casquette à l’envers et un monocle lui traversa l’esprit. Il du prendre sur lui pour ne pas s’enfuir en courant. Et puis comment on appelait un documentaliste hein ? Il n’était pas professeur. Il était plus que pion quand même. Et son nom était trop casse-gueule pour qu’il ose tenter de le prononcer.
Mairsil S. Annraoi- Cocheur de Fées
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Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 29
Habitat : Dans les nuages
Clubs : Biologie (Musique ?)
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Ecole: Buissonnière
Alignement: Neutre strict (Druide Humain lvl 2)
Majeure/Mineure: Lettre/Sciences
Re: Dans l'antre du dragon
Il avait essayé. Dieu - ou à défaut, le Directeur Culánn, qui était encore à son sens ce qui s'en approchait le plus ces derniers temps - savait qu'il avait essayé. Pour tout bien faire, il avait même fait ça de nuit, et recruté sa secrétaire pour l'aider avec les volumes les plus... délicats. Elle avait râlé, bien entendu, mais elle s'était surtout exécutée. Elle n'avait pas mis longtemps à comprendre que les ouvrages qui devaient, après inventaire, être rangés dans les 'Archives', avaient beaucoup en commun avec ceux parmi lesquels elle vivait. De ce que Dampierre en avait compris, elle avait tenté de le convaincre de rapatrier tous ces ouvrages vers sa Bibliothèque à lui, mais il avait refusé, pour deux raisons. La première, c'était qu'il ne comprenait que la moitié de ce qu'elle baragouinait, et que du coup, pour autant qu'il sache, elle avait réclamé un cappuccino. Il n'allait pas prendre de risque à ce niveau. La deuxième, c'était qu'il pensait - qu'il espérait, surtout - que ce Toryn Culánn savait ce qu'il faisait. Dampierre lui-même avait la seule charge des Archives, et la seule clé qui y menait. Son rôle à cet égard était à peu près le même que son rôle de Gardien, mais à une échelle plus réduite. Comme pour la bibliothèque municipale et le CDI. Tout pareil, mais plus petit. Et puis, il y aurait des Enchanteurs dans cette école. Ils avaient bien droit à des ouvrages spécialisés d'accès facile. C'est à lui qu'il appartiendrait de savoir si un élève pouvait accéder aux archives ou non. Il avait déjà trouvé une astuce à ce niveau. Il faudrait une autorisation écrite du Directeur pour ôter un quelconque ouvrage des Archives. A lui de faire le tri entre les élèves magiques ou pas.
Mais bref, voilà. L'inventaire n'était pas fait. Le magique, oui. Mais le normal... Celui-là avait pris du retard. Le fait d'avoir dû trier les livres avant même de les classer y était pour quelque chose, il le savait. Et il aurait, de fait, bientôt fini. Il avait néanmoins demandé de l'aide. Informellement, bien entendu. Selon l'accord passé, le premier élève digne d'une heure de colle, voire même d'un simple avertissement, écoperait en lieu et place d'une après-midi de rangement et d'inventoriage. Ça forge le caractère, l'inventoriage. En plus de ranger les livres. Et donc, il ne fut pas tellement surpris d'entendre la porte s'ouvrir. Au pire, si ce n'était pas son puni, ça le deviendrait bien assez tôt. Qui que soit l'élève ayant passé son seuil, il l'aiderait à ranger. Point. D'autant qu'en tendant l'oreille après avoir entendu la porte, il put discerner le mot 'drôle'. Oooh, quoi ? La plaque était drôle ? Ou bien la situation ne l'était pas ? Peu importait. Les deux étaient raisons suffisantes pour le recruter. D'autant qu'au lever du soleil, Tinker était bien entendu repartie, et qu'il était seul.
" Répète ça, pour voir ? "
Il surgit d'entre deux rayons, pour constater que le gamin avait à peine passé le portique soit-disant antivol. Il le regarda de haut en bas, d'un œil critique. Le gamin était soit un Enchanteur, soit un génie, pour être aussi mal habillé dans une école aussi prestigieuse que Toryn la vendait. Il lui sourit.
" Qu'est-ce qui est drôle ? "
Il avait envie de savoir, vraiment. Mais il faisait attention à poser la question d'une façon qui laisse penser qu'il savait déjà la réponse. Ainsi, le gamin n'oserait peut-être pas lui mentir, et se répéterait. Dampierre aurait aussi pu lui prétendre qu'il pouvait dire ce qu'il voulait sans rien avoir à craindre en matière de représailles, mais d'une part c'était faux - s'il n'avait pas été envoyé par un superviseur, Dampierre avait encore besoin d'une excuse pour le faire trimer -, et d'autre part le gamin ne l'aurait sûrement pas cru. C'était la chose intelligente à faire. Dampierre, dans la même situation, ne se serait pas cru. Ce documentaliste fou qui surgissait d'entre les rayons, après tout, ne devait pas inspirer la plus grande confiance.
Mais ce n'était pas grave. La confiance, ça viendrait. Avec l'usage.
Mais bref, voilà. L'inventaire n'était pas fait. Le magique, oui. Mais le normal... Celui-là avait pris du retard. Le fait d'avoir dû trier les livres avant même de les classer y était pour quelque chose, il le savait. Et il aurait, de fait, bientôt fini. Il avait néanmoins demandé de l'aide. Informellement, bien entendu. Selon l'accord passé, le premier élève digne d'une heure de colle, voire même d'un simple avertissement, écoperait en lieu et place d'une après-midi de rangement et d'inventoriage. Ça forge le caractère, l'inventoriage. En plus de ranger les livres. Et donc, il ne fut pas tellement surpris d'entendre la porte s'ouvrir. Au pire, si ce n'était pas son puni, ça le deviendrait bien assez tôt. Qui que soit l'élève ayant passé son seuil, il l'aiderait à ranger. Point. D'autant qu'en tendant l'oreille après avoir entendu la porte, il put discerner le mot 'drôle'. Oooh, quoi ? La plaque était drôle ? Ou bien la situation ne l'était pas ? Peu importait. Les deux étaient raisons suffisantes pour le recruter. D'autant qu'au lever du soleil, Tinker était bien entendu repartie, et qu'il était seul.
" Répète ça, pour voir ? "
Il surgit d'entre deux rayons, pour constater que le gamin avait à peine passé le portique soit-disant antivol. Il le regarda de haut en bas, d'un œil critique. Le gamin était soit un Enchanteur, soit un génie, pour être aussi mal habillé dans une école aussi prestigieuse que Toryn la vendait. Il lui sourit.
" Qu'est-ce qui est drôle ? "
Il avait envie de savoir, vraiment. Mais il faisait attention à poser la question d'une façon qui laisse penser qu'il savait déjà la réponse. Ainsi, le gamin n'oserait peut-être pas lui mentir, et se répéterait. Dampierre aurait aussi pu lui prétendre qu'il pouvait dire ce qu'il voulait sans rien avoir à craindre en matière de représailles, mais d'une part c'était faux - s'il n'avait pas été envoyé par un superviseur, Dampierre avait encore besoin d'une excuse pour le faire trimer -, et d'autre part le gamin ne l'aurait sûrement pas cru. C'était la chose intelligente à faire. Dampierre, dans la même situation, ne se serait pas cru. Ce documentaliste fou qui surgissait d'entre les rayons, après tout, ne devait pas inspirer la plus grande confiance.
Mais ce n'était pas grave. La confiance, ça viendrait. Avec l'usage.
Dampierre de Maupertuis- Croquemitaine en gants blancs
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Re: Dans l'antre du dragon
« Le...ça...ça...euh...ce serait plus drôle....avec « vos gueule »...en rouge...c'est...c'est un jeu de mot....parce que...gueule...en héraldique...ben...ça veut dire...rouge....euh...voilà...et les briques...les briques seraient mieux...jaunes...parce que...la route...de brique jaune ? Dans...le...magicien d'oz ? Euh... le musical... ? Le...euh...spectacle... ? »
Il avait baissé les yeux évidemment, sur l'ourlet défait sur ses chaussures et il ne se sentait plus si sûr de lui quant à sa tenue, écusson en velcro ou pas collé sur son T-shirt. Il leva un peu les yeux, par dessous, voyant une peau claire, des yeux bleus et un visage trop jeune malgré la mèche blanche. Il avait un accent français cependant. Un truc terrible qui ne prononçait pas les lettres de la bonne façon et traînait les phrases plutôt que de mettre le bon ton sur la bonne lettre. Alors, tout rouge encore, il se dit qu'il devait montrer ce qu'était la fierté écossaise ou tout du moins son courage. Il leva les yeux et s'efforça à continuer avant qu'il ne puisse l'interrompre.
« Vous...vous êtes le gars de la pancarte ? Monsieure de Mahaupertouhisse. »
Il n'était pas vieux pourtant. Il n'était pas Mousquetaire. Il n'avait même pas de moustache et encore moins une casquette à l'envers. Il avait juste une mèche blanche. Ce qui était bizarre mais pas assez pour avoir le droit de demander. Et il n'avait pas l'air content du tout. Peut-être parce qu'il souriait. C'était étrange cette sensation. Il rebaissa les yeux. Le peuple écossais était fier, comme dans Braveheart mais lui ne l'était pas assez pour soulever sa jupe au passage de l'étranger, d'autant plus qu'il n'en avait pas, de jupe, pas plus qu'il n'avait le physique de Kevin Costner. Jeune. Evidemment.
Enchanté de faire votre connaissance. On m'a dit de vous aider aujourd'hui. Pour l'inventaire. C'est bien vous n'est-ce pas ? Je ne vous ai pas laissé répondre. Je suis désolé. »
Fallait vraiment qu'il en finisse avec cette manie. Pas de s'excuser, ça il s'en fichait. Mais de tirer des conclusions hâtive et puis agir comme si c'était vraiment le cas. C'était comme couper les gens quand on avait comprit la phrase et pas quand ils avaient fini. C'était mal pris. Et on se fichait qu'il ait souvent raison. S'il refaisait ça, on allait le renvoyer à Edimbourg aussi sec. Dans sa prison de béton. Il ne voulait pas. Pas. Pas.
Bien décidé à suivre ses propres résolution, il fit taire ses autres questions et ses peurs pour regarder autour de lui. C'était grand. Et vide. Vide de gens. Mais rempli de livres. Et de souris dans les plinthes si les Culánn avaient fait les choses bien, comme ils le faisaient toujours. Il imaginait les trous et le fromage.
« Vous aimez les chats ? »
Il redevint pivoine, immédiatement. Il ne savait même pas s'il avait interrompu quelque chose ou pas. Il n'écoutait pas. Il s'était perdu dans le monde des rongeurs, de l'encre et du vieux parchemin. Y avait-il de la magie dans ces mots ? Peut-être que si c'était à lui d'aider. Peut-être qu'il pourrait trouver les vrais livres. Ceux qui sentaient le cuir aux symboles abstraits et aux gravures d'un homme au nom de métal. Enfin ça, c'est s'il ne se faisait pas virer tout de suite, voire punir de sa punition pour insolence. C'était fou ce que les profs prenaient pour de l'insolence. Parfois le simple fait de dire une vérité. Sans penser à mal ni rien. N'empêche, il avait beau ne pas être totalement prof, le français libraire – on disait qu'ils avaient changé la signification de Librairie juste pour rendre les gens confus- on ne le reprendrait pas à dire « désolé monsieur j'écoutais pas ». Plus jamais jamais.
[HJ : Italique en français!]
Il avait baissé les yeux évidemment, sur l'ourlet défait sur ses chaussures et il ne se sentait plus si sûr de lui quant à sa tenue, écusson en velcro ou pas collé sur son T-shirt. Il leva un peu les yeux, par dessous, voyant une peau claire, des yeux bleus et un visage trop jeune malgré la mèche blanche. Il avait un accent français cependant. Un truc terrible qui ne prononçait pas les lettres de la bonne façon et traînait les phrases plutôt que de mettre le bon ton sur la bonne lettre. Alors, tout rouge encore, il se dit qu'il devait montrer ce qu'était la fierté écossaise ou tout du moins son courage. Il leva les yeux et s'efforça à continuer avant qu'il ne puisse l'interrompre.
« Vous...vous êtes le gars de la pancarte ? Monsieure de Mahaupertouhisse. »
Il n'était pas vieux pourtant. Il n'était pas Mousquetaire. Il n'avait même pas de moustache et encore moins une casquette à l'envers. Il avait juste une mèche blanche. Ce qui était bizarre mais pas assez pour avoir le droit de demander. Et il n'avait pas l'air content du tout. Peut-être parce qu'il souriait. C'était étrange cette sensation. Il rebaissa les yeux. Le peuple écossais était fier, comme dans Braveheart mais lui ne l'était pas assez pour soulever sa jupe au passage de l'étranger, d'autant plus qu'il n'en avait pas, de jupe, pas plus qu'il n'avait le physique de Kevin Costner. Jeune. Evidemment.
Enchanté de faire votre connaissance. On m'a dit de vous aider aujourd'hui. Pour l'inventaire. C'est bien vous n'est-ce pas ? Je ne vous ai pas laissé répondre. Je suis désolé. »
Fallait vraiment qu'il en finisse avec cette manie. Pas de s'excuser, ça il s'en fichait. Mais de tirer des conclusions hâtive et puis agir comme si c'était vraiment le cas. C'était comme couper les gens quand on avait comprit la phrase et pas quand ils avaient fini. C'était mal pris. Et on se fichait qu'il ait souvent raison. S'il refaisait ça, on allait le renvoyer à Edimbourg aussi sec. Dans sa prison de béton. Il ne voulait pas. Pas. Pas.
Bien décidé à suivre ses propres résolution, il fit taire ses autres questions et ses peurs pour regarder autour de lui. C'était grand. Et vide. Vide de gens. Mais rempli de livres. Et de souris dans les plinthes si les Culánn avaient fait les choses bien, comme ils le faisaient toujours. Il imaginait les trous et le fromage.
« Vous aimez les chats ? »
Il redevint pivoine, immédiatement. Il ne savait même pas s'il avait interrompu quelque chose ou pas. Il n'écoutait pas. Il s'était perdu dans le monde des rongeurs, de l'encre et du vieux parchemin. Y avait-il de la magie dans ces mots ? Peut-être que si c'était à lui d'aider. Peut-être qu'il pourrait trouver les vrais livres. Ceux qui sentaient le cuir aux symboles abstraits et aux gravures d'un homme au nom de métal. Enfin ça, c'est s'il ne se faisait pas virer tout de suite, voire punir de sa punition pour insolence. C'était fou ce que les profs prenaient pour de l'insolence. Parfois le simple fait de dire une vérité. Sans penser à mal ni rien. N'empêche, il avait beau ne pas être totalement prof, le français libraire – on disait qu'ils avaient changé la signification de Librairie juste pour rendre les gens confus- on ne le reprendrait pas à dire « désolé monsieur j'écoutais pas ». Plus jamais jamais.
[HJ : Italique en français!]
Mairsil S. Annraoi- Cocheur de Fées
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Re: Dans l'antre du dragon
Il l'écouta. Avec une patience infinie, lui semblait-il, tandis qu'il se décidait, à force d'hésitations et de balbutiements, à cracher sa pilule. Ça énervait Dampierre, au plus haut point. Le gamin n'était pas exactement lâche, non. Pour Dampierre, c'était bien parce qu'il était terrifié de sa connerie qu'il hésitait autant, mais il fallait du courage pour se forcer tout de même à répéter. Et ce courage, il l'avait. Tout comme il avait eu celui de grommeler son commentaire à voix haute en entrant. Ou alors, c'était de la stupidité. Dans tous les cas, il semblait avoir du mal à assumer. Et pour Dampierre, c'était ça plus que tout qui était grave. Lorsqu'il eut fini, achevant son pathétique discours sur un commentaire sur le Magicien d'Oz qui fit lever les yeux de Dampierre au ciel, ce dernier remarqua qu'il se regardait les chaussures. Le Documentaliste retint un soupir et s'apprêtait à commenter lorsque le gamin se redressa, complètement écarlate, et enchaîna, presque comme si de rien n'était. Définitivement pas un lâche. Mais pas courageux non plus. Encore un truc simple, allez.
La question lui fit soulever les deux sourcils d'un coup. Qu'est-ce que c'était que cet accent de merde ? C'était pourtant pas compliqué à prononcer, "Maupertuis". Il avait l'impression de revoir la comédie musicale des Misérables, avec tous ces gens incapables de prononcer correctement "Mr le Maire". Il n'avait jamais réussi à déterminer s'ils mettaient un accent bizarre sur les mots en cherchant à le prononcer dans un français qui se voulait parfait, ou s'ils disaient "Mayor" mais avec leur idée de ce qu'était l'accent français. Un truc franchement ignoble, une horreur qu'il espérait ne plus jamais subir. Et voilà que venait... qui d'ailleurs ? Il ne s'était même pas nommé, le con ! Pour la peine, il lui ferait chanter Les Misérables. Juste pour voir comment il prononcerait "Mr le Maire". Une fois de plus, il s'apprêtait à faire une remarque lorsque le gamin reprit la parole. Il avait un grave, très grave problème de timing, celui-là.
Il sentit ses épaules s'affaisser tandis qu'il s'entendait se faire saluer en français dans ce qui était, oui, pas de doute, un accent ignoble. Il aurait pu grincer des dents, mais le gamin avait annoncé la couleur en écorchant son nom. Et puis, il savait qu'il n'avait maintenant d'autre choix que de s'y habituer. Ce gamin ne serait ni le premier, ni le dernier. Mais la suite était intéressante. C'était bien lui qu'on lui avait envoyé. Plus besoin de chercher une excuse pour le punir. Enfin, pour lui coller cette punition-la, toujours. Et il avait le bon sens de vérifier qu'il était au bon endroit. Et de s'excuser pour son débit. Mais toujours pas de se présenter. Tant pis. On ne pouvait clairement pas tout avoir. Il se gratta la tête, et attendit un instant, voir si l'autre allait encore reprendre la parole. Il l'avait entendu prendre la parole trois fois, maintenant, et ses deux interruptions avaient eu lieux au même moment. Dampierre pouvait estimer ce timing. Une fois passé, il cru qu'il pouvait enfin répondre au gamin.
" Bon. En premier lieu-- "
Quelle naïveté.
Vint alors la question sur les chats. Pouf, comme ça, de nulle part. Une question sur les chats en plus. Posée à froid, sans provocation aucune. Mais qu'avait-il fait pour mériter ça ? Sérieusement ? Il n'avait aucun mal à concevoir ce que le gamin avait fait pour mériter de se retrouver dans cette salle, bien sûr, mais lui, Dampierre, qu'avait-il fait pour mériter un calvaire pareil ? Qui avait-il emmerdé parmi la piétaille insignifiante du Château ? Personne, il en était sûr. Était-ce le Directeur lui-même qui lui avait envoyé le gamin ? Il en serait bien capable... Le salopard. Dampierre soupira, pour de bon cette fois, et posa sa main sur l'épaule du gamin, qu'il attrapa. Rapidement un peu violemment. Pour être sûr qu'il comprenne bien que maintenant, il se la fermait et il écoutait.
" BON, disais-je, EN PREMIER LIEU : je suis bien Mr de Maupertuis, ou Mr le Documentaliste. Si tu ne peux pas prononcer mon nom, abstiens-toi, je me sentirai bien moins insulté. Toi, tu ne m'as pas donné ton nom. C'est le comble de l'impolitesse. Tu seras puni pour tes péchés : je ne veux pas savoir ton nom. Tu seras 'Gamin' lorsque je serai de bonne humeur. Tu sauras rapidement si je suis de mauvaise humeur. Compris ? "
Il desserra un peu sa prise sur l'épaule du gamin. Il le patpatait presque, maintenant.
" Ta plaisanterie n'est pas mauvaise, mais c'est un miracle que je l'ai comprise étant donné que tu bégayais à un volume particulièrement bas. Et tant que tu te tiens dans un établissement de Culture ou à défaut une pièce remplie de livres, tu me fais le plaisir de citer les œuvres originales. Dans le cas présent, pour la Route de Briques Jaunes, le livre de Baum. Est-ce que c'est clair ? Si je te parle d'un roman, ou que je te demande de ranger un livre, je ne veux pas de commentaire du style 'Ah oui, j'ai vu le film' ! Ce n'est autorisé que si le livre indique 'Novélisation' sur la couverture, ce qui signifie que le film est venu en premier. C'est également autorisé dans le cas de Star Wars. Mais c'est spécial, Star Wars. Nous sommes d'accord ? "
Il le lâcha complètement, cette fois, et l'étudia de haut en bas, avant de finalement hocher la tête. Il savait que le peu de règlement vestimentaire était ici respecté, en quelque sorte, avec l'écusson brodé, mais il espérait tout de même que ça s'améliore avec la rentrée. Il ne voulait pas avoir fait le trajet jusqu'ici pour ne pas voir des élèves humiliés dans un authentique uniforme scolaire anglais.
" Bien. Sur ce, commençons. Tu vois le tas de livres en vrac sur la malheureuse table là-bas ? Tu vas les trier par genre. En général, c'est assez évident en observant les indices subtiles déposés sur la couverture - dragons pour l'heroic-fantasy, étoiles pour la SF, cadavres pour les polars, etc - mais il te faudra parfois lire la quatrième de couverture pour être sûr de ton coup. Et méfie-toi des auteurs, certains passent allègrement de la SF à la Fantasy et inversement sans aucun égard pour nous autres. Tu me fais de piles, et ensuite tu les ranges dans les étagères que tu peux voir là-bas, étiquetées par genres et pratiquement vides. Puis, tu vides sur la table une étagère pleine et pas étiquetée, et tu recommences. Simple, non ? "
Il lui avait désigné du doigt un tas informe de bouquins qu'il venait de faire en débarrassant une étagère conformément à sa dernière consigne. Certains étaient tombés par terre. Il lui donna une petite claque sur l'épaule, pour le lancer, et se dirigea vers son propre foutoir qu'il avait commencer à faire, mais au sol, sur un tapis nouvellement propre.
" Ah, et je suis ouvert à la discussion pendant le travail, c'est vrai que c'est plus agréable, mais il faut que ce que tu dises ait un sens. C'est quoi cette histoire de chat ? "
Ça l'intriguait, après tout. Il était sûr qu'il y avait là un connecteur logique que le gamin utilisait mais ne partageait pas.
Radin d'écossais.
La question lui fit soulever les deux sourcils d'un coup. Qu'est-ce que c'était que cet accent de merde ? C'était pourtant pas compliqué à prononcer, "Maupertuis". Il avait l'impression de revoir la comédie musicale des Misérables, avec tous ces gens incapables de prononcer correctement "Mr le Maire". Il n'avait jamais réussi à déterminer s'ils mettaient un accent bizarre sur les mots en cherchant à le prononcer dans un français qui se voulait parfait, ou s'ils disaient "Mayor" mais avec leur idée de ce qu'était l'accent français. Un truc franchement ignoble, une horreur qu'il espérait ne plus jamais subir. Et voilà que venait... qui d'ailleurs ? Il ne s'était même pas nommé, le con ! Pour la peine, il lui ferait chanter Les Misérables. Juste pour voir comment il prononcerait "Mr le Maire". Une fois de plus, il s'apprêtait à faire une remarque lorsque le gamin reprit la parole. Il avait un grave, très grave problème de timing, celui-là.
Il sentit ses épaules s'affaisser tandis qu'il s'entendait se faire saluer en français dans ce qui était, oui, pas de doute, un accent ignoble. Il aurait pu grincer des dents, mais le gamin avait annoncé la couleur en écorchant son nom. Et puis, il savait qu'il n'avait maintenant d'autre choix que de s'y habituer. Ce gamin ne serait ni le premier, ni le dernier. Mais la suite était intéressante. C'était bien lui qu'on lui avait envoyé. Plus besoin de chercher une excuse pour le punir. Enfin, pour lui coller cette punition-la, toujours. Et il avait le bon sens de vérifier qu'il était au bon endroit. Et de s'excuser pour son débit. Mais toujours pas de se présenter. Tant pis. On ne pouvait clairement pas tout avoir. Il se gratta la tête, et attendit un instant, voir si l'autre allait encore reprendre la parole. Il l'avait entendu prendre la parole trois fois, maintenant, et ses deux interruptions avaient eu lieux au même moment. Dampierre pouvait estimer ce timing. Une fois passé, il cru qu'il pouvait enfin répondre au gamin.
" Bon. En premier lieu-- "
Quelle naïveté.
Vint alors la question sur les chats. Pouf, comme ça, de nulle part. Une question sur les chats en plus. Posée à froid, sans provocation aucune. Mais qu'avait-il fait pour mériter ça ? Sérieusement ? Il n'avait aucun mal à concevoir ce que le gamin avait fait pour mériter de se retrouver dans cette salle, bien sûr, mais lui, Dampierre, qu'avait-il fait pour mériter un calvaire pareil ? Qui avait-il emmerdé parmi la piétaille insignifiante du Château ? Personne, il en était sûr. Était-ce le Directeur lui-même qui lui avait envoyé le gamin ? Il en serait bien capable... Le salopard. Dampierre soupira, pour de bon cette fois, et posa sa main sur l'épaule du gamin, qu'il attrapa. Rapidement un peu violemment. Pour être sûr qu'il comprenne bien que maintenant, il se la fermait et il écoutait.
" BON, disais-je, EN PREMIER LIEU : je suis bien Mr de Maupertuis, ou Mr le Documentaliste. Si tu ne peux pas prononcer mon nom, abstiens-toi, je me sentirai bien moins insulté. Toi, tu ne m'as pas donné ton nom. C'est le comble de l'impolitesse. Tu seras puni pour tes péchés : je ne veux pas savoir ton nom. Tu seras 'Gamin' lorsque je serai de bonne humeur. Tu sauras rapidement si je suis de mauvaise humeur. Compris ? "
Il desserra un peu sa prise sur l'épaule du gamin. Il le patpatait presque, maintenant.
" Ta plaisanterie n'est pas mauvaise, mais c'est un miracle que je l'ai comprise étant donné que tu bégayais à un volume particulièrement bas. Et tant que tu te tiens dans un établissement de Culture ou à défaut une pièce remplie de livres, tu me fais le plaisir de citer les œuvres originales. Dans le cas présent, pour la Route de Briques Jaunes, le livre de Baum. Est-ce que c'est clair ? Si je te parle d'un roman, ou que je te demande de ranger un livre, je ne veux pas de commentaire du style 'Ah oui, j'ai vu le film' ! Ce n'est autorisé que si le livre indique 'Novélisation' sur la couverture, ce qui signifie que le film est venu en premier. C'est également autorisé dans le cas de Star Wars. Mais c'est spécial, Star Wars. Nous sommes d'accord ? "
Il le lâcha complètement, cette fois, et l'étudia de haut en bas, avant de finalement hocher la tête. Il savait que le peu de règlement vestimentaire était ici respecté, en quelque sorte, avec l'écusson brodé, mais il espérait tout de même que ça s'améliore avec la rentrée. Il ne voulait pas avoir fait le trajet jusqu'ici pour ne pas voir des élèves humiliés dans un authentique uniforme scolaire anglais.
" Bien. Sur ce, commençons. Tu vois le tas de livres en vrac sur la malheureuse table là-bas ? Tu vas les trier par genre. En général, c'est assez évident en observant les indices subtiles déposés sur la couverture - dragons pour l'heroic-fantasy, étoiles pour la SF, cadavres pour les polars, etc - mais il te faudra parfois lire la quatrième de couverture pour être sûr de ton coup. Et méfie-toi des auteurs, certains passent allègrement de la SF à la Fantasy et inversement sans aucun égard pour nous autres. Tu me fais de piles, et ensuite tu les ranges dans les étagères que tu peux voir là-bas, étiquetées par genres et pratiquement vides. Puis, tu vides sur la table une étagère pleine et pas étiquetée, et tu recommences. Simple, non ? "
Il lui avait désigné du doigt un tas informe de bouquins qu'il venait de faire en débarrassant une étagère conformément à sa dernière consigne. Certains étaient tombés par terre. Il lui donna une petite claque sur l'épaule, pour le lancer, et se dirigea vers son propre foutoir qu'il avait commencer à faire, mais au sol, sur un tapis nouvellement propre.
" Ah, et je suis ouvert à la discussion pendant le travail, c'est vrai que c'est plus agréable, mais il faut que ce que tu dises ait un sens. C'est quoi cette histoire de chat ? "
Ça l'intriguait, après tout. Il était sûr qu'il y avait là un connecteur logique que le gamin utilisait mais ne partageait pas.
Radin d'écossais.
Dampierre de Maupertuis- Croquemitaine en gants blancs
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Ecole: Culánn
Alignement: Neutre
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Re: Dans l'antre du dragon
Et voilà, comme d'habitude, comme c'était prévisible, il se fit attraper. Ça lui arrivait tout le temps. Le truc différent cette fois c'est que c'était au sens propre et il ne put retenir une sorte de jappement mêlé de glapissement, ou le bruit que faisait le renard là et qui ne lui revenait pas. Il tenta bien de se redresser, réflexe, mais, manque de bol, le gars faisait la même taille que lui. Ces français, tous des géants à force de bouffer de la grenouille. Et il insistait en plus, avec son accent. Il avait du l'interrompre sans faire exprès. Pour se faire pardonner, il se concentra sur les consignes.
C'était lui, c'était déjà ça, il n'avait pas insulté sans faire exprès un gars aléatoire. Bon. Et il n'avait visiblement pas bien prononcé le nom alors ce serait Monsieur tout court parce que le titre, il était long quand même. Quant à se faire appeler Gamin, même si la remarque sur l'impolitesse le fit rougir de quelques teintes, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il aimait bien. Ça faisait presque affectueux quelque part. C'était mieux que son prénom de fille tout moche. Gamin. C'était parfait. Mais il n'allait sûrement pas se montrer satisfait ou on allait le lui enlever. Regarder ses pieds en laissant son épaule se faire malmener était beaucoup plus constructif. Même si pas vraiment mais ses options n'étaient pas faramineuses.
Il hocha la tête. Fallait toujours hocher la tête quand la question « compris » revenait dans la conversation. Il failli même ouvrir la bouche pour confirmer avec des mots, d'autant plus qu'on le relâchait et qu'on le flattait (comme un brave canasson) mais l'autre reprit et il se félicita pour sa retenue. Un peu plus et il l'aurait interrompu, encore. Et il ne voulait pas vraiment savoir comment on l'appelait quand « on » était de mauvaise humeur aussi c'était pour le mieux. N'empêche, il ne savait pas que le « Magicien d'Oz » était un livre avant. Il faudrait qu'il le lise. Il était curieux à présent. Toto était-il autre chose qu'un roquet ? L'émerveillement était-il le même avec les mots en plus des images ? Comment le livre faisait-il le contraste noir et blanc et technicolor ? En même temps, il notait les consignes. Donc un livre est l’œuvre de base sauf s'il y avait écrit « Novelisation » dessus. Qu'est ce que c'était moche ce mot, novélisation. On n'avait pas idée d'inventer des mots pareils. Et pour Star Wars, qui était différent. Il hocha la tête. Il n'était pas un fan invétéré du genre des geeks de Big Bang Théorie mais il était d'accord, Star Wars était différent.
Ce second hochement fut un sésame. On le lâcha totalement. Une petite voix qui n'avait pas forcément totalement tort lui conseilla de prendre ses jambes à son cou, quitte à être collé trois semaines mais la curiosité induite par les connaissances du blond était plus grande encore. Il voulait entendre parler de livres merveilleux. Il lui semblait que le français avait tout lu. Savait tout. Comme un vieux sage de conte sous une enveloppe jeune. Peut-être était-il un test. Une vieille femme des histoires russes avec son fagot sur le dos, là pour chercher un cœur pur sous les vêtements riches des fils d'Ivan. Peut-être qu'il n'avait pas d'âge. Peut-être qu'il avait la connaissance universelle. Peut-être était-il une farce. Ou peut-être était-il juste un adulte irascible et désagréable comme on le pensait au premier abord. Mais c'était bien moins intéressant de suivre cette hypothèse.
Par contre, il ne pouvait toujours pas parler puisque venait l'heure des instructions. Bon. Ça avait pas l'air trop chiant. Y avait juste deux ou trois trucs qui le gênaient mais il le dirait plus tard, quand il serait plus sûr de ne pas l'interrompre et de réveiller le dragon. Et puis, il savait ce qu'il voulait dire avec les auteurs qui changeaient. C'était comme Orson Scott Card qui était un auteur qu'il aimait bien mais dont on classait les œuvres n'importe comment. Au final, ce qu'il faisait, l'auteur, et malgré sa réputation affreuse, c'était de la philosophie. Mais les gens classaient la série Ender en SF et Alvin en Fantasy – alors qu'Alvin c'était réel, il suffisait de le lire pour s'en rendre compte puisque même les accents étaient forcément bons- et l'Oiseau Chanteur qui était soit-disant de la science fiction alors que pas du tout, suffisait de lire le livre. C'était une sacré responsabilité qu'on lui confiait là. Il ne dit donc rien et se rendit à la table pour commencer son labeur. En silence et traînant un peu les pieds, parce que là, tout de suite, il avait envie de relire ce chef d'oeuvre qu'était l'histoire horrible mais si éprouvante d'Ansset. Le blond s'assit de son côté sur un tapis, et, joie ultime, l'autorisa à discuter, lançant le premier sujet. Il baissa les yeux. Il ne devait pas bégayer. Il était con mais il avait bien comprit que le Documentaliste n'aimait pas ça. Donc. Expliquer ses associations d'idées. C'était encore un défi facile. Pffffff. Ce qu'il détestait l'école...
« C'est parce que c'est une bibliothèque ici. Un « temple de la Culture » comme vous avez dit. Bon, vous avez dit établissement, et c'était après, mais je le sens comme ça aussi. Je suis sûr qu'il y a des tas de vieux livre avec la colle qui sèche, le papier à l'odeur de poussière et les reliures en cuir. Des vrais livres, pas des poches moches. »
Il leva l'ouvrage qu'il avait dans la main avec un dédain adolescent puis le posa dans la pile correspondante et reprit.
« Et je me suis demandé s'il y avait des souris dans les plinthes. Dans un vieux bâtiment comme ça puis avec des livres et tout. Y en avait une dans ma maison quand j'étais petit. On ne la voyait pas souvent, elle était genre derrière les bibliothèques. Mais on l'entendait la nuit. Avec mon frère, on l'avait appelée Jerry. Elle est restée tout l'hiver mais elle a disparu au printemps. Mais bon, du coup, comme j'ai pensé aux souris, je me suis dit qu'un chat, ce serait plus agréable que de mettre de la mort aux rats partout. Et puis ça pourrait faire une mascotte. Et je crois que j'ai vu un enfin je pense pas que ce serait difficile à trouver mais avant tout, comme c'est un peu chez vous quelque part, je me demandais si vous aimiez les chats. Comme un temple doit avoir des animaux totems vous voyez. Sacrés. Protecteurs et tout. Vous aimez les chats, du coup, Monsieur le Documentaliste ? »
Il leva les yeux, juste le temps de répéter sa question, puis les rebaissa bien vite, se passant la langue sur les lèvres, retenant une autre question, bien plus importante. Enfouissant sa main droite dans sa poche de jean, il tripota une pièce qui y traînait. Questionner ou faire preuve d'initiative ? Mais s'il l'ouvrait maintenant, à tous les coups, il allait interrompre le français...encore. Et, curieusement, il n'avait pas envie. Plus parce qu'il avait peur mais parce que sa réponse l'intéressait. Avoir un chat en ces lieux de science... ce serait cool, non ?
C'était lui, c'était déjà ça, il n'avait pas insulté sans faire exprès un gars aléatoire. Bon. Et il n'avait visiblement pas bien prononcé le nom alors ce serait Monsieur tout court parce que le titre, il était long quand même. Quant à se faire appeler Gamin, même si la remarque sur l'impolitesse le fit rougir de quelques teintes, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il aimait bien. Ça faisait presque affectueux quelque part. C'était mieux que son prénom de fille tout moche. Gamin. C'était parfait. Mais il n'allait sûrement pas se montrer satisfait ou on allait le lui enlever. Regarder ses pieds en laissant son épaule se faire malmener était beaucoup plus constructif. Même si pas vraiment mais ses options n'étaient pas faramineuses.
Il hocha la tête. Fallait toujours hocher la tête quand la question « compris » revenait dans la conversation. Il failli même ouvrir la bouche pour confirmer avec des mots, d'autant plus qu'on le relâchait et qu'on le flattait (comme un brave canasson) mais l'autre reprit et il se félicita pour sa retenue. Un peu plus et il l'aurait interrompu, encore. Et il ne voulait pas vraiment savoir comment on l'appelait quand « on » était de mauvaise humeur aussi c'était pour le mieux. N'empêche, il ne savait pas que le « Magicien d'Oz » était un livre avant. Il faudrait qu'il le lise. Il était curieux à présent. Toto était-il autre chose qu'un roquet ? L'émerveillement était-il le même avec les mots en plus des images ? Comment le livre faisait-il le contraste noir et blanc et technicolor ? En même temps, il notait les consignes. Donc un livre est l’œuvre de base sauf s'il y avait écrit « Novelisation » dessus. Qu'est ce que c'était moche ce mot, novélisation. On n'avait pas idée d'inventer des mots pareils. Et pour Star Wars, qui était différent. Il hocha la tête. Il n'était pas un fan invétéré du genre des geeks de Big Bang Théorie mais il était d'accord, Star Wars était différent.
Ce second hochement fut un sésame. On le lâcha totalement. Une petite voix qui n'avait pas forcément totalement tort lui conseilla de prendre ses jambes à son cou, quitte à être collé trois semaines mais la curiosité induite par les connaissances du blond était plus grande encore. Il voulait entendre parler de livres merveilleux. Il lui semblait que le français avait tout lu. Savait tout. Comme un vieux sage de conte sous une enveloppe jeune. Peut-être était-il un test. Une vieille femme des histoires russes avec son fagot sur le dos, là pour chercher un cœur pur sous les vêtements riches des fils d'Ivan. Peut-être qu'il n'avait pas d'âge. Peut-être qu'il avait la connaissance universelle. Peut-être était-il une farce. Ou peut-être était-il juste un adulte irascible et désagréable comme on le pensait au premier abord. Mais c'était bien moins intéressant de suivre cette hypothèse.
Par contre, il ne pouvait toujours pas parler puisque venait l'heure des instructions. Bon. Ça avait pas l'air trop chiant. Y avait juste deux ou trois trucs qui le gênaient mais il le dirait plus tard, quand il serait plus sûr de ne pas l'interrompre et de réveiller le dragon. Et puis, il savait ce qu'il voulait dire avec les auteurs qui changeaient. C'était comme Orson Scott Card qui était un auteur qu'il aimait bien mais dont on classait les œuvres n'importe comment. Au final, ce qu'il faisait, l'auteur, et malgré sa réputation affreuse, c'était de la philosophie. Mais les gens classaient la série Ender en SF et Alvin en Fantasy – alors qu'Alvin c'était réel, il suffisait de le lire pour s'en rendre compte puisque même les accents étaient forcément bons- et l'Oiseau Chanteur qui était soit-disant de la science fiction alors que pas du tout, suffisait de lire le livre. C'était une sacré responsabilité qu'on lui confiait là. Il ne dit donc rien et se rendit à la table pour commencer son labeur. En silence et traînant un peu les pieds, parce que là, tout de suite, il avait envie de relire ce chef d'oeuvre qu'était l'histoire horrible mais si éprouvante d'Ansset. Le blond s'assit de son côté sur un tapis, et, joie ultime, l'autorisa à discuter, lançant le premier sujet. Il baissa les yeux. Il ne devait pas bégayer. Il était con mais il avait bien comprit que le Documentaliste n'aimait pas ça. Donc. Expliquer ses associations d'idées. C'était encore un défi facile. Pffffff. Ce qu'il détestait l'école...
« C'est parce que c'est une bibliothèque ici. Un « temple de la Culture » comme vous avez dit. Bon, vous avez dit établissement, et c'était après, mais je le sens comme ça aussi. Je suis sûr qu'il y a des tas de vieux livre avec la colle qui sèche, le papier à l'odeur de poussière et les reliures en cuir. Des vrais livres, pas des poches moches. »
Il leva l'ouvrage qu'il avait dans la main avec un dédain adolescent puis le posa dans la pile correspondante et reprit.
« Et je me suis demandé s'il y avait des souris dans les plinthes. Dans un vieux bâtiment comme ça puis avec des livres et tout. Y en avait une dans ma maison quand j'étais petit. On ne la voyait pas souvent, elle était genre derrière les bibliothèques. Mais on l'entendait la nuit. Avec mon frère, on l'avait appelée Jerry. Elle est restée tout l'hiver mais elle a disparu au printemps. Mais bon, du coup, comme j'ai pensé aux souris, je me suis dit qu'un chat, ce serait plus agréable que de mettre de la mort aux rats partout. Et puis ça pourrait faire une mascotte. Et je crois que j'ai vu un enfin je pense pas que ce serait difficile à trouver mais avant tout, comme c'est un peu chez vous quelque part, je me demandais si vous aimiez les chats. Comme un temple doit avoir des animaux totems vous voyez. Sacrés. Protecteurs et tout. Vous aimez les chats, du coup, Monsieur le Documentaliste ? »
Il leva les yeux, juste le temps de répéter sa question, puis les rebaissa bien vite, se passant la langue sur les lèvres, retenant une autre question, bien plus importante. Enfouissant sa main droite dans sa poche de jean, il tripota une pièce qui y traînait. Questionner ou faire preuve d'initiative ? Mais s'il l'ouvrait maintenant, à tous les coups, il allait interrompre le français...encore. Et, curieusement, il n'avait pas envie. Plus parce qu'il avait peur mais parce que sa réponse l'intéressait. Avoir un chat en ces lieux de science... ce serait cool, non ?
Mairsil S. Annraoi- Cocheur de Fées
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Re: Dans l'antre du dragon
Le glapissement surprit Dampierre, qui failli sursauter mais se retint à temps. Au moins, les exactions du gamin s'arrêtèrent là et il pu continuer son petit discours dans un silence relatif. Le petit n'aimait vraiment pas la présence de sa main sur son épaule, réalisa-t-il non sans un certain sadisme, voire un sadisme certain. Sadisme qui se transforma en un léger agacement en voyant le petit le regarder droit dans les chaussures plutôt que droit dans les yeux, hochant la tête mais ne montrant en aucun cas qu'il avait compris ou même qu'il écoutait, juste qu'il se soumettait, pliant tel le jonc sous la tempête en attendant qu'elle passe et que le chêne voisin se fasse déraciner. De la résistance passive, en quelque sorte. Dampierre détestait la résistance passive. Il avait toujours été plutôt actif. Pervers, parfois, subtil, souvent, mesquin, terriblement, mais jamais passif. Il n'y avait rien de passif à faire grincer un violon ou casser une assiette en cristal. Sale gosse. Il lui tapait sur le système. Réalisant que ce comportement indigne était peut-être dû à l'oppressante main sur son épaule, il le relâcha. La situation sembla s'améliorer, juste un peu, pendant qu'il lui expliquait les consignes à respecter pour le rangement de livre qui allait suivre et qui allait être leur lot jusqu'au repas. Et le gamin de se rendre à son poste, à regret semblait-il, mais il y allait, et il commença à travailler. Dampierre alla faire de même, dans son coin.
Et le gamin lui répondit, et il commença par froncer les sourcils, en lui tournant le dos, concentré sur sa tâche. Il ne voyait toujours pas le rapport entre le chat et le Temple de la Culture. Il nota au passage que la notion de Temple était venue naturellement au gamin, et il ne put retenir un sourire. Un gamin - aussi crétin et exaspérant soit-il - qui avait du respect pour les livres ne pouvait être complètement mauvais. Il y avait forcément, définitivement, quelque chose à en tirer. Peut-être qu'il le reverrait régulièrement, et qu'ils deviendraient les meilleurs amis, discutant littérature et auteurs préférés. On pouvait toujours rêver. Peut-être aussi que, dégoûté par l'attitude déplorable de ce salopard d'adulte qui osait donner des consignes précises, il ne le reverrait plus jamais au CDI. Mais à la bibliothèque du village. Ce serait drôle, ça encore. En attendant, il poursuivait sur les livres reliés cuir, à la colle, avec un vieux papier qui était poussiéreux non pas parce qu'il était mal entretenu, mais parce qu'il générait sa propre poussière de nulle part. Il tourna la tête et vit, à travers une étagère vide, le dédain qui s'affichait sur son visage tandis qu'il soulevait ce qu'il appelait un "poche moche". Pas de chance pour lui, on ne prêtait pas un vrai livre à un élève, dans aucun établissement scolaire. Pour la simple et bonne raison qu'on ne lui faisait pas confiance pour rendre le livre intact. Et qu'un poche était infiniment plus facile à remplacer, même si certains d'entre eux restaient plus compliqués que d'autres. Il avait déjà été confronté à des livres dont l'impression était arrêtée. Des poches, moches, mais extrêmement rares et précieux. Paradoxe.
Et le gamin en venait aux souris. La remarque était intelligente. Il y en avait effectivement souvent dans les plinthes, et surtout dans les bâtiments de la sorte. Et pourtant, il n'avait pas vu l'ombre d'une queue, entendu le plus petit couinement. Il avait vu autre chose, pourtant, juste au coin de son œil, et Tinker avait pratiquement confirmé en éludant la question la nuit précédente. Un sortilège avait été lancé sur la pièce, probablement pour tenir les rongeurs à l'écart. Probablement que le Directeur Toryn s'était fait la même réflexion. Un sortilège similaire existait dans les tréfonds de la Bibliothèque, et s'étendait au bâtiment plus mortel situé juste au-dessus, mais ça, il avait fini par comprendre que les livres l'avait lancé eux-même. Une mesure de protection, en quelque sorte. Le Darwinisme appliqué aux ouvrages magiques. Le pire dans l'affaire restant que Dampierre n'avait même pas la force d'être étonné. Depuis qu'il avait commencé à se lancer dans la vie active, une seule et unique chose l'avait étonné. Et ce n'était pas ça. Ce n'était même pas les tunnels sous Dunwatch. Il s'était attendu à les trouver, eux. On l'avait prévenu de l'interconnectivité des Bibliothèques. Une mesure de sauvegarde, là encore, apparemment. La Bibliothèque d'Alexandrie, après tout, aurait survécu à l'incendie si elle avait été dotée de tunnels menant au Caire, à Rome, et au Parthénon. Au hasard.
Il médita tout de même sur l'idée du chat et de l'animal totem, protecteur, sacré. Après tout, la Bibliothèque avait bien Tinker. Le raisonnement, du coup, se tenait. Le CDI ne méritait rien de plus classieux qu'un chat. C'était dommage, d'ailleurs, quelque part, étant donné que Dampierre avait toujours voulu avoir son propre dragon domestique. Mais dans un Temple de la Culture, avec tout ce beau papier sec partout... trop dangereux. Un chat, du coup. Pourquoi pas. Les animaux domestiques étaient normalement interdits, mais Dampierre était à peu près sûr que si le chat représentait une alternative à expliquer aux mortels du coin qu'un sortilège avait été jeté sur le CDI, il obtiendrait gain de cause. Le respect du secret était sacré, dans le coin. Il sourit en entendant la dernière question se répéter. Il tourna la tête vers le gamin, et fronça les sourcils en le voyant se lécher les babines à travers les étagères. Est-ce qu'il voulait savoir si Dampierre aimait les chats en sauce ? Non, il devait se faire des idées. Détournant la tête, il se redressa, une pile de livres dans les bras, et commença à les ranger à leur place.
" Je n'ai rien de particulier contre les chats. Rien de particulier pour, non plus, remarque. Ce sont des animaux très intéressants, très intelligents, et très indépendants. On dit plus souvent que le chat a un Maître que l'inverse. Le Maître a rarement un chat, finalement. Il a un animal qui estime plus simple de venir manger chez lui que d'aller chasser. Les chats sont des feignasses, des loques modernes, mais par choix. Et certains, les plus malins, ont gardé la possibilité de faire un autre choix si le besoin devait s'en faire sentir. Mais je n'ai rien contre un feignasse de plus ou de moins au sein de cette École. Par contre, les animaux domestiques sont, par principes, interdits. A voir, donc, si je peux avoir une dérogation anti-rongeurs. "
Il se retourna vers le jeune et lui sourit.
" Merci pour l'idée, en tous cas, Gamin. Je l'aurai sûrement eu par moi-même, mais après que des souris se soient attaqué à un livre. Mieux vaut prévenir que guérir, après tout. "
Il finit de ranger sa pile de livres et se pencha par terre pour en saisir une qui devait aller de l'autre côté. Une excuse parfaite pour voir son travail de plus près, au Gamin. Il alla donc le voir et posa la pile sur un coin miraculeusement vierge de la table.
" Voilà une pile déjà triée. Tu t'en sors, toi ? Si tu vois des livres dont le genre ne correspond à aucune étagère étiquetée dans ta section, c'est même crime, même punition. Tu me les amènes. Sans hésiter. "
Il inspecta avec une discrétion mesurée les piles faites par le Gamin, comme s'il en cherchait une qui, justement, lui correspondait. Dans les faits, il se contentait surtout de chercher une erreur de classement. Si le gamin était à moitié aussi cultivé et respectueux des livres qu'il le prétendait, il ferait sûrement des erreurs. Parce qu'il serait trop intelligent pour son propre bien.
Et le gamin lui répondit, et il commença par froncer les sourcils, en lui tournant le dos, concentré sur sa tâche. Il ne voyait toujours pas le rapport entre le chat et le Temple de la Culture. Il nota au passage que la notion de Temple était venue naturellement au gamin, et il ne put retenir un sourire. Un gamin - aussi crétin et exaspérant soit-il - qui avait du respect pour les livres ne pouvait être complètement mauvais. Il y avait forcément, définitivement, quelque chose à en tirer. Peut-être qu'il le reverrait régulièrement, et qu'ils deviendraient les meilleurs amis, discutant littérature et auteurs préférés. On pouvait toujours rêver. Peut-être aussi que, dégoûté par l'attitude déplorable de ce salopard d'adulte qui osait donner des consignes précises, il ne le reverrait plus jamais au CDI. Mais à la bibliothèque du village. Ce serait drôle, ça encore. En attendant, il poursuivait sur les livres reliés cuir, à la colle, avec un vieux papier qui était poussiéreux non pas parce qu'il était mal entretenu, mais parce qu'il générait sa propre poussière de nulle part. Il tourna la tête et vit, à travers une étagère vide, le dédain qui s'affichait sur son visage tandis qu'il soulevait ce qu'il appelait un "poche moche". Pas de chance pour lui, on ne prêtait pas un vrai livre à un élève, dans aucun établissement scolaire. Pour la simple et bonne raison qu'on ne lui faisait pas confiance pour rendre le livre intact. Et qu'un poche était infiniment plus facile à remplacer, même si certains d'entre eux restaient plus compliqués que d'autres. Il avait déjà été confronté à des livres dont l'impression était arrêtée. Des poches, moches, mais extrêmement rares et précieux. Paradoxe.
Et le gamin en venait aux souris. La remarque était intelligente. Il y en avait effectivement souvent dans les plinthes, et surtout dans les bâtiments de la sorte. Et pourtant, il n'avait pas vu l'ombre d'une queue, entendu le plus petit couinement. Il avait vu autre chose, pourtant, juste au coin de son œil, et Tinker avait pratiquement confirmé en éludant la question la nuit précédente. Un sortilège avait été lancé sur la pièce, probablement pour tenir les rongeurs à l'écart. Probablement que le Directeur Toryn s'était fait la même réflexion. Un sortilège similaire existait dans les tréfonds de la Bibliothèque, et s'étendait au bâtiment plus mortel situé juste au-dessus, mais ça, il avait fini par comprendre que les livres l'avait lancé eux-même. Une mesure de protection, en quelque sorte. Le Darwinisme appliqué aux ouvrages magiques. Le pire dans l'affaire restant que Dampierre n'avait même pas la force d'être étonné. Depuis qu'il avait commencé à se lancer dans la vie active, une seule et unique chose l'avait étonné. Et ce n'était pas ça. Ce n'était même pas les tunnels sous Dunwatch. Il s'était attendu à les trouver, eux. On l'avait prévenu de l'interconnectivité des Bibliothèques. Une mesure de sauvegarde, là encore, apparemment. La Bibliothèque d'Alexandrie, après tout, aurait survécu à l'incendie si elle avait été dotée de tunnels menant au Caire, à Rome, et au Parthénon. Au hasard.
Il médita tout de même sur l'idée du chat et de l'animal totem, protecteur, sacré. Après tout, la Bibliothèque avait bien Tinker. Le raisonnement, du coup, se tenait. Le CDI ne méritait rien de plus classieux qu'un chat. C'était dommage, d'ailleurs, quelque part, étant donné que Dampierre avait toujours voulu avoir son propre dragon domestique. Mais dans un Temple de la Culture, avec tout ce beau papier sec partout... trop dangereux. Un chat, du coup. Pourquoi pas. Les animaux domestiques étaient normalement interdits, mais Dampierre était à peu près sûr que si le chat représentait une alternative à expliquer aux mortels du coin qu'un sortilège avait été jeté sur le CDI, il obtiendrait gain de cause. Le respect du secret était sacré, dans le coin. Il sourit en entendant la dernière question se répéter. Il tourna la tête vers le gamin, et fronça les sourcils en le voyant se lécher les babines à travers les étagères. Est-ce qu'il voulait savoir si Dampierre aimait les chats en sauce ? Non, il devait se faire des idées. Détournant la tête, il se redressa, une pile de livres dans les bras, et commença à les ranger à leur place.
" Je n'ai rien de particulier contre les chats. Rien de particulier pour, non plus, remarque. Ce sont des animaux très intéressants, très intelligents, et très indépendants. On dit plus souvent que le chat a un Maître que l'inverse. Le Maître a rarement un chat, finalement. Il a un animal qui estime plus simple de venir manger chez lui que d'aller chasser. Les chats sont des feignasses, des loques modernes, mais par choix. Et certains, les plus malins, ont gardé la possibilité de faire un autre choix si le besoin devait s'en faire sentir. Mais je n'ai rien contre un feignasse de plus ou de moins au sein de cette École. Par contre, les animaux domestiques sont, par principes, interdits. A voir, donc, si je peux avoir une dérogation anti-rongeurs. "
Il se retourna vers le jeune et lui sourit.
" Merci pour l'idée, en tous cas, Gamin. Je l'aurai sûrement eu par moi-même, mais après que des souris se soient attaqué à un livre. Mieux vaut prévenir que guérir, après tout. "
Il finit de ranger sa pile de livres et se pencha par terre pour en saisir une qui devait aller de l'autre côté. Une excuse parfaite pour voir son travail de plus près, au Gamin. Il alla donc le voir et posa la pile sur un coin miraculeusement vierge de la table.
" Voilà une pile déjà triée. Tu t'en sors, toi ? Si tu vois des livres dont le genre ne correspond à aucune étagère étiquetée dans ta section, c'est même crime, même punition. Tu me les amènes. Sans hésiter. "
Il inspecta avec une discrétion mesurée les piles faites par le Gamin, comme s'il en cherchait une qui, justement, lui correspondait. Dans les faits, il se contentait surtout de chercher une erreur de classement. Si le gamin était à moitié aussi cultivé et respectueux des livres qu'il le prétendait, il ferait sûrement des erreurs. Parce qu'il serait trop intelligent pour son propre bien.
Dampierre de Maupertuis- Croquemitaine en gants blancs
- Messages : 88
Date d'inscription : 07/03/2014
Age : 39
Habitat : Château
Clubs : Musique
Feuille de personnage
Ecole: Culánn
Alignement: Neutre
Majeure/Mineure: Gardien/Documentaliste
Re: Dans l'antre du dragon
Trier les livres était une tâche qu’il aimait bien. Comme faire des origamis, des enveloppes, ou des dessins moches à la marge de ses cours, ça lui occupait les mains et ça lui libérait l’esprit. Du coup, il n’était pas tout à fait certain de bien trier. Le premier livre qui l’avait bloqué l’avait bloqué. Il l’avait regardé. Puis posé sur une pile par défaut mais cela l’avait travaillé. Trois livres après il l’avait reprit. Re-regardé. Posé sur une autre pile. Un autre défaut. Pas meilleur. Il avait donc fixé le livre aussi longtemps qu’il l’avait osé puis ouvert une troisième pile. La « Je sais pas » pile.
Cela avait accéléré son mouvement. A chaque fois qu’il se sentait bloqué, il posait le livre à cet endroit et en prenait un autre. Pendant qu’il triait, son cerveau travaillait et une fois sur deux, un « mais oui » mental faisait briller ses yeux et la bonne pile se révélait à lui. C’était magique, vraiment, comment on pouvait écouter, trier et quand même réfléchir en arrière plan. Le cerveau humain c’était cool.
Les chats aussi. Même s’il n’était pas tout à fait d’accord avec le fond du discours du Français. Vrai que les greffiers avaient leur tête et leur indépendance ici mais c’était la campagne. Ils sortaient. Ils n’avaient pas perdu le contact avec leur être profond. Alors qu’à Edimbourg, il en avait vu des matous collants et incapables d’enterrer leurs crottes tous seuls. Des chats qui n’avaient jamais gouté l’herbe qu’en pot. La Ville dépravait tout ce qu’elle touchait. Même les plus féroces et les plus fiers des prédateurs domestiques.
Mairsil avait de ça en commun avec le blond qu’il n’appréciait ni ne dépréciait les chats. Il les aimait bien, parce qu’ils pouvaient voir de l’Autre Côté. Tout comme il aimait bien les chiens pour leur fidélité et leur utilité. Tout comme il appréciait les bêtes en général pour une raison ou pour une autre. Il n’avait pas pour eux un amour fou, préférant de loin les savoir dans le grenier ou le jardin que dans un panier ou sur un lit. Il se demanda si d’avoir un inintérêt commun était un bon signe sur le chemin des relations meilleures. Il se posa la question un petit moment, en regardant un bouquin dont le sigle « SF », l’illustration de vaisseau spatial et le titre étaient parfaitement explicites et que, pour une raison étrange, il ne pouvait se résoudre à poser dans la pile correspondante. C’est là qu’il vit le sourire. Qui semblait vrai. Avec un remerciement qui ne sentait même pas l’ironie. Il comprit qu’on lui avait dit quelque chose et qu’il n’avait pas écouté. Du coup, un peu au hasard, il jeta un dernier coup d’œil à son livre.
« Oh. Euh. De rien. »
Il posa l’ouvrage dans la pile mentalement intitulée « Science-fiction » et observa avec une inquiétude mâtinée d’appréhension l’homme se lever et aller vers lui, une pile dans les bras. Il se demanda d’abord s’il ne devait pas proposer de l’aider. Et puis c’était trop tard, le temps de résoudre ce dilemme, l’autre était sur lui, au propre comme au figuré pour lui raconter d’autres trucs, bien moins intéressants, il en était sûr, que les machins sur les chats qu’il avait oublié d’écouter.
« Ah. Euh. Nan, ça va. J’ai fait une pile avec ceux qui posent problème et puis je pensais y revenir après, et y réfléchir pendant voyez, et puis je vous aurais tout apporté ce qu’il reste d’un coup, pour ne pas vous interrompre tout le temps parce que bon, quand même, c’est pas comme si vous vous tourniez les pouce en même temps. »
Il savait d’expérience que c’était surtout le meilleur moyen de se faire rembarrer. Même lorsqu’ils disaient qu’ils étaient d’accord, ils finissaient quand même par rembarrer. Surtout lorsqu’ils avaient l’air sincères. Et puis c’était normal, personne n’aimait être emmerdé toutes les deux secondes. Il regarda l’examen avec un mal-aise croissant, se demandant ce qu’il avait fait de mal et pourquoi on ne le lui disait pas tout de suite. Il n’aimait pas ces silences avec cet homme là. Il n’aimait pas non plus quand il souriait. Ni même vraiment quand il parlait. Il se demanda si c’était réciproque. Il se demanda aussi si ça leur ferait un point commun. S’il y avait moyen d’établir une relation à partir de ça. Ambivalent était un faible mot pour illustrer tout ce qu’il se passait dans sa tête.
Il se recula sur sa chaise. Puis son dos sur le dossier de la-dite chaise, la basculant dangereusement vers l’arrière. Sans tomber, il n’était pas con à ce point là.
« Euh…c’est un premier tri hein. Ca va pas ? Y a des erreurs ? La pile là à droite c’est celle des non-classés, elle compte pas, elle est hors-zone… »
Il rougit, fixant le bois de la table, regrettant de ne pas avoir une mouche ou une fourmi à suivre des yeux. Un chat à caresser. C’était bien pour ça aussi, les chats. Ca donnait une contenance.
Cela avait accéléré son mouvement. A chaque fois qu’il se sentait bloqué, il posait le livre à cet endroit et en prenait un autre. Pendant qu’il triait, son cerveau travaillait et une fois sur deux, un « mais oui » mental faisait briller ses yeux et la bonne pile se révélait à lui. C’était magique, vraiment, comment on pouvait écouter, trier et quand même réfléchir en arrière plan. Le cerveau humain c’était cool.
Les chats aussi. Même s’il n’était pas tout à fait d’accord avec le fond du discours du Français. Vrai que les greffiers avaient leur tête et leur indépendance ici mais c’était la campagne. Ils sortaient. Ils n’avaient pas perdu le contact avec leur être profond. Alors qu’à Edimbourg, il en avait vu des matous collants et incapables d’enterrer leurs crottes tous seuls. Des chats qui n’avaient jamais gouté l’herbe qu’en pot. La Ville dépravait tout ce qu’elle touchait. Même les plus féroces et les plus fiers des prédateurs domestiques.
Mairsil avait de ça en commun avec le blond qu’il n’appréciait ni ne dépréciait les chats. Il les aimait bien, parce qu’ils pouvaient voir de l’Autre Côté. Tout comme il aimait bien les chiens pour leur fidélité et leur utilité. Tout comme il appréciait les bêtes en général pour une raison ou pour une autre. Il n’avait pas pour eux un amour fou, préférant de loin les savoir dans le grenier ou le jardin que dans un panier ou sur un lit. Il se demanda si d’avoir un inintérêt commun était un bon signe sur le chemin des relations meilleures. Il se posa la question un petit moment, en regardant un bouquin dont le sigle « SF », l’illustration de vaisseau spatial et le titre étaient parfaitement explicites et que, pour une raison étrange, il ne pouvait se résoudre à poser dans la pile correspondante. C’est là qu’il vit le sourire. Qui semblait vrai. Avec un remerciement qui ne sentait même pas l’ironie. Il comprit qu’on lui avait dit quelque chose et qu’il n’avait pas écouté. Du coup, un peu au hasard, il jeta un dernier coup d’œil à son livre.
« Oh. Euh. De rien. »
Il posa l’ouvrage dans la pile mentalement intitulée « Science-fiction » et observa avec une inquiétude mâtinée d’appréhension l’homme se lever et aller vers lui, une pile dans les bras. Il se demanda d’abord s’il ne devait pas proposer de l’aider. Et puis c’était trop tard, le temps de résoudre ce dilemme, l’autre était sur lui, au propre comme au figuré pour lui raconter d’autres trucs, bien moins intéressants, il en était sûr, que les machins sur les chats qu’il avait oublié d’écouter.
« Ah. Euh. Nan, ça va. J’ai fait une pile avec ceux qui posent problème et puis je pensais y revenir après, et y réfléchir pendant voyez, et puis je vous aurais tout apporté ce qu’il reste d’un coup, pour ne pas vous interrompre tout le temps parce que bon, quand même, c’est pas comme si vous vous tourniez les pouce en même temps. »
Il savait d’expérience que c’était surtout le meilleur moyen de se faire rembarrer. Même lorsqu’ils disaient qu’ils étaient d’accord, ils finissaient quand même par rembarrer. Surtout lorsqu’ils avaient l’air sincères. Et puis c’était normal, personne n’aimait être emmerdé toutes les deux secondes. Il regarda l’examen avec un mal-aise croissant, se demandant ce qu’il avait fait de mal et pourquoi on ne le lui disait pas tout de suite. Il n’aimait pas ces silences avec cet homme là. Il n’aimait pas non plus quand il souriait. Ni même vraiment quand il parlait. Il se demanda si c’était réciproque. Il se demanda aussi si ça leur ferait un point commun. S’il y avait moyen d’établir une relation à partir de ça. Ambivalent était un faible mot pour illustrer tout ce qu’il se passait dans sa tête.
Il se recula sur sa chaise. Puis son dos sur le dossier de la-dite chaise, la basculant dangereusement vers l’arrière. Sans tomber, il n’était pas con à ce point là.
« Euh…c’est un premier tri hein. Ca va pas ? Y a des erreurs ? La pile là à droite c’est celle des non-classés, elle compte pas, elle est hors-zone… »
Il rougit, fixant le bois de la table, regrettant de ne pas avoir une mouche ou une fourmi à suivre des yeux. Un chat à caresser. C’était bien pour ça aussi, les chats. Ca donnait une contenance.
Mairsil S. Annraoi- Cocheur de Fées
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Re: Dans l'antre du dragon
Le 'de rien' du gamin irritait Dampierre, et il cherchait à comprendre pourquoi. La politesse élémentaire était rarement une excuse nécessaire et suffisante pour s'énerver. Ce qui signifiait que, là, il y avait fatalement, forcément, autre chose. Mais quoi ? Peut-être le 'oh' et le 'euh'. Comme si Gamin avait répondu sans réfléchir, voire sans écouter. Sans même savoir pourquoi on le remerciait, en fait. Un grand distrait, celui-là... Dampierre devrait faire attention. Il détestait devoir faire attention, et en particulier être obligé de vérifier qu'on l'écoutait en permanence, de peur de voir quelque chose d'horrible se produire. Il ne soupira pas, mais n'en pensa pas moins. S'il avait voulu interagir avec des élèves inattentifs, il aurait accepté la proposition malhonnête qui lui avait été faite d'animer des ateliers de Français pour des élèves de haut niveau en échange d'une paie plus que rondelette. Mais il avait refusé. Ça prouvait bien qu'il n'en avait rien à faire de l'avancement des élèves et de devoir s'inquiéter de savoir s'ils écoutaient ou pas, non ? Alors pourquoi est-ce qu'on lui refilait ce grand dadais distrait ?
Parce qu'il était puni, bien sûr.
Oui, OK. Mais à part ça ?
A part ça, rien. Peut-être que le Directeur Toryn ne l'aimait pas, avec ses cheveux blonds, sa mèche blanche, ses yeux bleus, et sa tronche de Français.
Peu importait. Il fallait qu'il s'occupe de Grand Dadais en attendant. Avec de la chance, il arriverait quand même à le faire bosser un peu.
Il l'écouta expliquer son truc de pile qui posait problème, et jeta un coup d'œil vers la pile en question. Comme prévu, le gamin était trop intelligent et cultivé pour son propre bien. Un crétin aurait trouvé comment ranger tout ça assez facilement. Dadais, lui... Dadais galérait. Il confondait la SF avec la Fantasy, la Fantasy avec l'Uchronie - mais plus rarement -, et certains ouvrages de Hard SF mais provoquant une réflexion poussée sur la nature humaine - est-ce que ce n'était pas 'Les Androïdes Rêvent-Ils De Moutons Électriques ?' qu'il voyait dans la pile des problèmes ? - n'atterrissaient pas en SF. On aurait pu croire qu'une histoire d'Androïdes ne nécessiterait pas une réflexion aussi poussée, mais tel était pourtant le cas. Et Dampierre compatissait.
C'était ça le pire, en fait. Dampierre comprenait la détresse de Dadais, et compatissait fortement. Mais il en était rendu à souhaiter qu'on lui ait refilé un crétin pour ce qui n'était, au final, ni plus ni moins qu'une colle. Tout aurait été teeeeellement plus simple et rapide avec un crétin fini. Un joueur de foot, par exemple. Ou un fils à Papa. Quelqu'un qui serait entré dans cette École non pas grâce à ses talents, mais grâce à ses Talents. Malgré le niveau annoncé de l'Ecole Culánn, il était sûr qu'il devait y avoir, dans les murs, des tas et des tas de crétins. Certains congénitaux, s'il comprenait bien la génétique Enchanteresse.
Et lui avait quand même refilé le génie du coin. Limite autiste. Probablement geek, voire nerd.
Génial.
Dadais se balança sur sa chaise, et Dampierre le regarda avec un agacement qu'il savait être injuste mais qu'il ne pouvait pas dissimuler non plus. Il soupira, pour de bon cette fois, et attrapa quelques livres dans différentes piles. Il remarqua que l'autre regardait le bois de la table. Probablement par timidité, mais ça signifiait aussi qu'il n'était toujours pas près d'écouter ou de suivre quoique ce soit. Dampierre lui donna une tape sur le menton, avec un livre, et décida de recommencer à chaque fois que l'autre tenterait de baisser le regard ou de détourner les yeux. Il aurait son attention pleine et entière, que le Grand Dadais le veuille ou non.
" Ça, ça n'a rien à faire en SF. Je me fous de savoir qu'ils sont venus en vaisseau spatial, et le lecteur moyen aussi. S'il y a des dragons dedans, et plus particulièrement dans le titre, c'est de la Fantasy, point. Ça, ça n'a rien à faire en Fantasy. Si on part d'un évènement réel et qu'on le modifie, peu importe l'époque de l'évènement et l'époque de l'histoire, c'est une Uchronie. Même si tu n'as aucune preuve que le type a existé. Tu m'écoutes ? "
Nouvelle tape.
Juste pour être sûr.
Tout en parlant, il lui montrait les livres incriminés, les changeaient de pile, etc.
" D'un point de vue général, tout ce que fait Gaiman est du Fantastique. Le mec est infoutu d'écrire une histoire normale. Et tout ce qu'écrit K. Dick est de la SF, ou au moins de l'Anticipation. Mais c'est plus simple de tout classer en SF. "
Et il classait, classait, réclamant l'attention du Grand Dadais à intervalles irréguliers, lui montrant bien à chaque fois. Après quelque livres classés ainsi, une place libre était miraculeusement apparue au bord de la table, et Dampierre s'assit à moitié dessus. Il s'assura que le Grand Dadais le regardait et lui offrit un sourire compatissant.
" Écoute, je comprends ton désarroi et ton problème. Mais il faut bien que tu réalises que là, on range pour faciliter l'accès à la culture des idiots qui peuplent une école standard, qu'elle soit élitiste ou non. Il faut donc ranger comme des idiots, pour des idiots. Tu réfléchis beaucoup trop, et à cause de ça, tu prends beaucoup trop de temps, et tu ne me rends pas service. Tu aurais plutôt tendance à me rendre sévisse. "
Un blanc.
Il fallait qu'il arrête avec son humour de merde.
Il toussota et reprit.
" Bref. Va au premier dénominateur. Ne cherche pas à savoir de quoi parle vraiment l'histoire. Ne cherche pas plus loin que la couverture. Un idiot qui cherche un livre, il ne connait en général que le titre, l'auteur, et le genre enregistré sur Amazon. "
Il se releva et lui adressa un petit sourire cruel.
" Et puis, pense à la tête du type qui se sert au hasard en SF et se retrouve à lire du Asimov... Pense à son QI qui grimpe progressivement pendant la lecture... Ça vaut tout l'or du monde, non ? "
Parce qu'il était puni, bien sûr.
Oui, OK. Mais à part ça ?
A part ça, rien. Peut-être que le Directeur Toryn ne l'aimait pas, avec ses cheveux blonds, sa mèche blanche, ses yeux bleus, et sa tronche de Français.
Peu importait. Il fallait qu'il s'occupe de Grand Dadais en attendant. Avec de la chance, il arriverait quand même à le faire bosser un peu.
Il l'écouta expliquer son truc de pile qui posait problème, et jeta un coup d'œil vers la pile en question. Comme prévu, le gamin était trop intelligent et cultivé pour son propre bien. Un crétin aurait trouvé comment ranger tout ça assez facilement. Dadais, lui... Dadais galérait. Il confondait la SF avec la Fantasy, la Fantasy avec l'Uchronie - mais plus rarement -, et certains ouvrages de Hard SF mais provoquant une réflexion poussée sur la nature humaine - est-ce que ce n'était pas 'Les Androïdes Rêvent-Ils De Moutons Électriques ?' qu'il voyait dans la pile des problèmes ? - n'atterrissaient pas en SF. On aurait pu croire qu'une histoire d'Androïdes ne nécessiterait pas une réflexion aussi poussée, mais tel était pourtant le cas. Et Dampierre compatissait.
C'était ça le pire, en fait. Dampierre comprenait la détresse de Dadais, et compatissait fortement. Mais il en était rendu à souhaiter qu'on lui ait refilé un crétin pour ce qui n'était, au final, ni plus ni moins qu'une colle. Tout aurait été teeeeellement plus simple et rapide avec un crétin fini. Un joueur de foot, par exemple. Ou un fils à Papa. Quelqu'un qui serait entré dans cette École non pas grâce à ses talents, mais grâce à ses Talents. Malgré le niveau annoncé de l'Ecole Culánn, il était sûr qu'il devait y avoir, dans les murs, des tas et des tas de crétins. Certains congénitaux, s'il comprenait bien la génétique Enchanteresse.
Et lui avait quand même refilé le génie du coin. Limite autiste. Probablement geek, voire nerd.
Génial.
Dadais se balança sur sa chaise, et Dampierre le regarda avec un agacement qu'il savait être injuste mais qu'il ne pouvait pas dissimuler non plus. Il soupira, pour de bon cette fois, et attrapa quelques livres dans différentes piles. Il remarqua que l'autre regardait le bois de la table. Probablement par timidité, mais ça signifiait aussi qu'il n'était toujours pas près d'écouter ou de suivre quoique ce soit. Dampierre lui donna une tape sur le menton, avec un livre, et décida de recommencer à chaque fois que l'autre tenterait de baisser le regard ou de détourner les yeux. Il aurait son attention pleine et entière, que le Grand Dadais le veuille ou non.
" Ça, ça n'a rien à faire en SF. Je me fous de savoir qu'ils sont venus en vaisseau spatial, et le lecteur moyen aussi. S'il y a des dragons dedans, et plus particulièrement dans le titre, c'est de la Fantasy, point. Ça, ça n'a rien à faire en Fantasy. Si on part d'un évènement réel et qu'on le modifie, peu importe l'époque de l'évènement et l'époque de l'histoire, c'est une Uchronie. Même si tu n'as aucune preuve que le type a existé. Tu m'écoutes ? "
Nouvelle tape.
Juste pour être sûr.
Tout en parlant, il lui montrait les livres incriminés, les changeaient de pile, etc.
" D'un point de vue général, tout ce que fait Gaiman est du Fantastique. Le mec est infoutu d'écrire une histoire normale. Et tout ce qu'écrit K. Dick est de la SF, ou au moins de l'Anticipation. Mais c'est plus simple de tout classer en SF. "
Et il classait, classait, réclamant l'attention du Grand Dadais à intervalles irréguliers, lui montrant bien à chaque fois. Après quelque livres classés ainsi, une place libre était miraculeusement apparue au bord de la table, et Dampierre s'assit à moitié dessus. Il s'assura que le Grand Dadais le regardait et lui offrit un sourire compatissant.
" Écoute, je comprends ton désarroi et ton problème. Mais il faut bien que tu réalises que là, on range pour faciliter l'accès à la culture des idiots qui peuplent une école standard, qu'elle soit élitiste ou non. Il faut donc ranger comme des idiots, pour des idiots. Tu réfléchis beaucoup trop, et à cause de ça, tu prends beaucoup trop de temps, et tu ne me rends pas service. Tu aurais plutôt tendance à me rendre sévisse. "
Un blanc.
Il fallait qu'il arrête avec son humour de merde.
Il toussota et reprit.
" Bref. Va au premier dénominateur. Ne cherche pas à savoir de quoi parle vraiment l'histoire. Ne cherche pas plus loin que la couverture. Un idiot qui cherche un livre, il ne connait en général que le titre, l'auteur, et le genre enregistré sur Amazon. "
Il se releva et lui adressa un petit sourire cruel.
" Et puis, pense à la tête du type qui se sert au hasard en SF et se retrouve à lire du Asimov... Pense à son QI qui grimpe progressivement pendant la lecture... Ça vaut tout l'or du monde, non ? "
Dampierre de Maupertuis- Croquemitaine en gants blancs
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Date d'inscription : 07/03/2014
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