Rencontre au sommet
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Rencontre au sommet
Ce petit amas de pierre, il ne l'avait jamais vraiment aimé. Mais c'était le seul petit amas de pierres au monde devant lequel il pouvait se sentir bien. Tournant sur lui-même, il jeta un œil sur un autre amas de pierres, non moins petit, surtout vu de l'endroit où il se tenait. Le Château. C'était chez lui. Et en même temps, pas. Il pouvait les voir d'ici. Les intrus. Ceux qui avaient envahi son espace. Ceux qui étaient venus d'un peu partout pour apprendre. Pour apprendre l'anglais, le français, le russe si ça les amusait. Les mathématiques et la géographie, la philosophie et l'histoire, la biologie... Et même l'éducation physique. Mais surtout, surtout, ceux qui étaient venus pour apprendre, à leur insu, sans que cela soit au programme, à vivre entre eux. A se supporter les uns les autres. A comprendre ce qui les dépassait, et à ne pas en avoir peur. A trouver la chose aussi naturelle qu'elle l'était en vérité. Noble but, qui valait bien quelque sacrifices. Même celui de partager ses appartements avec ceux de son frère.
A la base, les ailes avaient été nommées ainsi en fonction de l'alignement de leurs résidents. C'était donc tout naturellement que les frères Culánn ne se croisaient que pour le petit-déjeuner. Et encore. il y avait moyen d'éviter cela. Mais maintenant qu'ils ne faisaient plus qu'un, leurs appartements aussi. Heureusement, il y avait deux chambres, dont une dissimulée. Aucun étudiant n'avait à savoir. Mais tout de même. Les jumeaux se parlaient beaucoup trop, beaucoup trop souvent, pour beaucoup trop de choses, ces derniers temps. L'administration d'une école était... plus compliqué qu'il ne l'aurait cru. Les démarches externes avaient été relativement simples. Obtenir les autorisations, faire signer les papiers par les officiels... parfois sans que ces derniers ne s'en rendent compte... Tout cela était d'une simplicité extrême. Non, c'était l'administration interne qui posait encore parfois problème.
Et il se trouvait donc là, à soupirer. Il s'assit devant le tas de pierres. Il le regarda sous plusieurs angles différents, avant d'en trouver un qui avait l'air particulièrement inconfortable pour son cou, mais qui semblait pourtant le satisfaire.
" Bonjour, père. "
Il y avait d'autres membres de la famille, là-dessous, techniquement. Mais Toryn s'en contre-foutait. Il n'était venu voir qu'un seul d'entre eux.
" Le Château vit. Les Culánn se font un nom. Ils sont importants pour le développement du Village. "
Petit regard en coin vers le village de Dunwatch, sans bouger la tête pour autant, de peur de perdre l'angle bizarre qui lui convenait autant. Il poussa un léger soupir. Il se contrefichait du Village. Il aurait brûlé, qu'il n'aurait pas levé le plus petit doigt. Et pourtant, on l'aurait remercié de l'avoir sauvé. Parce que quelqu'un aurait agi. Quelqu'un avec sa tête. Il grimaça, et reporta son attention sur les pierres. Elles ne lui répondraient toujours pas. On ne pouvait pas faire confiance à des caillasses, de toutes façons.
" Tu devrais voir ça. Des gamins partout. C'est ce que tu voulais, non ? C'est pour ça que tu n'as pas pu te contenter de moi. C'est pour ça qu'il t'en a fallu deux d'un coup. Au cas où. Et le pire, c'est que tu avais raison. Tu me fais vomir, tiens. "
Un coup de tonnerre retentit dans le ciel bleu, sous le soleil radieux. Toryn fronça les sourcils.
" Va pas te vexer. Tu sais ce que je pense de mon frère. Et maintenant, une école ? Tu parles d'une idée de merde... "
Il soupira.
" Tu es mort trop tôt. Nous allons nous révéler aux Mortels. Graduellement. Génération par génération. Nous aurons la paix. La mixité. La diversité culturelle. Nous pourrons ce que nous voudrons, quand nous voudrons. "
Il eut un léger éclat de rire.
" Je souhaite bon courage à leurs enquêteurs ! La police sera obligée de recruter des Enchanteurs. Activement. Fini, de se la couler douce sur la fortune familiale avec en poche des diplômes parfaitement inutiles. Tu pourrais faire semblant d'être fier de moi. "
Pas de réponse, sous une forme ou sous une autre. Toryn quitta son angle de tête bizarre et se releva, s'époussetant les fesses et le pantalon.
" Soit au moins fier de ton fils. A eux deux, il est l'Enchanteur le plus puissant qui ait jamais foulé ce sol... Il n'y a rien qu'il ne puisse faire. C'est tout de même pas mal. "
La pierre du haut trembla légèrement. Il la regarda. Il ne savait même pas qui c'était. Un Ancien, probablement. Il haussa les épaules, et se retourna, prêt à partir mais s'arrêtant net.
" Oh. C'est toi. "
Il y avait tellement plus dans ces quelques mots, mais qu'il n'avait pas besoin d'exprimer. L'autre ne les comprenait que trop bien.
A la base, les ailes avaient été nommées ainsi en fonction de l'alignement de leurs résidents. C'était donc tout naturellement que les frères Culánn ne se croisaient que pour le petit-déjeuner. Et encore. il y avait moyen d'éviter cela. Mais maintenant qu'ils ne faisaient plus qu'un, leurs appartements aussi. Heureusement, il y avait deux chambres, dont une dissimulée. Aucun étudiant n'avait à savoir. Mais tout de même. Les jumeaux se parlaient beaucoup trop, beaucoup trop souvent, pour beaucoup trop de choses, ces derniers temps. L'administration d'une école était... plus compliqué qu'il ne l'aurait cru. Les démarches externes avaient été relativement simples. Obtenir les autorisations, faire signer les papiers par les officiels... parfois sans que ces derniers ne s'en rendent compte... Tout cela était d'une simplicité extrême. Non, c'était l'administration interne qui posait encore parfois problème.
Et il se trouvait donc là, à soupirer. Il s'assit devant le tas de pierres. Il le regarda sous plusieurs angles différents, avant d'en trouver un qui avait l'air particulièrement inconfortable pour son cou, mais qui semblait pourtant le satisfaire.
" Bonjour, père. "
Il y avait d'autres membres de la famille, là-dessous, techniquement. Mais Toryn s'en contre-foutait. Il n'était venu voir qu'un seul d'entre eux.
" Le Château vit. Les Culánn se font un nom. Ils sont importants pour le développement du Village. "
Petit regard en coin vers le village de Dunwatch, sans bouger la tête pour autant, de peur de perdre l'angle bizarre qui lui convenait autant. Il poussa un léger soupir. Il se contrefichait du Village. Il aurait brûlé, qu'il n'aurait pas levé le plus petit doigt. Et pourtant, on l'aurait remercié de l'avoir sauvé. Parce que quelqu'un aurait agi. Quelqu'un avec sa tête. Il grimaça, et reporta son attention sur les pierres. Elles ne lui répondraient toujours pas. On ne pouvait pas faire confiance à des caillasses, de toutes façons.
" Tu devrais voir ça. Des gamins partout. C'est ce que tu voulais, non ? C'est pour ça que tu n'as pas pu te contenter de moi. C'est pour ça qu'il t'en a fallu deux d'un coup. Au cas où. Et le pire, c'est que tu avais raison. Tu me fais vomir, tiens. "
Un coup de tonnerre retentit dans le ciel bleu, sous le soleil radieux. Toryn fronça les sourcils.
" Va pas te vexer. Tu sais ce que je pense de mon frère. Et maintenant, une école ? Tu parles d'une idée de merde... "
Il soupira.
" Tu es mort trop tôt. Nous allons nous révéler aux Mortels. Graduellement. Génération par génération. Nous aurons la paix. La mixité. La diversité culturelle. Nous pourrons ce que nous voudrons, quand nous voudrons. "
Il eut un léger éclat de rire.
" Je souhaite bon courage à leurs enquêteurs ! La police sera obligée de recruter des Enchanteurs. Activement. Fini, de se la couler douce sur la fortune familiale avec en poche des diplômes parfaitement inutiles. Tu pourrais faire semblant d'être fier de moi. "
Pas de réponse, sous une forme ou sous une autre. Toryn quitta son angle de tête bizarre et se releva, s'époussetant les fesses et le pantalon.
" Soit au moins fier de ton fils. A eux deux, il est l'Enchanteur le plus puissant qui ait jamais foulé ce sol... Il n'y a rien qu'il ne puisse faire. C'est tout de même pas mal. "
La pierre du haut trembla légèrement. Il la regarda. Il ne savait même pas qui c'était. Un Ancien, probablement. Il haussa les épaules, et se retourna, prêt à partir mais s'arrêtant net.
" Oh. C'est toi. "
Il y avait tellement plus dans ces quelques mots, mais qu'il n'avait pas besoin d'exprimer. L'autre ne les comprenait que trop bien.
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
- Messages : 95
Date d'inscription : 07/03/2013
Age : 78
Habitat : Château
Clubs : Théâtre
Feuille de personnage
Ecole: Manipulation
Alignement: Ténèbres
Majeure/Mineure: Histoire/Géo
Re: Rencontre au sommet
Ces histoires de familles, il ne les avait jamais vraiment aimé. Mais c’était la seule chose au monde qui avait un semblant de sens à ses yeux. Tournant la tête, il aperçu son reflet dans le miroir, un homme qui commençait à accuser son âge dont les yeux verts s’étaient noircis avec l’agacement. Son frère. Il était lui. Et en même temps pas. Il pouvait les voir d'ici. Les milles différences qui révéleraient leur double identité aux yeux du monde. L'absurdité du procédé. Le paradoxe du jumeau.
C'était étrange, cette vie qu'ils s'étaient faite tous les deux. Ensemble dans l'aile des Ténèbres alors qu'il avait été poussé dans la lumière. Laissant le château se faire envahir de bruits d'enfants, de peurs du noir, de mauvaises notes, de baisers sous les fenêtres et de graffitis sur les murs. Ils l'avaient fait ensemble. De concert. Dans un esprit commun. Pour réaliser une utopie qu'ils partageaient. La vision d'un monde ouvert aux Enchanteurs, sans pour autant esclavagiser les mortels. Une fusion de deux univers, bien plus riche que la domination de l'un d'entre eux, quel qu'il soit.
L’œuvre de toute une vie. Ou de la folie de deux hommes cherchant leur identité. Il se demandait à quel point Toryn était au courant de ses motivations. Et la raison qui l'avait fait accepter cette idée qu'ils avaient eu. Il n'était pas altruiste, son frère. Il n'était pas gentil. Il n'était pas rêveur, ou si peu. Il fréquentait bien trop son frère ces derniers temps. Il n'entendait plus son horrible accent américain, il ne se défendait plus des accès de sadisme qu'il avait parfois, il avait même réussi à lui refourguer quelques missions désagréables. Il devenait retors. Ca ne le dérangeait pas. Il était loin de l'idéal lumineux de certains enchanteurs qu'il avait croisé durant ses études. Il était plus gris. C'était d'ailleurs son surnom dans sa fraternité à Edimbourg. Fao le Gris. Toryn le Blanc ? Avait-il seulement lu les divagations de Tolkien. Il faudrait qu'il pense à en oublier un exemplaire dans sa chambre. Ce petit avait besoin de se cultiver. Rien que de penser à ce qu'il avait bien pu pouvoir apprendre à Cambridge, il se sentait frissonner. Toryn était celui qui était parti le plus loin. C'était également celui qui était le plus revenu. Celui qui avait, le plus longtemps, vécu le château.
Il tira une flasque d’un tiroir sous son lit, servit deux verres de whisky, un pour lui, un pour le petit autel qu’il s’était fabriqué dans une porte de placard. Il recouvrit le miroir, par habitude et regarda la photo qui s’y trouvait. Il ne dit rien. Parler à voix haute à une personne dont il n’avait aucun souvenir ne lui paraissait pas adapté. Il partageait son alcool, parfois. Un silence. Et ça suffisait bien. Il n’y avait bien que Toryn pour causer à un tas de cailloux.
Il se demanda si sa mère était enterrée là bas, avec les autres Culànn ou si on l'avait exilée vers un cimetière miteux. Jamais, en plus de soixante ans de deuil, il ne s'était donné la peine d'aller voir. Un coup de tonnerre déchira le ciel sans nuage.
« D'accord, d'accord, j'y vais. »
Il vida son verre et se leva, quittant le château sans se presser, saluant au passage élèves et personnel, heureux au fond d'avoir tant de monde pour lui tenir compagnie, triste quelque part de ne pas pouvoir être vraiment lui avec eux. De n'être, une fois encore, qu'une part de son frère. Il quitta le bâtiment, s'enfonça dans les landes, suivant le chemin. Il ne venait jamais au Cairn que contraint et forcé par un événement quelconque. Il ignorait pourquoi il y allait à présent. Il l'ignora un petit moment. Jusqu'à ce que la silhouette familière de son frère ne se détache sur l'azur des cieux. Il sourit. Par habitude.
« C'est moi. »
Il s'avança, posant brièvement sa main sur l'épaule de son jumeau. En soutient d'il ne savait quoi, parce qu'il ressentait un besoin de soutient. Parce que le plus clair de leur discussion se passait de mots.
« Tu arrives à en tirer des trucs intéressants ? »
D'un mouvement du menton, il désigna le tas de pierre branlantes. Il n'avait pas entendu de voix. Mais il connaissait son frère. Comme s'il l'avait vu naître.
C'était étrange, cette vie qu'ils s'étaient faite tous les deux. Ensemble dans l'aile des Ténèbres alors qu'il avait été poussé dans la lumière. Laissant le château se faire envahir de bruits d'enfants, de peurs du noir, de mauvaises notes, de baisers sous les fenêtres et de graffitis sur les murs. Ils l'avaient fait ensemble. De concert. Dans un esprit commun. Pour réaliser une utopie qu'ils partageaient. La vision d'un monde ouvert aux Enchanteurs, sans pour autant esclavagiser les mortels. Une fusion de deux univers, bien plus riche que la domination de l'un d'entre eux, quel qu'il soit.
L’œuvre de toute une vie. Ou de la folie de deux hommes cherchant leur identité. Il se demandait à quel point Toryn était au courant de ses motivations. Et la raison qui l'avait fait accepter cette idée qu'ils avaient eu. Il n'était pas altruiste, son frère. Il n'était pas gentil. Il n'était pas rêveur, ou si peu. Il fréquentait bien trop son frère ces derniers temps. Il n'entendait plus son horrible accent américain, il ne se défendait plus des accès de sadisme qu'il avait parfois, il avait même réussi à lui refourguer quelques missions désagréables. Il devenait retors. Ca ne le dérangeait pas. Il était loin de l'idéal lumineux de certains enchanteurs qu'il avait croisé durant ses études. Il était plus gris. C'était d'ailleurs son surnom dans sa fraternité à Edimbourg. Fao le Gris. Toryn le Blanc ? Avait-il seulement lu les divagations de Tolkien. Il faudrait qu'il pense à en oublier un exemplaire dans sa chambre. Ce petit avait besoin de se cultiver. Rien que de penser à ce qu'il avait bien pu pouvoir apprendre à Cambridge, il se sentait frissonner. Toryn était celui qui était parti le plus loin. C'était également celui qui était le plus revenu. Celui qui avait, le plus longtemps, vécu le château.
Il tira une flasque d’un tiroir sous son lit, servit deux verres de whisky, un pour lui, un pour le petit autel qu’il s’était fabriqué dans une porte de placard. Il recouvrit le miroir, par habitude et regarda la photo qui s’y trouvait. Il ne dit rien. Parler à voix haute à une personne dont il n’avait aucun souvenir ne lui paraissait pas adapté. Il partageait son alcool, parfois. Un silence. Et ça suffisait bien. Il n’y avait bien que Toryn pour causer à un tas de cailloux.
Il se demanda si sa mère était enterrée là bas, avec les autres Culànn ou si on l'avait exilée vers un cimetière miteux. Jamais, en plus de soixante ans de deuil, il ne s'était donné la peine d'aller voir. Un coup de tonnerre déchira le ciel sans nuage.
« D'accord, d'accord, j'y vais. »
Il vida son verre et se leva, quittant le château sans se presser, saluant au passage élèves et personnel, heureux au fond d'avoir tant de monde pour lui tenir compagnie, triste quelque part de ne pas pouvoir être vraiment lui avec eux. De n'être, une fois encore, qu'une part de son frère. Il quitta le bâtiment, s'enfonça dans les landes, suivant le chemin. Il ne venait jamais au Cairn que contraint et forcé par un événement quelconque. Il ignorait pourquoi il y allait à présent. Il l'ignora un petit moment. Jusqu'à ce que la silhouette familière de son frère ne se détache sur l'azur des cieux. Il sourit. Par habitude.
« C'est moi. »
Il s'avança, posant brièvement sa main sur l'épaule de son jumeau. En soutient d'il ne savait quoi, parce qu'il ressentait un besoin de soutient. Parce que le plus clair de leur discussion se passait de mots.
« Tu arrives à en tirer des trucs intéressants ? »
D'un mouvement du menton, il désigna le tas de pierre branlantes. Il n'avait pas entendu de voix. Mais il connaissait son frère. Comme s'il l'avait vu naître.
Re: Rencontre au sommet
Aaah, ce sourire. Ce n'était pas lui qu'on surprendrait à sourire ainsi. Enfin. Il fallait bien que l'un d'entre eux montre les dents. Dans le bon sens du terme, toujours, si toutefois il existait vraiment un "bon sens" à ce terme. Le sourire lui semblait faux. Il connaissait bien son petit frère, après tout. Il l'avait littéralement connu toute sa vie. Sauf les ans passés l'un loin de l'autre, les USA contre l'Angleterre, à tenter presque désespérément de se différencier, d'être quelqu'un de différent. Leur École de Magie avait aidé, bien sûr. Et leur Choix. Mais si l'École avait été un coup du sort, quelque part, ce n'était pas le cas du Choix. Ça avait été son idée, le Choix. Toryn avait réalisé, très très tôt, qu'à eux deux, ils pouvaient faire n'importe quoi. Littéralement n'importe quoi. Rien n'était hors de leur portée, car leur portée était infinie. Et malgré ça, ils se supportaient à peine. Trop complémentaires, sans doute. Ça avait quelque chose d'ironique. Le sentiment insidieux que Toryn ressentait, et qu'à son avis son frère ressentait aussi, devait y être pour quelque chose aussi. Ce sentiment de ne pas être complet. Chacun de leur côté, ils étaient un Enchanteur normal, standard. Rendu puissant par des décennies de pratique et d'entrainement, mais un seul et simple Enchanteur néanmoins. A eux deux, ils n'étaient également qu'un seul Enchanteur, mais qui faisait passer Myrddin pour un incapable.
Le paradoxe du jumeau, non ? Ils étaient plus complets ensemble que seuls.
Et c'était lui. C'était bien lui. Sa moitié manquante, sa pire moitié, celle qu'il ne supportait tellement pas qu'il s'en était débarrassé à la naissance, celle qui l'avait poursuivi en dehors du ventre de leur mère, et dont il ne pouvait plus se passer. Derrière lui, on pouvait voir le Château. Ça non plus, ça n'aurait pas été possible s'il n'avait été qu'un banal Enchanteur. Ça le frustrait. Il aurait voulu être extraordinaire, fabuleux, génial, par ses seuls capacités. Raté. Impossible. Il était un raté, parce que ce qu'il voulait était impossible. Et le voilà, lui. Qui venait, la bouche en cœur. Il ne venait presque jamais. Qu'est-ce qu'il fichait là ?
Il regarda la main se poser sur son épaule avec une forme d'apathie et de désintérêt blasé qui s'assura qu'elle ne reste pas là bien longtemps. Évidemment. Il était venu pour qu'ils soient complets. A eux deux, ils réussiraient bien à obtenir une réponse, avec de la chance. A eux deux. N'était-ce pas plutôt 'à eux un' ? Il écouta la question, et n'eut pas besoin du mouvement de menton pour savoir ce que son frère entendait par là. C'était l'évidence même. Il n'y avait personne d'autre à qui parler dans les environs. Il haussa les épaules.
" A peu près autant que d'habitude. A part un Ancien qui trouve notre puissance brute absolument jouissive, j'ai l'impression que Père refuse de me parler. Je ne comprends pas du tout pourquoi. Personne n'a jamais pu prouver ma culpabilité. Je n'étais même pas là. "
Il ne s'embarrassa pas d'explications. Il ne faisait aucun doute pour lui que son frère savait à quel évènement il faisait référence. Des fois, il se demandait pourquoi son frère n'avait même pas été inquiété dans cette histoire. Pour cette histoire de Lumière, pourtant. Toryn restait pourtant sûr, au plus profond de lui, que son frère était tout autant capable de lui de faire ce qu'il avait fait. De se libérer de la sorte. De sécuriser l'héritage. Et peut-être même que si Toryn n'avait pas pris les devants - si toutefois il l'avait bien fait, il n'y avait aucune preuve, après tout -, Fao ne se serait pas gêné plus que ça. Lui aussi, sa patience avait des limites.
" Tu veux essayer ? Ensemble, en se synchronisant, il nous reconnaitra peut-être ? Ou au moins, notre puissance phénoménale fera plaisir à l'Ancien. Ça vaut toujours le coup d'essayer, en tous cas. "
En tant que jumeaux, ils étaient liés. C'était là leur plus grand secret, leur plus grande force, et leur plus grande honte. La preuve ultime qu'ils ne valaient rien lorsqu'ils étaient seuls, alors qu'à eux deux... Ils pouvaient se parler sur de grandes distances, jamais vraiment seuls. Ils pouvaient communiquer instantanément, et lancer des sorts phénoménaux. Le Fils Culánn, l'Héritier de la Famille, maîtrisait la Manipulation, la Transmutation, et l'Illusion, et pouvait en plus contrôler la Conjuration et l'Elementalisme. Une puissance phénoménale...
Si seulement ils se mettaient d'accord pour être d'accord.
Le paradoxe du jumeau, non ? Ils étaient plus complets ensemble que seuls.
Et c'était lui. C'était bien lui. Sa moitié manquante, sa pire moitié, celle qu'il ne supportait tellement pas qu'il s'en était débarrassé à la naissance, celle qui l'avait poursuivi en dehors du ventre de leur mère, et dont il ne pouvait plus se passer. Derrière lui, on pouvait voir le Château. Ça non plus, ça n'aurait pas été possible s'il n'avait été qu'un banal Enchanteur. Ça le frustrait. Il aurait voulu être extraordinaire, fabuleux, génial, par ses seuls capacités. Raté. Impossible. Il était un raté, parce que ce qu'il voulait était impossible. Et le voilà, lui. Qui venait, la bouche en cœur. Il ne venait presque jamais. Qu'est-ce qu'il fichait là ?
Il regarda la main se poser sur son épaule avec une forme d'apathie et de désintérêt blasé qui s'assura qu'elle ne reste pas là bien longtemps. Évidemment. Il était venu pour qu'ils soient complets. A eux deux, ils réussiraient bien à obtenir une réponse, avec de la chance. A eux deux. N'était-ce pas plutôt 'à eux un' ? Il écouta la question, et n'eut pas besoin du mouvement de menton pour savoir ce que son frère entendait par là. C'était l'évidence même. Il n'y avait personne d'autre à qui parler dans les environs. Il haussa les épaules.
" A peu près autant que d'habitude. A part un Ancien qui trouve notre puissance brute absolument jouissive, j'ai l'impression que Père refuse de me parler. Je ne comprends pas du tout pourquoi. Personne n'a jamais pu prouver ma culpabilité. Je n'étais même pas là. "
Il ne s'embarrassa pas d'explications. Il ne faisait aucun doute pour lui que son frère savait à quel évènement il faisait référence. Des fois, il se demandait pourquoi son frère n'avait même pas été inquiété dans cette histoire. Pour cette histoire de Lumière, pourtant. Toryn restait pourtant sûr, au plus profond de lui, que son frère était tout autant capable de lui de faire ce qu'il avait fait. De se libérer de la sorte. De sécuriser l'héritage. Et peut-être même que si Toryn n'avait pas pris les devants - si toutefois il l'avait bien fait, il n'y avait aucune preuve, après tout -, Fao ne se serait pas gêné plus que ça. Lui aussi, sa patience avait des limites.
" Tu veux essayer ? Ensemble, en se synchronisant, il nous reconnaitra peut-être ? Ou au moins, notre puissance phénoménale fera plaisir à l'Ancien. Ça vaut toujours le coup d'essayer, en tous cas. "
En tant que jumeaux, ils étaient liés. C'était là leur plus grand secret, leur plus grande force, et leur plus grande honte. La preuve ultime qu'ils ne valaient rien lorsqu'ils étaient seuls, alors qu'à eux deux... Ils pouvaient se parler sur de grandes distances, jamais vraiment seuls. Ils pouvaient communiquer instantanément, et lancer des sorts phénoménaux. Le Fils Culánn, l'Héritier de la Famille, maîtrisait la Manipulation, la Transmutation, et l'Illusion, et pouvait en plus contrôler la Conjuration et l'Elementalisme. Une puissance phénoménale...
Si seulement ils se mettaient d'accord pour être d'accord.
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
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Date d'inscription : 07/03/2013
Age : 78
Habitat : Château
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Ecole: Manipulation
Alignement: Ténèbres
Majeure/Mineure: Histoire/Géo
Re: Rencontre au sommet
Il eut un sourire amusé. Un vrai sourire cette fois, teinté de dérision et d’affection. Un sourire de frère. Père avait des milliers de raisons d’en vouloir à Toryn. Ils avaient vécu sous le même toit, dans la plus parfaite oisiveté. Il avait payer à la Famille des études à l’autre bout du monde pour ne rien en faire. Il avait été lui, dans ses Ténèbres les plus parfaites, manipulateur aux penchants sadiques, refusant de se mêler au monde, au village ou même à la famille.
Avant cela, ils avaient été désagréables avec leur belle-mère, ce qui retombait souvent sur le ténébreux du couple, magie oblige. Le plus puissant aussi, des deux. Fao n’en avait pas le moindre doute. Les écoles, déjà, de son frère étaient les plus intéressantes. Et ses pouvoirs décuplés par le Choix qu’il avait fait (qu’ils avaient fait) et des inhibitions moindres. Il était celui qui était le plus revenu au pays et pourtant qui était parti le plus loin. C’était dérangeant quelque part parce que ce n’était pas logique. Sur le papier. Et il était certain que Père pouvait en vouloir à Toryn pour ça.
Oui. Il y avait plein de raisons pour lesquelles Père pouvait faire la sourde oreille. Et pourtant, son frère le liait à l’Evènement. Comme il liait beaucoup de choses à ce jour, niant souvent son existence et surtout sa culpabilité probable. Il n’avait pas été là. Ca avait été son erreur. C’était pour ça qu’on le soupçonnait. Un maître comme lui du déguisement et de l’illusion n’aurait eu aucun problème à fournir un alibi. Il n’avait pas été là, il avait reculé son retour et c’était suspect.
S’il avait fait comme lui, s’il était revenu pour faire l’idiot sur la propriété, il n’aurait pas été inquiété. Au-delà des histoires de Bien et de Mal et d’Ordre des Choses. Ils auraient pu agir ensemble. Il aurait découvert qu’ils étaient d’accord sur cette nécessité d’écarter les aventurières profitant de la solitude sentimentale d’un jeune veuf. Mais Toryn avait toujours été plus protecteur envers Père, le Château, l’Héritage. Il avait eu besoin de prendre les choses en main. Il avait eu besoin de revenir à Dunwatch après ses études.
Parfois, quand il se sentait d’humeur introspective, Faolan se demandait si son frère regrettait ce qu’il s’était passé. S’il avait des remords. S’il s’en voulait. C’était particulièrement frappant des jours comme celui-ci, quand ils se retrouvaient autour d’un souvenir. Quand l’Evènement refaisait surface. Père ne s’était jamais remarié. Fao y avait veillé, un soir où, une fois encore, Toryn n’était pas là. Père avait promit. Dans l’espoir, probablement, d’un pardon de son fils. Mais jamais le Lumineux n’avait pardonné à leur géniteur. Jamais il ne chercherait ses réponses, ses conseils ou son approbation. On lui avait prit sa mère. On l’avait enchaîné à une copie de lui-même, une copie qu’il vivait comme étant plus aboutie, plus complète que lui, à la fois semblable dans la forme et meilleure dans le fond. On lui avait imposé une autre femme. Une autre mère. Qu’il ne voulait pas et qu’il n’aimait pas.
« Si tu veux. Pourquoi pas. »
Pour l’Ancien que ça amusait. Pour Toryn surtout qu’il soupçonnait d’avoir un coup de blues aussi. Sûrement pas pour leur stupide Père.
Il ferma les yeux, vidant son esprit de ces choses que son frère n’avait pas besoin de savoir. Il s’ouvrit alors, laissant leur lien prendre toute la place. Ce qu’il imaginait comme un «wormhole » mêlé de Lumières et de Ténèbres. Il allait falloir se préparer. La sensation était terrible. Une puissance qui n’aurait pas du exister, flottant entre les deux, alors qu’ils ne devenaient qu’un. Quelque chose de gris. De brut. Qui n’avait pas d’alignement et recelait toutes les possibilités du monde. Une ivresse amère car elle n’était pas eux s’ils ne perdaient pas ce qu’ils étaient. C’était son pouvoir à lui, l’entité fantôme. Celui que Fao considérait comme le troisième. Celui qu’ils étaient quand ils n’étaient qu’un.
« Guide, je te suis. »
Avant cela, ils avaient été désagréables avec leur belle-mère, ce qui retombait souvent sur le ténébreux du couple, magie oblige. Le plus puissant aussi, des deux. Fao n’en avait pas le moindre doute. Les écoles, déjà, de son frère étaient les plus intéressantes. Et ses pouvoirs décuplés par le Choix qu’il avait fait (qu’ils avaient fait) et des inhibitions moindres. Il était celui qui était le plus revenu au pays et pourtant qui était parti le plus loin. C’était dérangeant quelque part parce que ce n’était pas logique. Sur le papier. Et il était certain que Père pouvait en vouloir à Toryn pour ça.
Oui. Il y avait plein de raisons pour lesquelles Père pouvait faire la sourde oreille. Et pourtant, son frère le liait à l’Evènement. Comme il liait beaucoup de choses à ce jour, niant souvent son existence et surtout sa culpabilité probable. Il n’avait pas été là. Ca avait été son erreur. C’était pour ça qu’on le soupçonnait. Un maître comme lui du déguisement et de l’illusion n’aurait eu aucun problème à fournir un alibi. Il n’avait pas été là, il avait reculé son retour et c’était suspect.
S’il avait fait comme lui, s’il était revenu pour faire l’idiot sur la propriété, il n’aurait pas été inquiété. Au-delà des histoires de Bien et de Mal et d’Ordre des Choses. Ils auraient pu agir ensemble. Il aurait découvert qu’ils étaient d’accord sur cette nécessité d’écarter les aventurières profitant de la solitude sentimentale d’un jeune veuf. Mais Toryn avait toujours été plus protecteur envers Père, le Château, l’Héritage. Il avait eu besoin de prendre les choses en main. Il avait eu besoin de revenir à Dunwatch après ses études.
Parfois, quand il se sentait d’humeur introspective, Faolan se demandait si son frère regrettait ce qu’il s’était passé. S’il avait des remords. S’il s’en voulait. C’était particulièrement frappant des jours comme celui-ci, quand ils se retrouvaient autour d’un souvenir. Quand l’Evènement refaisait surface. Père ne s’était jamais remarié. Fao y avait veillé, un soir où, une fois encore, Toryn n’était pas là. Père avait promit. Dans l’espoir, probablement, d’un pardon de son fils. Mais jamais le Lumineux n’avait pardonné à leur géniteur. Jamais il ne chercherait ses réponses, ses conseils ou son approbation. On lui avait prit sa mère. On l’avait enchaîné à une copie de lui-même, une copie qu’il vivait comme étant plus aboutie, plus complète que lui, à la fois semblable dans la forme et meilleure dans le fond. On lui avait imposé une autre femme. Une autre mère. Qu’il ne voulait pas et qu’il n’aimait pas.
« Si tu veux. Pourquoi pas. »
Pour l’Ancien que ça amusait. Pour Toryn surtout qu’il soupçonnait d’avoir un coup de blues aussi. Sûrement pas pour leur stupide Père.
Il ferma les yeux, vidant son esprit de ces choses que son frère n’avait pas besoin de savoir. Il s’ouvrit alors, laissant leur lien prendre toute la place. Ce qu’il imaginait comme un «wormhole » mêlé de Lumières et de Ténèbres. Il allait falloir se préparer. La sensation était terrible. Une puissance qui n’aurait pas du exister, flottant entre les deux, alors qu’ils ne devenaient qu’un. Quelque chose de gris. De brut. Qui n’avait pas d’alignement et recelait toutes les possibilités du monde. Une ivresse amère car elle n’était pas eux s’ils ne perdaient pas ce qu’ils étaient. C’était son pouvoir à lui, l’entité fantôme. Celui que Fao considérait comme le troisième. Celui qu’ils étaient quand ils n’étaient qu’un.
« Guide, je te suis. »
Re: Rencontre au sommet
Il ignora le sourire, typique d'un frère qui se croyait - à tort - être l'aîné, se concentra sur la réponse, condescendante au possible. 'Si il voulait'. 'Pourquoi pas'. Salopard de Lumineux. Il en avait autant envie que le Ténébreux, mais il préférerait crever la bouche ouverte que de l'admettre. Parce qu'une puissance brute et pure telle que celle qu'ils développaient lorsqu'ils s'accordaient n'était pas pour un Lumineux. Tout le monde savait que les Ténèbres étaient les plus puissantes, et il ne faisait aucun doute quand au pourquoi de la chose : des tas et des tas de livres, de films, et même de jeux vidéos l'avaient expliqué en mettant en avant le concept de bien contre le mal. Exprimée simplement, la vérité était la suivante : le Bien se retenait, pour ne pas heurter d'innocents par mégarde. Le Mal n'en avait rien à cirer, des innocents.
Et c'était là le fond de l'histoire : un Lumineux se retenait, et un Ténébreux se lâchait. Mais parce qu'un Ténébreux se lâche, il pratique une plus grande magie, plus fatigante. Et, comme un culturiste qui fait sa gym régulièrement, il est récompensé par plus de pouvoir. Accessoirement, Toryn était l'aîné. Il était normal qu'il soit plus puissant que son petit frère. Mais c'était pour ça, de l'avis de Toryn, qu'il devait toujours initier leurs associations. Parce que Fao, ce crétin bien-pensant - et encore, seulement en apparences, du moins voulait-il le faire croire -, refusait la puissance phénoménale qui était alors leur.
Il ferma les yeux, néanmoins, ce stupide petit frère, et Toryn sut qu'il se préparait. Il croyait encore, naïvement, qu'il pouvait lui cacher des choses. Il n'était rien que son frère put lui cacher s'il se mettait réellement en tête de savoir de quoi il était question. L'un des avantages de maîtriser la Manipulation, d'avoir un lien télépathique avec sa victime et de ne pas avoir de conscience pour freiner quoi que ce fut. Ceci étant, Toryn ne fouillait jamais pendant qu'ils s'associaient. Il trouvait ça malpoli, et puis il ne voulait pas faire comprendre à Fao que ses efforts étaient inutiles. Il préférait le voir continuer en vain. C'était bien plus amusant.
De toutes façons, il pouvait sentir leur lien, plus ouvert que jamais maintenant que son frère avait fait son ménage, et il s'y ouvrit de même. Toute information possible et imaginable, tout ce qu'il était possible de savoir sur l'un ou sur l'autre, tout cela 'flottait', librement, entre les deux êtres, qui s'en imprégnaient involontairement. Pas de vie privée pour les jumeaux. Peut-être leur Père n'avait-il effectivement eu qu'un unique enfant.
Fao lui proposa de guider, et Toryn leva les yeux au ciel. Évidemment qu'il guiderait. Depuis quand son petit frère guidait-il ? Enfin... Il ferma les yeux à son tour et se saisit des mains de son frère. Le contact physique n'était pas indispensable mais donnait à leurs efforts un coup de boost jamais négligeable. Il inspira profondément, puis expira. Une fois. Deux fois. Trois fois.
" A trois. "
La marque était importante. La coordination était primordiale.
" Un. "
Si l'un d'eux partait trop tôt, ou trop tard, s'il y avait le moindre décalage, ils ne pourraient pas développer toute leur puissance.
" Deux. "
Pire, ils prenaient le risque de se 'perdre' en dehors d'eux-même. D'après certaines théories, ils pourraient se retrouver l'un dans le corps de l'autre. Dans le meilleur des cas.
" Trois. "
Comme un voyage astral, Toryn se sentit et se vit quitter son propre corps pour se placer entre lui et son frère. Il sentit se dernier faire la même chose, au même moment, si bien qu'ils furent, astralement parlant, au même endroit, au même moment. Toryn, son lien vers son frère grand ouvert, toutes ses pensées se dirigeant vers lui et inversement, commença quelque gestes simple, comme de tendre le bras ou de lever le genou, et s'assura que son frère faisait bien la même chose, en même temps. Similaires en tous points, leurs auras de différentes couleurs, ils apparaissaient aux habitants du peuple Astral comme un seul et unique individu, gris et surpuissant, mû par la volonté de Toryn. Mais ce n'était pas Toryn, pas vraiment. Il aimait bien se désigner sous le terme d'Amerawdwr, lorsqu'il était ainsi.
L'Empereur de toutes choses.
Il observa le tas de pierres. Il pouvait le désintégrer, s'il le voulait. Il ne le ferait pas. Ce serait un manque de respect complet envers les Ancêtres. Mais le respect, ce n'était pas son truc. Plutôt celui de Fao.
Une fois n'était pas coutume, il lui proposa de décider de la suite des opérations. Après tout, ce lâche n'avait peur que de la formation d'Amerawdwr. Une fois l'Empereur là, et tant que son grand frère le tenait par la main, il pouvait prendre des décisions aussi. Il fallait juste que son frère le suive, car le moindre désaccord pouvait rendre leur association instable, et renvoyer Toryn et Faolán chacun chez soit, tuant Amerawdwr jusqu'à la fois suivante.
Et c'était là le fond de l'histoire : un Lumineux se retenait, et un Ténébreux se lâchait. Mais parce qu'un Ténébreux se lâche, il pratique une plus grande magie, plus fatigante. Et, comme un culturiste qui fait sa gym régulièrement, il est récompensé par plus de pouvoir. Accessoirement, Toryn était l'aîné. Il était normal qu'il soit plus puissant que son petit frère. Mais c'était pour ça, de l'avis de Toryn, qu'il devait toujours initier leurs associations. Parce que Fao, ce crétin bien-pensant - et encore, seulement en apparences, du moins voulait-il le faire croire -, refusait la puissance phénoménale qui était alors leur.
Il ferma les yeux, néanmoins, ce stupide petit frère, et Toryn sut qu'il se préparait. Il croyait encore, naïvement, qu'il pouvait lui cacher des choses. Il n'était rien que son frère put lui cacher s'il se mettait réellement en tête de savoir de quoi il était question. L'un des avantages de maîtriser la Manipulation, d'avoir un lien télépathique avec sa victime et de ne pas avoir de conscience pour freiner quoi que ce fut. Ceci étant, Toryn ne fouillait jamais pendant qu'ils s'associaient. Il trouvait ça malpoli, et puis il ne voulait pas faire comprendre à Fao que ses efforts étaient inutiles. Il préférait le voir continuer en vain. C'était bien plus amusant.
De toutes façons, il pouvait sentir leur lien, plus ouvert que jamais maintenant que son frère avait fait son ménage, et il s'y ouvrit de même. Toute information possible et imaginable, tout ce qu'il était possible de savoir sur l'un ou sur l'autre, tout cela 'flottait', librement, entre les deux êtres, qui s'en imprégnaient involontairement. Pas de vie privée pour les jumeaux. Peut-être leur Père n'avait-il effectivement eu qu'un unique enfant.
Fao lui proposa de guider, et Toryn leva les yeux au ciel. Évidemment qu'il guiderait. Depuis quand son petit frère guidait-il ? Enfin... Il ferma les yeux à son tour et se saisit des mains de son frère. Le contact physique n'était pas indispensable mais donnait à leurs efforts un coup de boost jamais négligeable. Il inspira profondément, puis expira. Une fois. Deux fois. Trois fois.
" A trois. "
La marque était importante. La coordination était primordiale.
" Un. "
Si l'un d'eux partait trop tôt, ou trop tard, s'il y avait le moindre décalage, ils ne pourraient pas développer toute leur puissance.
" Deux. "
Pire, ils prenaient le risque de se 'perdre' en dehors d'eux-même. D'après certaines théories, ils pourraient se retrouver l'un dans le corps de l'autre. Dans le meilleur des cas.
" Trois. "
Comme un voyage astral, Toryn se sentit et se vit quitter son propre corps pour se placer entre lui et son frère. Il sentit se dernier faire la même chose, au même moment, si bien qu'ils furent, astralement parlant, au même endroit, au même moment. Toryn, son lien vers son frère grand ouvert, toutes ses pensées se dirigeant vers lui et inversement, commença quelque gestes simple, comme de tendre le bras ou de lever le genou, et s'assura que son frère faisait bien la même chose, en même temps. Similaires en tous points, leurs auras de différentes couleurs, ils apparaissaient aux habitants du peuple Astral comme un seul et unique individu, gris et surpuissant, mû par la volonté de Toryn. Mais ce n'était pas Toryn, pas vraiment. Il aimait bien se désigner sous le terme d'Amerawdwr, lorsqu'il était ainsi.
L'Empereur de toutes choses.
Il observa le tas de pierres. Il pouvait le désintégrer, s'il le voulait. Il ne le ferait pas. Ce serait un manque de respect complet envers les Ancêtres. Mais le respect, ce n'était pas son truc. Plutôt celui de Fao.
Une fois n'était pas coutume, il lui proposa de décider de la suite des opérations. Après tout, ce lâche n'avait peur que de la formation d'Amerawdwr. Une fois l'Empereur là, et tant que son grand frère le tenait par la main, il pouvait prendre des décisions aussi. Il fallait juste que son frère le suive, car le moindre désaccord pouvait rendre leur association instable, et renvoyer Toryn et Faolán chacun chez soit, tuant Amerawdwr jusqu'à la fois suivante.
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
- Messages : 95
Date d'inscription : 07/03/2013
Age : 78
Habitat : Château
Clubs : Théâtre
Feuille de personnage
Ecole: Manipulation
Alignement: Ténèbres
Majeure/Mineure: Histoire/Géo
Re: Rencontre au sommet
Ils n'étaient déjà plus deux. Leur lien, ce fil qui les avait toujours relié s'était tendu avec une facilité déconcertante. Il aurait donné n'importe quoi pour avoir un effort à faire. Pour devoir construire cette connexion entre eux. Cela devait être merveilleux de bâtir une telle proximité. Et pourtant, elle le blessait dans ce contexte particulier. Il remettait en cause leur unicité d'être humain. Il sentait ce doute en lui. Il le sentait chez son frère, derrière le mépris et l'orgueil. Cette question lancinante qui n'aurait jamais de réponse sur le soi, l'être et toutes ces fariboles.
Le choix de Toryn d'étudier la philosophie n'était pas dû au hasard.
Rien n'était jamais dû au hasard chez le Ténébreux. Il était plus sensible, plus fragile, plus incertain qu'il ne le laissait paraître. C'était là sa vulnérabilité, celle qu'il cachait sous son agressivité. Aussi, Faolán n'était plus blessé par les piques qu'il sentait dans l'esprit fraternel. Il lui semblait que les pointes n'étaient retournées que contre leur auteur, vraiment. Qu'aurais-je été si j'avais choisi les Ténèbres/la Lumière. Si nous n'étions né qu'un. Ou trois, avec l'esprit de formation.
A trois justement.
Se concentrant sur le lien, l'écossais rassembla ses pensées, comme autant de lucioles dans le centre de son esprit. Il attrapa le tempo de son frère, suivant sa voix et sortit, en même temps que lui, pour le retrouver dans l'Autre Monde. Ils se placèrent en même temps entre leurs deux corps identiques, leurs auras se superposant totalement pour créer l'être qu'ils nommait Amerawdwr. A partir de ce moment, il n'y eut plus de pensées individuelles. Ils étaient un tout, concentrés sur l'ensemble. Ils tendirent le bras. Levèrent le genou. Il sentit l'envie fugace de bousiller le Cairn mais ne la suivit pas. Il n'avait pas un grand amour pour le symbole du tas de pierre mais il appréciait l'idée. Et puis c'était une question de respect. Peut-être que Mère était dedans.
Et puis on pouvait faire des choses tellement plus amusante que de détruire vraiment. N'avaient-ils pas prévu de jouer avec leur puissance, de divertir un Ancien ? Voyant qu'on le laissait décider, il tendit la main, puisant dans les pouvoirs de son frère pour en sortir une boule de feu, flottant à quelques centimètres au dessus de leur paume. C'était toujours leur première étape de magie, le feu. Ils pouvaient en faire ce qu'ils voulaient. Ils pouvaient l'élever en colonne jusqu'au ciel. Ils pouvaient créer une nouvelle étoile. Il insuffla de la puissance dans ce feu. Sans l'agrandir. Sans le changer. Plus de puissance concentrée dans la boule. Puisant dans sa magie personnelle, il en transforma les aspérités en glace. Une glace de feu qui ne fondait pas, cristallisant les flammes.
Il en conjura d'autres. Rien de très dangereux. Un peu de m'as-tu-vu pour l'ancien. Il fallait s'assurer que Toryn suivrait et ne rien faire qui le brouillerait où ce serait retour à la case jumeaux et sans passer par la case Paternelle. Pas qu'il ait besoin de cette entrevue mais son frère, visiblement, oui.
A l'intérieur de la flamme, il y mit une illusion de vie. Graine germant dans sa fournaise, créant tige, feuille, bourgeons de fleur qui s'ouvre à la lumière comme aux ténèbres. Une illusion si forte et si concrète qu'on aurait envie de tendre le bras pour la cueillir. Il aurait pu la faire pour de vrai mais il doutait, encore un peu, des connaissances biologiques de sa moitié. Et il n'avait fait qu'effleurer leur pouvoir. Frôlant toutes les écoles de magie pour les combiner en un élément unique et complexe. Ils pouvaient faire tellement plus. Ils pouvaient virtuellement tout faire. C'était ce qui rendait l'Empereur difficile à manipuler. Ils étaient deux avec l'infini devant eux. Ils pouvaient prendre ce qu'ils voulaient. A condition de le vouloir ensemble.
Il n'y avait qu'un nombre très limité de choses qu'ils voulaient à deux.
C'était plus facile quand ils étaient enfants.
Tout en gardant ses boules et leurs effets, Faolán se mit un peu en retrait, redonnant le devant de la scène à son frère. Pour le laisser, lui aussi, goûter à l'ivresse du pouvoir. Impressionner l'ancien. Et bavarder avec leur vieux si le cœur lui en disait. Tout ce qu'il voudrait sauf la Destruction. Pas parce qu'il avait peur, c'était une fausse excuse de ténébreux, la peur. Mais parce que c'était trop facile. Parce que la vraie puissance était dans la création de ce qui n'existait pas. L'invention d'un nouvel élément. Un humain de base pouvait détruire. Eux étaient au dessus.
Le choix de Toryn d'étudier la philosophie n'était pas dû au hasard.
Rien n'était jamais dû au hasard chez le Ténébreux. Il était plus sensible, plus fragile, plus incertain qu'il ne le laissait paraître. C'était là sa vulnérabilité, celle qu'il cachait sous son agressivité. Aussi, Faolán n'était plus blessé par les piques qu'il sentait dans l'esprit fraternel. Il lui semblait que les pointes n'étaient retournées que contre leur auteur, vraiment. Qu'aurais-je été si j'avais choisi les Ténèbres/la Lumière. Si nous n'étions né qu'un. Ou trois, avec l'esprit de formation.
A trois justement.
Se concentrant sur le lien, l'écossais rassembla ses pensées, comme autant de lucioles dans le centre de son esprit. Il attrapa le tempo de son frère, suivant sa voix et sortit, en même temps que lui, pour le retrouver dans l'Autre Monde. Ils se placèrent en même temps entre leurs deux corps identiques, leurs auras se superposant totalement pour créer l'être qu'ils nommait Amerawdwr. A partir de ce moment, il n'y eut plus de pensées individuelles. Ils étaient un tout, concentrés sur l'ensemble. Ils tendirent le bras. Levèrent le genou. Il sentit l'envie fugace de bousiller le Cairn mais ne la suivit pas. Il n'avait pas un grand amour pour le symbole du tas de pierre mais il appréciait l'idée. Et puis c'était une question de respect. Peut-être que Mère était dedans.
Et puis on pouvait faire des choses tellement plus amusante que de détruire vraiment. N'avaient-ils pas prévu de jouer avec leur puissance, de divertir un Ancien ? Voyant qu'on le laissait décider, il tendit la main, puisant dans les pouvoirs de son frère pour en sortir une boule de feu, flottant à quelques centimètres au dessus de leur paume. C'était toujours leur première étape de magie, le feu. Ils pouvaient en faire ce qu'ils voulaient. Ils pouvaient l'élever en colonne jusqu'au ciel. Ils pouvaient créer une nouvelle étoile. Il insuffla de la puissance dans ce feu. Sans l'agrandir. Sans le changer. Plus de puissance concentrée dans la boule. Puisant dans sa magie personnelle, il en transforma les aspérités en glace. Une glace de feu qui ne fondait pas, cristallisant les flammes.
Il en conjura d'autres. Rien de très dangereux. Un peu de m'as-tu-vu pour l'ancien. Il fallait s'assurer que Toryn suivrait et ne rien faire qui le brouillerait où ce serait retour à la case jumeaux et sans passer par la case Paternelle. Pas qu'il ait besoin de cette entrevue mais son frère, visiblement, oui.
A l'intérieur de la flamme, il y mit une illusion de vie. Graine germant dans sa fournaise, créant tige, feuille, bourgeons de fleur qui s'ouvre à la lumière comme aux ténèbres. Une illusion si forte et si concrète qu'on aurait envie de tendre le bras pour la cueillir. Il aurait pu la faire pour de vrai mais il doutait, encore un peu, des connaissances biologiques de sa moitié. Et il n'avait fait qu'effleurer leur pouvoir. Frôlant toutes les écoles de magie pour les combiner en un élément unique et complexe. Ils pouvaient faire tellement plus. Ils pouvaient virtuellement tout faire. C'était ce qui rendait l'Empereur difficile à manipuler. Ils étaient deux avec l'infini devant eux. Ils pouvaient prendre ce qu'ils voulaient. A condition de le vouloir ensemble.
Il n'y avait qu'un nombre très limité de choses qu'ils voulaient à deux.
C'était plus facile quand ils étaient enfants.
Tout en gardant ses boules et leurs effets, Faolán se mit un peu en retrait, redonnant le devant de la scène à son frère. Pour le laisser, lui aussi, goûter à l'ivresse du pouvoir. Impressionner l'ancien. Et bavarder avec leur vieux si le cœur lui en disait. Tout ce qu'il voudrait sauf la Destruction. Pas parce qu'il avait peur, c'était une fausse excuse de ténébreux, la peur. Mais parce que c'était trop facile. Parce que la vraie puissance était dans la création de ce qui n'existait pas. L'invention d'un nouvel élément. Un humain de base pouvait détruire. Eux étaient au dessus.
Re: Rencontre au sommet
Il retint un soupir, se concentrant sur l'accord essentiel, évident, et si fragile qu'il avait avec son frère. Il ressentait ses envies, comme des idées que lui-même aurait eu, et il n'avait qu'à agir dessus, comme si l'idée avait toujours été la sienne, comme si l'impulsion électrique était venue de son cerveau. La boule de feu était simple, la base du pouvoir moins que phénoménal qui était le sien par défaut, par débordement. Quelque part, l'un des pouvoirs qui leur faisait défaut. Qui faisaient défaut à Amerawdwr. Car si l'Empereur de toutes choses pouvait Manipuler et Transmuter à sa guise, s'il était capable d'Illusions que personne n'aurait cru possible, l'Elementarisme et la Conjuration lui faisaient encore quelque peu défaut. Intérieurement, il sourit. Peu importait. Avec le reste de ses pouvoirs combinés, l'Empereur n'avait pas tant à craindre. Il était immortel car il n'avait pas de corps, et il était indestructible par l'empilement de ses pouvoirs. Rien n'était hors de sa portée, et c'était pour cela qu'il était l'Empereur.
Amerawdwr.
Et son abruti de frère, avec tout ce pouvoir à sa portée, se contentait de jouer, comme un enfant. Il le suivait parce qu'il aimait le jeu, évidemment, mais il avait parfois du mal à en voir l'intérêt réel. Et puis la vie naquit, sous ses yeux. Oooh, c'était donc là que voulait en venir son frère. Il était dit que Dieu avait créé la Terre et toutes choses en six jours. Et voilà que Faolán voulait prouver qu'Amerawdwr pouvait faire de même en six minutes. Toryn suivit le mouvement, sans hésiter un instant. L'Empereur de Toutes Choses, forcément, était un Dieu surpuissant. Et ils allaient le prouver en créant la vie ? Pourquoi pas. Et puis, il réalisa que la chose n'existait pas. Une simple illusion, pas sans consistance, pas sans corps, mais sans épaisseur. Creuse, et vide. Et cela lui déplut. Il savait, au fond de lui, qu'ils pouvaient faire mieux, tellement mieux. Qu'ils pouvaient faire vrai.
Et il allait le prouver. Il sentit son cadet se retirer du devant de la scène, lui laissant une nouvelle fois la responsabilité des actions de l'Empereur. Et il n'allait pas laisser échapper cette chance. Il ne savait pas si son frère était capable de faire ce qu'il avait en tête, mais peu lui importait. Tout l'intérêt d'Amerawdwr était là. Amerawdwr pouvait faire ce qu'aucun d'entre eux ne pouvait ou même ne savait faire, individuellement.
Toryn commença par rassembler les boules et les fusionner, s'assurant bien que le feu se mêle au feu, la glace à la glace, l'illusion à l'illusion, chaque élément se nourrissant des nouveaux arrivants pour créer une boule toujours plus grosse. Une fois cela fait, il la fit descendre au sol, un peu plus loin. La glace se posa sur la végétation et la fit geler, la rendant cassante et humide. Le feu fit fondre tout cela, rendant le sol humide et légèrement mou. Pas meuble, mais juste assez mou pour la suite. Ensuite, manipulant les éléments autour, il planta l'illusion dans le sol, aussi véritablement que virtuellement, les racines s'encastrant dans un sol qui s'écartait sur leur passage. Il fit tout cela délicatement, doucement, puisant dans la puissance illusoire offerte par son frère pour garder ses efforts concentrés sur l'enracinement.
Une fois cela fait, il fallait encore rendre la chose réelle. Cette fois, l'Empereur aurait plus besoin des pouvoirs de son frère que des siens, mais il ne lui rendit pas la bride pour autant. Il allait rester aux commandes, donner les ordres, lentement, calmement, précautionneusement, pour que rien ne puisse mal se passer. En combinant son élémentarisme et la conjuration de son frère, Amerawdwr était capable de faire apparaitre, lentement, précautionneusement, une graine. Une toute petite graine de rien du tout, telle un gland, mais pas exactement. Toryn ne savait pas ce qu'était un gland, au plus profond, ce qui le différenciait d'une noix. Et il s'en fichait. Il fallait maintenant extraire les nutriments du sol, de la terre, et les offrir à la graine. Les nutriments, et de l'eau, et du soleil. Il faisait grand soleil sur leur petite expérience. Même s'il y avait eu des nuages dans le ciel, les chasser aurait été un jeu d'enfant pour l'Empereur. Et la graine, pendant ce temps, grandissait. Aidée par un peu de transmutation, par des nutriments décuplés par conjuration - conjurer quelque chose sans modèle était certes compliqué, mais avec un exemple, c'était l'enfance de l'art, comme une photocopie -, de l'eau et d'autres nutriments en abondance par élémentarisme, le tout soutenu par une illusion et injecté par manipulation.
Amerawdwr dans toute sa splendeur.
Toryn savait que Faolán acquiesçait. Il ne pouvait qu'être d'accord. Il ne pouvait que suivre le mouvement. La Création était l'ultime pouvoir. Même lui qui était Ténébreux le savait. Alors, un Lumineux...
Après un temps qui lui sembla très long, et un épuisement qui lui sembla conséquent, il s'arrêta un instant pour souffler, méta-physiquement, et contempler son œuvre. Leur œuvre. L'œuvre d'Amerawdwr. Il y avait quelque chose de triste à l'idée que cette merveille ne soit pas la leur, pas complètement, pas vraiment. Mais elle était. Un arbre, planté là où il n'y avait, au début de la journée, que de l'herbe, presque aride et stérile en un sens. Il aurait été bien incapable, cependant, de savoir de quel arbre il s'agissait. Peut-être l'avaient-ils créé de toute pièce. Une espèce nouvelle, étrange, bizarre, propre à Dunwatch. Il se sentait épuisé mais heureux. Il avait démontrer un Pouvoir incommensurable. Il avait fait ce que nul autre au monde n'était capable de faire. Il avait créé la vie, une nouvelle espèce. L'arbre était correctement planté, il y avait veillé. Dans un sol qui, malgré leur expérience, restait relativement fertile. Il vivrait. Il continuerait de grandir. Ici, près du Cairn. Une plante verte pour égayer la demeure des Ancêtres.
Il se retourna, et avec lui Faolán et Amerawdwr, pour voir leur réaction.
Ils auraient forcément une réaction.
Personne ne pouvait rester insensible à ça.
Amerawdwr.
Et son abruti de frère, avec tout ce pouvoir à sa portée, se contentait de jouer, comme un enfant. Il le suivait parce qu'il aimait le jeu, évidemment, mais il avait parfois du mal à en voir l'intérêt réel. Et puis la vie naquit, sous ses yeux. Oooh, c'était donc là que voulait en venir son frère. Il était dit que Dieu avait créé la Terre et toutes choses en six jours. Et voilà que Faolán voulait prouver qu'Amerawdwr pouvait faire de même en six minutes. Toryn suivit le mouvement, sans hésiter un instant. L'Empereur de Toutes Choses, forcément, était un Dieu surpuissant. Et ils allaient le prouver en créant la vie ? Pourquoi pas. Et puis, il réalisa que la chose n'existait pas. Une simple illusion, pas sans consistance, pas sans corps, mais sans épaisseur. Creuse, et vide. Et cela lui déplut. Il savait, au fond de lui, qu'ils pouvaient faire mieux, tellement mieux. Qu'ils pouvaient faire vrai.
Et il allait le prouver. Il sentit son cadet se retirer du devant de la scène, lui laissant une nouvelle fois la responsabilité des actions de l'Empereur. Et il n'allait pas laisser échapper cette chance. Il ne savait pas si son frère était capable de faire ce qu'il avait en tête, mais peu lui importait. Tout l'intérêt d'Amerawdwr était là. Amerawdwr pouvait faire ce qu'aucun d'entre eux ne pouvait ou même ne savait faire, individuellement.
Toryn commença par rassembler les boules et les fusionner, s'assurant bien que le feu se mêle au feu, la glace à la glace, l'illusion à l'illusion, chaque élément se nourrissant des nouveaux arrivants pour créer une boule toujours plus grosse. Une fois cela fait, il la fit descendre au sol, un peu plus loin. La glace se posa sur la végétation et la fit geler, la rendant cassante et humide. Le feu fit fondre tout cela, rendant le sol humide et légèrement mou. Pas meuble, mais juste assez mou pour la suite. Ensuite, manipulant les éléments autour, il planta l'illusion dans le sol, aussi véritablement que virtuellement, les racines s'encastrant dans un sol qui s'écartait sur leur passage. Il fit tout cela délicatement, doucement, puisant dans la puissance illusoire offerte par son frère pour garder ses efforts concentrés sur l'enracinement.
Une fois cela fait, il fallait encore rendre la chose réelle. Cette fois, l'Empereur aurait plus besoin des pouvoirs de son frère que des siens, mais il ne lui rendit pas la bride pour autant. Il allait rester aux commandes, donner les ordres, lentement, calmement, précautionneusement, pour que rien ne puisse mal se passer. En combinant son élémentarisme et la conjuration de son frère, Amerawdwr était capable de faire apparaitre, lentement, précautionneusement, une graine. Une toute petite graine de rien du tout, telle un gland, mais pas exactement. Toryn ne savait pas ce qu'était un gland, au plus profond, ce qui le différenciait d'une noix. Et il s'en fichait. Il fallait maintenant extraire les nutriments du sol, de la terre, et les offrir à la graine. Les nutriments, et de l'eau, et du soleil. Il faisait grand soleil sur leur petite expérience. Même s'il y avait eu des nuages dans le ciel, les chasser aurait été un jeu d'enfant pour l'Empereur. Et la graine, pendant ce temps, grandissait. Aidée par un peu de transmutation, par des nutriments décuplés par conjuration - conjurer quelque chose sans modèle était certes compliqué, mais avec un exemple, c'était l'enfance de l'art, comme une photocopie -, de l'eau et d'autres nutriments en abondance par élémentarisme, le tout soutenu par une illusion et injecté par manipulation.
Amerawdwr dans toute sa splendeur.
Toryn savait que Faolán acquiesçait. Il ne pouvait qu'être d'accord. Il ne pouvait que suivre le mouvement. La Création était l'ultime pouvoir. Même lui qui était Ténébreux le savait. Alors, un Lumineux...
Après un temps qui lui sembla très long, et un épuisement qui lui sembla conséquent, il s'arrêta un instant pour souffler, méta-physiquement, et contempler son œuvre. Leur œuvre. L'œuvre d'Amerawdwr. Il y avait quelque chose de triste à l'idée que cette merveille ne soit pas la leur, pas complètement, pas vraiment. Mais elle était. Un arbre, planté là où il n'y avait, au début de la journée, que de l'herbe, presque aride et stérile en un sens. Il aurait été bien incapable, cependant, de savoir de quel arbre il s'agissait. Peut-être l'avaient-ils créé de toute pièce. Une espèce nouvelle, étrange, bizarre, propre à Dunwatch. Il se sentait épuisé mais heureux. Il avait démontrer un Pouvoir incommensurable. Il avait fait ce que nul autre au monde n'était capable de faire. Il avait créé la vie, une nouvelle espèce. L'arbre était correctement planté, il y avait veillé. Dans un sol qui, malgré leur expérience, restait relativement fertile. Il vivrait. Il continuerait de grandir. Ici, près du Cairn. Une plante verte pour égayer la demeure des Ancêtres.
Il se retourna, et avec lui Faolán et Amerawdwr, pour voir leur réaction.
Ils auraient forcément une réaction.
Personne ne pouvait rester insensible à ça.
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
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Majeure/Mineure: Histoire/Géo
Re: Rencontre au sommet
Il sentait l'ambition dans l'être-eux qu'ils étaient. Il enfouit ses doutes pour ne pas perturber l'harmonie. Il aide les boules à fusionner, voyant l'illusion prendre corps et textures sous ses couches de magies. La boule descendit sur le sol. Le feu lui donna l'énergie. L'eau fournit la nourriture. Comme un big-bang pacifique, ils recréaient les conditions de la naissance de la vie. Il insuffla un peu de vent dans leur boule, ajoutant l'élément manquant alors que son frère plantait l'illusion. Ils agissaient de concert, ensemble, comme deux mains, l'une maîtresse, l'autre de soutient, pour créer, pour nourrir, pour imaginer.
L'illusion était le lien entre leurs pouvoirs. Elle puisait dans les deux êtres, dans la force même d'Amerawdwr. Gagnant en texture autant qu'en réalité. Au milieu de l'illusion, ils firent apparaître une graine. Un concentré de vie dans une coque dure. Tandis que son frère se concentrait sur la forme du fruit, son message, son code génétique en quelque sorte puisque toute graine est embryon, lui s'assurait qu'il y avait les composants nécessaires. Les glucides, l'eau, les lipides, les protides, la base de la vie. Il passait et repassait derrière, ajoutant les détails. Toujours ensemble, toujours en harmonie, la majeure et la mineure jouant en contrepoint.
Ils firent grandir le gland. Pour ne pas épuiser la terre autour d'eux, ils conjurèrent eux-même les nutriments, l'eau et les éléments nécessaires. Ils créaient. Et c'était compliqué car ce n'était pas leur force première, eux qui étaient plus dans la modification ou le déplacement des forces déjà existantes. Mais c'était passionnant. C'était de la magie dans ce qu'elle avait de plus fondamental. De plus simple. De plus complexe. Et de plus grand. Ils utilisaient les voies de la nature pour les tordre à leur désir. Ils créaient. Ensemble.
Le temps semblait aussi se plier à leur volonté. Et ils firent passer des années en seconde, amenant toujours plus de miettes fondamentales à l'écuelle de leur créature. Facilement au début, puis laborieusement, puis avec une aisance nouvelle puisée dans le second souffle. La fatigue finissait par se faire sentir toutefois et ils s'arrêtèrent un moment pour souffler. Amerawdwr contempla son œuvre. Là où, auparavant, il n'y avait rien, un arbre se tenait. Protégeant du soleil un Cairn indifférent et stupide, prouvant que la grande époque des Culánn était encore à venir, symbolisant un état d'esprit. Ils avaient leurs racines sur cette colline. Tous les deux. Tous les trois. Tous les uns. Le vent fit bruisser les feuilles, dentelées comme celles d'un chêne et pourtant différent. L'écorce avait la couleur du peuplier et la finesse du bouleau. C'était l'Arbre. Leur représentation commune de ce qu'il devait être. Il sourit à la pensée qu'un enfant doté de tels pouvoirs l'aurait fait en nuage vert uni avec des ronds rouges pour représenter les pommes. Il se demanda ce qu'en penseraient les habitants s'ils étaient capable de s'en rendre compte et si, justement, ils étaient capable de s'en rendre compte.
Un oiseau se posa sur une branche et tapa contre le tronc. La vie habitait ce lieu. C'était le plus bel hommage. Un autre se jouait pourtant à leurs pieds. Quelques pierres branlaient en haut du Cairn. Reprenant les rênes pour laisser à son frère le loisir de souffler, il interrogea l'édifice. C'était une présence masculine. Inconnue et familiale qui exprimait son approbation. Le langage n'était pas le bon, si tant était qu'il y en avait un. Une communication passait toutefois par des canaux qu'il ne valait mieux pas se mettre en tête d'interroger. Et il était content, l'Ancien. Et pas que lui. D'autres présences plus ou moins fortes l'accompagnaient. Des hommes. Des femmes. Des vieux et des jeunes. De toutes les écoles, de tous les alignements. Des Culánn. La fatigue s'estompa quelque peu. Il lui semblait que les pierres absorbaient leur épuisement et envoyaient de la force supplémentaire à Amerawdwr. Mais pour quoi faire, là était la question. Ils avaient déjà été Dieu cet après-midi, il n'avait ni l'intention, ni la force.
« C'est bon, t'es fier de nous maintenant ou bien ? »
Père était sûrement là quelque part. Au milieu des autres. Caché comme le lâche qu'il était. Faolán pouvait bien se passer de son avis, seulement Toryn en avait besoin, lui. Alors il chercha dans les esprits du Cairn. Fouillant en quête du lien direct entre leurs âmes. Il ne le laisserait pas s'échapper. Il ne le laisserait pas les fuir comme il l'avait si souvent fait cette présence absente qui ne pensait qu'à son plaisir et jamais à ses enfants. Qui avait laissé mère mourir. Qui l'avait remplacée...
« Montre toi à ton Empereur. »
L'illusion était le lien entre leurs pouvoirs. Elle puisait dans les deux êtres, dans la force même d'Amerawdwr. Gagnant en texture autant qu'en réalité. Au milieu de l'illusion, ils firent apparaître une graine. Un concentré de vie dans une coque dure. Tandis que son frère se concentrait sur la forme du fruit, son message, son code génétique en quelque sorte puisque toute graine est embryon, lui s'assurait qu'il y avait les composants nécessaires. Les glucides, l'eau, les lipides, les protides, la base de la vie. Il passait et repassait derrière, ajoutant les détails. Toujours ensemble, toujours en harmonie, la majeure et la mineure jouant en contrepoint.
Ils firent grandir le gland. Pour ne pas épuiser la terre autour d'eux, ils conjurèrent eux-même les nutriments, l'eau et les éléments nécessaires. Ils créaient. Et c'était compliqué car ce n'était pas leur force première, eux qui étaient plus dans la modification ou le déplacement des forces déjà existantes. Mais c'était passionnant. C'était de la magie dans ce qu'elle avait de plus fondamental. De plus simple. De plus complexe. Et de plus grand. Ils utilisaient les voies de la nature pour les tordre à leur désir. Ils créaient. Ensemble.
Le temps semblait aussi se plier à leur volonté. Et ils firent passer des années en seconde, amenant toujours plus de miettes fondamentales à l'écuelle de leur créature. Facilement au début, puis laborieusement, puis avec une aisance nouvelle puisée dans le second souffle. La fatigue finissait par se faire sentir toutefois et ils s'arrêtèrent un moment pour souffler. Amerawdwr contempla son œuvre. Là où, auparavant, il n'y avait rien, un arbre se tenait. Protégeant du soleil un Cairn indifférent et stupide, prouvant que la grande époque des Culánn était encore à venir, symbolisant un état d'esprit. Ils avaient leurs racines sur cette colline. Tous les deux. Tous les trois. Tous les uns. Le vent fit bruisser les feuilles, dentelées comme celles d'un chêne et pourtant différent. L'écorce avait la couleur du peuplier et la finesse du bouleau. C'était l'Arbre. Leur représentation commune de ce qu'il devait être. Il sourit à la pensée qu'un enfant doté de tels pouvoirs l'aurait fait en nuage vert uni avec des ronds rouges pour représenter les pommes. Il se demanda ce qu'en penseraient les habitants s'ils étaient capable de s'en rendre compte et si, justement, ils étaient capable de s'en rendre compte.
Un oiseau se posa sur une branche et tapa contre le tronc. La vie habitait ce lieu. C'était le plus bel hommage. Un autre se jouait pourtant à leurs pieds. Quelques pierres branlaient en haut du Cairn. Reprenant les rênes pour laisser à son frère le loisir de souffler, il interrogea l'édifice. C'était une présence masculine. Inconnue et familiale qui exprimait son approbation. Le langage n'était pas le bon, si tant était qu'il y en avait un. Une communication passait toutefois par des canaux qu'il ne valait mieux pas se mettre en tête d'interroger. Et il était content, l'Ancien. Et pas que lui. D'autres présences plus ou moins fortes l'accompagnaient. Des hommes. Des femmes. Des vieux et des jeunes. De toutes les écoles, de tous les alignements. Des Culánn. La fatigue s'estompa quelque peu. Il lui semblait que les pierres absorbaient leur épuisement et envoyaient de la force supplémentaire à Amerawdwr. Mais pour quoi faire, là était la question. Ils avaient déjà été Dieu cet après-midi, il n'avait ni l'intention, ni la force.
« C'est bon, t'es fier de nous maintenant ou bien ? »
Père était sûrement là quelque part. Au milieu des autres. Caché comme le lâche qu'il était. Faolán pouvait bien se passer de son avis, seulement Toryn en avait besoin, lui. Alors il chercha dans les esprits du Cairn. Fouillant en quête du lien direct entre leurs âmes. Il ne le laisserait pas s'échapper. Il ne le laisserait pas les fuir comme il l'avait si souvent fait cette présence absente qui ne pensait qu'à son plaisir et jamais à ses enfants. Qui avait laissé mère mourir. Qui l'avait remplacée...
« Montre toi à ton Empereur. »
Re: Rencontre au sommet
Un oiseau se posa sur une branche et tapa contre le tronc, et Toryn s'en foutait. Complètement. Il avait créé la vie, techniquement, et il n'y avait rien de plus normal que cette dernière y soit attirée. Comme une mouche sur le miel. Non, ce qui intéressait Toryn se passait du côté du Cairn. Des pierres branlantes, un aïeul - parce qu'il s'agissait d'un homme, aucun doute à ce sujet -, voire plusieurs, applaudissait l'effort, la prestation, le miracle. Et quoi de plus normal ? Toryn sentait Faolán patauger, ne pas comprendre, ne pas forcément chercher à comprendre, oubliant peut-être dans leur épuisement qu'ils étaient Amerawdwr, et qu'il leur appartenait l'Univers entier, ainsi que ce Cairn, leurs habitants, et la compréhension de ce qu'il se disait. Mais il ne dit rien, ne pensa rien, ne fit rien. Son idiot de petit frère était aux commandes, et il valait mieux aller dans son sens pour le moment, pour ne pas perdre le lien. Son heure viendrait, de toutes façons. L'heure de ressusciter les morts. Enfin, un mort. Car au fur et à mesure qu'il pouvait sentir tous les ancêtres marquer leur fierté, prêter leur énergie, devant leur Empereur, né dans leur lignée pour leur plus grand gloire. Toryn se demandait parfois, d'ailleurs, si d'autres Empereurs étaient venus avant eux. Si ça se trouvait, il y en avait un par génération, ou toutes les trois générations, ou par millénaire. Ou ils étaient le premier. Mais ça, il en doutait. A voir la réaction du Cairn, ils avaient dû connaître un autre Empereur. Ou en entendre parler, au moins. La fierté d'avoir un Empereur dans la famille était le sentiment le plus évident, le plus prédominant, dans ce tas de cailloux.
La phrase de Faolán, le soin dans le choix des mots, choquèrent Toryn au point de le faire manquer éclater de rire. Il s'y était attendu, bien sûr, elle était passée dans leur pensée commune quelques instants avant d'être prononcée, et il avait synchronisé ses lèvres, mais l'agacement de son frère et la façon dont il le démontrait avaient quelque chose de sur-réel. En fait, il se rendait maintenant compte, avec bien plus de brutalité et d'évidence que par leur "simple" lien commun, le degré de haine qu'éprouvait son frère à l'égard de leur père. Et il ne comprenait pas, pas vraiment. La famille était importante. Les liens du sang. Bien sûr, leur père était un couard, un connard, et d'autres mots en "c" ou en "ard", mais il était leur père. Leur géniteur. Leur sang. Pour Toryn, ça avait de l'importance. C'était aussi pour ça, l'Ecole. Les Cousins. Pour aider et rassembler la famille. C'était aussi pour ça, le Cairn. Pour que toute la famille soit réunie. C'était aussi pour ça, leur cadeau. Pour faire plaisir, pour rendre service, mais à la famille. Au sang. Pourquoi et comment son frère, son propre petit frère, tout stupide soit-il, ne pouvait-il pas voir, pas comprendre, cette simple évidence ?
Leur père était leur père.
Et il allait se montrer devant son Empereur, oooh oui.
Suivant le lien que Faolán avait trouvé, Toryn reprit, doucement mais fermement, le contrôle des opérations. Ce qui allait suivre, après tout, contenait une très grand part de manipulation. Sa spécialité, pas vrai ? Alors il tira, tooooout doucement, sur le lien. Jusqu'à trouver une oreille, réfractaire, à laquelle il susurra des mots doux d'une voix, des menaces de l'autre. Gentil Caster et Méchant Caster, rôles inversés suite à une erreur de casting regrettable. Et tout en murmurant des petits riens qui se répandaient le long du lien tendu, il tirait. Inexorablement. Jusqu'à ce qu'une pierre jusqu'ici immobile ne frémisse. Tout doucement, mais pas au point que l'Empereur ne la remarque pas. Il sourit. Il fit appel à l'illusion de son frère tout en maintenant sa propre concentration sur sa Manipulation pour faire apparaitre l'âme de leur très cher père. Et pour lui donner forme, et voix, par le vent et ses modulations, en concordance avec les pensées de l'âme, de la présence, de l'esprit, de l'énergie résiduelle de leur père. Et tout cela, grâce à la force prêtée par les autres ancêtres. Un arbre contre un père. Le deal était équitable, quelque part.
Et finalement, il apparut. Pas vraiment dans toute sa splendeur, puisqu'il apparut conformément au dernier souvenir que les frères en partageait. Il avait l'air encore plus pathétique en vrai. Encore plus misérable. Encore plus en retrait, comme s'il avait peur d'eux.
" Ton Empereur ne te fera aucun mal, vermisseau. Ton Empereur t'aime, comme il aime tout ses sujets, qui sont tous ses enfants. N'aimes-tu pas tes enfants, Nollan Culánn, du Clan Culánn, père de l'Empereur ? "
Il avait prononcé ces mots d'une voix douce, sirupeuse, presque. L'Empereur ne s'énervait bien entendu pas. C'était un truc de manant, de s'énerver. Indigne du Maître de Toute Vie. Et de toute mort.
Il attendit la réponse du ver de terre qu'il avait sous les yeux, ses propres sentiments de fidélité sanguine se mêlant, comme de juste, à l'agacement de son frère. Même leurs sentiments n'étaient pas vraiment uniques...
La phrase de Faolán, le soin dans le choix des mots, choquèrent Toryn au point de le faire manquer éclater de rire. Il s'y était attendu, bien sûr, elle était passée dans leur pensée commune quelques instants avant d'être prononcée, et il avait synchronisé ses lèvres, mais l'agacement de son frère et la façon dont il le démontrait avaient quelque chose de sur-réel. En fait, il se rendait maintenant compte, avec bien plus de brutalité et d'évidence que par leur "simple" lien commun, le degré de haine qu'éprouvait son frère à l'égard de leur père. Et il ne comprenait pas, pas vraiment. La famille était importante. Les liens du sang. Bien sûr, leur père était un couard, un connard, et d'autres mots en "c" ou en "ard", mais il était leur père. Leur géniteur. Leur sang. Pour Toryn, ça avait de l'importance. C'était aussi pour ça, l'Ecole. Les Cousins. Pour aider et rassembler la famille. C'était aussi pour ça, le Cairn. Pour que toute la famille soit réunie. C'était aussi pour ça, leur cadeau. Pour faire plaisir, pour rendre service, mais à la famille. Au sang. Pourquoi et comment son frère, son propre petit frère, tout stupide soit-il, ne pouvait-il pas voir, pas comprendre, cette simple évidence ?
Leur père était leur père.
Et il allait se montrer devant son Empereur, oooh oui.
Suivant le lien que Faolán avait trouvé, Toryn reprit, doucement mais fermement, le contrôle des opérations. Ce qui allait suivre, après tout, contenait une très grand part de manipulation. Sa spécialité, pas vrai ? Alors il tira, tooooout doucement, sur le lien. Jusqu'à trouver une oreille, réfractaire, à laquelle il susurra des mots doux d'une voix, des menaces de l'autre. Gentil Caster et Méchant Caster, rôles inversés suite à une erreur de casting regrettable. Et tout en murmurant des petits riens qui se répandaient le long du lien tendu, il tirait. Inexorablement. Jusqu'à ce qu'une pierre jusqu'ici immobile ne frémisse. Tout doucement, mais pas au point que l'Empereur ne la remarque pas. Il sourit. Il fit appel à l'illusion de son frère tout en maintenant sa propre concentration sur sa Manipulation pour faire apparaitre l'âme de leur très cher père. Et pour lui donner forme, et voix, par le vent et ses modulations, en concordance avec les pensées de l'âme, de la présence, de l'esprit, de l'énergie résiduelle de leur père. Et tout cela, grâce à la force prêtée par les autres ancêtres. Un arbre contre un père. Le deal était équitable, quelque part.
Et finalement, il apparut. Pas vraiment dans toute sa splendeur, puisqu'il apparut conformément au dernier souvenir que les frères en partageait. Il avait l'air encore plus pathétique en vrai. Encore plus misérable. Encore plus en retrait, comme s'il avait peur d'eux.
" Ton Empereur ne te fera aucun mal, vermisseau. Ton Empereur t'aime, comme il aime tout ses sujets, qui sont tous ses enfants. N'aimes-tu pas tes enfants, Nollan Culánn, du Clan Culánn, père de l'Empereur ? "
Il avait prononcé ces mots d'une voix douce, sirupeuse, presque. L'Empereur ne s'énervait bien entendu pas. C'était un truc de manant, de s'énerver. Indigne du Maître de Toute Vie. Et de toute mort.
Il attendit la réponse du ver de terre qu'il avait sous les yeux, ses propres sentiments de fidélité sanguine se mêlant, comme de juste, à l'agacement de son frère. Même leurs sentiments n'étaient pas vraiment uniques...
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
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Feuille de personnage
Ecole: Manipulation
Alignement: Ténèbres
Majeure/Mineure: Histoire/Géo
Re: Rencontre au sommet
Il sentit un tiraillement dans sa volonté, une envie d'échange qui n'était pas vraiment la sienne, grattant dans son agacement. Il prit sur lui, il laissa faire. Retournant dans l'ombre où il était le mieux. L'amertume l'avait submergé un moment. Il en sentait l'écho chez son frère. Son choc aussi. Son incompréhension. Il n'avait pas envie de se justifier. Il n'avait pas envie d'être compris par son jumeau. Il voulait garder ce sentiment comme étant le sien. Il était d'accord cependant, sur l'essentiel. Le Sang était important. L'école était surtout pour ça. Pour retrouver la famille, se faire un nid, une place dans une société liée par ce qu'il y avait de plus puissant au monde. Ce que leur père n'avait jamais essayé de faire. Depuis le lancement de cette histoire, il s'était découvert des Cousins, certains très proches, dont il n'avait pas eu conscience avant. Pourquoi ? Que s'était-il passé entre Père et ses sœurs ? Pourquoi le château avait-il été si vide toutes ces années ? Où était Mère ? Cette dernière question en réponse à la pensée de Toryn sur la Famille et le Cairn.
Il ne haïssait pas Père. Ce sentiment était trop actif pour convenir. Il s'agissait d'un mépris, d'une amertume et d'une violente envie de le mettre face à ces responsabilités qu'il avait fuies toutes sa vie. Il ne voulait pas le détruire. Il n'avait rien fait en ce sens. Il voulait juste sortir de sa vie. Et avant, le voir reconnaître qu'il était fier d'eux. En tant qu'individus, uniques, et en tant qu'entité, aussi. Il voulait être compris. Le sang c'était bien. Mais le sang n'expliquait rien. Il imposait. Un respect. Une reconnaissance. Lui voulait comprendre. Comprendre pourquoi son cadet avait autant besoin de la Reconnaissance du Sang.
Suivant le lien qu'empruntait Toryn, dans l'ombre, encore, Faolán le regarda tirer doucement, donnant son appui quand nécessaire, refoulant son identité pour un lien plus stable. Il regarda la pierre bouger, de plus en plus indifférent à ce qui allait suivre. Docilement, il prêta son illusion, créant une image de leur père tel qu'il était la dernière fois qu'ils s'en souvenaient. Et, parce qu'il était lumineux, parce que, malgré tout, le Sang était le Sang, il lui fit une enveloppe dont personne n'avait à rougir. Avec les vêtements qu'il aimait porter, ceux qui faisaient son quotidien. Il le regarda par les yeux de l'Empereur, pathétique petit vermisseau tremblant, souvenir d'être humain.
Les mots choisis étaient ceux du Ténébreux, drapé dans l'anonymat d'Amerawdwr. Et la question lancinante que tous deux se posaient. Nollan aimait-il ses enfants ? Et à le voir bafouiller là, ersatz d'âme effrayée, Faolán ne ressentit qu'une profonde lassitude. Il n'avait même pas envie de prendre les rênes. Pour dire quoi. Pour le secouer, ce vieux tas de magie sans intérêt ? Pour lui arracher la bonne réponse ? Et quelle était-elle. Voulaient-ils qu'il les aime ou qu'il avoue ne les avoir jamais apprécié ? Toryn avait-il seulement vraiment besoin de ce genre de réponses ? Après tout ce temps ? Il sentit les sentiments de fidélité sanguine se mêler à son propre agacement devant le manque de décision du géniteur. Il soupira mentalement.
Dehors, les assurances d'un amour maladroit commençaient à sortir de la bouche du fantôme. Le vieux se prenait les pieds dans un tapis fumeux de protestations et de preuves. Peut-être qu'il les aimait pour de vrai, maladroitement comme souvent les pères. Peut-être qu'il mentait. Il y avait sûrement un moyen de savoir mais Fao en avait entendu assez, et il en avait marre.
Il ne rompit pas d'office la fusion mais sa volonté d'arrêter était palpable. De même que son scepticisme quant à la capacité de l'Empereur d'obtenir une vraie réponse. Il sentit quelque chose lui dire qu'il fuyait. Il ne savait pas s'il s'agissait de sa propre conscience, de celle de son frère ou d'une manifestation de l'Empereur comme il y en avait parfois. Peut-être qu'il fuyait. Peut-être que fuir était la chose à faire. Après tout, rechercher un géniteur mort pour lui arracher des réponses en utilisant un être surpuissant n'était pas vraiment dans l'Ordre des Choses, même pas après la Création d'une Nouvelle Forme de Vie. A moins de créer une Nouvelle Forme de Mort...
Il ne haïssait pas Père. Ce sentiment était trop actif pour convenir. Il s'agissait d'un mépris, d'une amertume et d'une violente envie de le mettre face à ces responsabilités qu'il avait fuies toutes sa vie. Il ne voulait pas le détruire. Il n'avait rien fait en ce sens. Il voulait juste sortir de sa vie. Et avant, le voir reconnaître qu'il était fier d'eux. En tant qu'individus, uniques, et en tant qu'entité, aussi. Il voulait être compris. Le sang c'était bien. Mais le sang n'expliquait rien. Il imposait. Un respect. Une reconnaissance. Lui voulait comprendre. Comprendre pourquoi son cadet avait autant besoin de la Reconnaissance du Sang.
Suivant le lien qu'empruntait Toryn, dans l'ombre, encore, Faolán le regarda tirer doucement, donnant son appui quand nécessaire, refoulant son identité pour un lien plus stable. Il regarda la pierre bouger, de plus en plus indifférent à ce qui allait suivre. Docilement, il prêta son illusion, créant une image de leur père tel qu'il était la dernière fois qu'ils s'en souvenaient. Et, parce qu'il était lumineux, parce que, malgré tout, le Sang était le Sang, il lui fit une enveloppe dont personne n'avait à rougir. Avec les vêtements qu'il aimait porter, ceux qui faisaient son quotidien. Il le regarda par les yeux de l'Empereur, pathétique petit vermisseau tremblant, souvenir d'être humain.
Les mots choisis étaient ceux du Ténébreux, drapé dans l'anonymat d'Amerawdwr. Et la question lancinante que tous deux se posaient. Nollan aimait-il ses enfants ? Et à le voir bafouiller là, ersatz d'âme effrayée, Faolán ne ressentit qu'une profonde lassitude. Il n'avait même pas envie de prendre les rênes. Pour dire quoi. Pour le secouer, ce vieux tas de magie sans intérêt ? Pour lui arracher la bonne réponse ? Et quelle était-elle. Voulaient-ils qu'il les aime ou qu'il avoue ne les avoir jamais apprécié ? Toryn avait-il seulement vraiment besoin de ce genre de réponses ? Après tout ce temps ? Il sentit les sentiments de fidélité sanguine se mêler à son propre agacement devant le manque de décision du géniteur. Il soupira mentalement.
Dehors, les assurances d'un amour maladroit commençaient à sortir de la bouche du fantôme. Le vieux se prenait les pieds dans un tapis fumeux de protestations et de preuves. Peut-être qu'il les aimait pour de vrai, maladroitement comme souvent les pères. Peut-être qu'il mentait. Il y avait sûrement un moyen de savoir mais Fao en avait entendu assez, et il en avait marre.
Il ne rompit pas d'office la fusion mais sa volonté d'arrêter était palpable. De même que son scepticisme quant à la capacité de l'Empereur d'obtenir une vraie réponse. Il sentit quelque chose lui dire qu'il fuyait. Il ne savait pas s'il s'agissait de sa propre conscience, de celle de son frère ou d'une manifestation de l'Empereur comme il y en avait parfois. Peut-être qu'il fuyait. Peut-être que fuir était la chose à faire. Après tout, rechercher un géniteur mort pour lui arracher des réponses en utilisant un être surpuissant n'était pas vraiment dans l'Ordre des Choses, même pas après la Création d'une Nouvelle Forme de Vie. A moins de créer une Nouvelle Forme de Mort...
Re: Rencontre au sommet
Où était Mère ?
Cette question était légitime, mais elle était celle de Faolán. Toryn, lui se foutait bien de savoir où elle était. Pour le moment. Toryn n'était rien s'il n'était pas organisé, et capable de prioritariser ses pensées et ses envies. La question de savoir ce qu'il est advenu de leur mère devrait attendre un moment plus propice. Devrait attendre qu'ils en ait fini avec leur Père. Chaque chose en son temps. Mais ce temps viendrait, bien sûr, tôt ou tard. Toryn n'était pas stupide au point de refuser ça à son cher petit frère. Et, il devait bien l'admettre, il était lui-même curieux. Maintenant que la question avait été plantée dans sa tête, il voulait la voir bourgeonner, éclore... et trouver réponse. Surtout, trouver réponse.
Dans l'immédiat, leur père se tenait là, désormais indigne de la majuscule par le dégoût qu'il leur inspirait. Toryn sentait, bien entendu, le mépris de Faolán, et la chose commençait à le ronger, à lui peser, et surtout, pire que tout, à le convaincre, petit à petit... Malgré une fausse enveloppe dont nul n'avait à rougir, malgré le ton mielleux, condescendant mais sympathique, de l'Empereur, malgré tout cela, leur père bafouillait, tremblait, telle lâche qu'il avait toujours été, et Toryn comprenait son petit frère. Il comprenait le mépris, il comprenait l'amertume. Et, sans vraiment sans rendre compte, pervertissant ses propres sentiments, il les faisait siens. Il soupira, mentalement, à l'exact même moment que son frère, et ce pour des raisons probablement similaires. C'était, après tout, un effet secondaire connu de l'Empereur : lorsqu'ils ne faisaient qu'un, eh bien, ils ne faisaient, de fait, qu'un. Leurs pensées et sentiments se mélangeaient et se mêlaient en un amas d'abord confus, puis qui s'affinait. C'était aussi pour cette raison que plus ils le faisaient, plus ils pouvaient le faire. Plus ils prenaient l'habitude de penser et de ressentir les mêmes choses.
Ainsi, de la même façon, Toryn en eût marre à l'exact même moment que son frère. Marre de cette pathétique excuse d'être humain, ou de fantôme, qui se tenait devant eux et était trop occupé à contourner, dévier, esquiver la question pour prendre la peine d'y répondre. Sans doute craignait-il que la réponse déplaise, et qu'il soit puni. Était-elle négative, alors ? Avait-il été incapable de les aimer ? Était-ce pour ça que Mère était absente du Cairn ? Qu'il s'était promptement remarié ? L'avait-elle aimée, elle ? Ou bien avait-il détesté cette femme, épousée contre son gré pour faire son devoir, à savoir un héritier ? En voulait-il aux jumeaux pour avoir eu deux fois plus de travail et de responsabilité qu'il n'avait accepté à demi-mot d'en assumer ? Avait-il détesté son propre père, qui avait arrangé le mariage ? Le mariage avait-il seulement été arrangé ? Comment savoir, avec ce vermisseau qui bafouillait, qui bredouillait, qui bégayait, et qui ne répondait pas ? Ce vermisseau informe et indigne d'être le père de l'Empereur, et qui lui tapait sur le système ?
Il sentit la volonté d'arrêter de son frère et failli le suivre. Mais quelque chose le retint. Une fureur qui bouillonnait au fond de lui. L'impression d'avoir gâché une partie de sa vie, de ses sentiments, à respecter pour le seul bien du Sang un être qui n'était rien de plus que méprisable. Et il était d'accord avec le scepticisme de Faolán. Même l'Empereur ne pourrait arracher une réponse à l'immondice qui se tenait devant eux. Car la réponse n'existait tout simplement pas. Toryn avait envie de vomir. Mais il ne le ferait pas. Il n'était pas qu'un simple Ténébreux. En tant que moitié de l'Empereur, il était les Ténèbres, incarnées, au même titre que son frère était la Lumière. Et il ne fuirait pas. Il affronterait le problème. A sa manière. Il le détruirait, purement et simplement. Il le détruirait entièrement, complètement, et il effacerait toute trace de son existence. A tout jamais. C'était, à son sens, la seule chose à faire. Le seul traitement que méritait cette larve, et la seule façon de calmer sa colère.
Avec un calme serein, glacial, tel l'œil d'un cyclone, il ôta, doucement, la pierre de sa victime du Cairn, sans pour autant laisser ce dernier s'écrouler, ou même déranger une seule autre pierre. Il laissa l'illusion se dissiper, leur père disparaître, et son âme, presque soulagée d'en avoir fini, rentrer dans la pierre. Il la regarda de ses yeux noirs, froids, sans émotion, l'Empereur avisant ce qui n'était jamais qu'une fourmi. Une fourmi, oui, mais qui avait fauté, et dont la punition serait exemplaire, et apprendrait aux autres fourmis, partout dans l'Univers, qu'il ne fallait pas déconner avec l'Empereur. Il arracha, doucement, délicatement, par la pensée mais presque sans y penser, un bout de roche. Avec, il arracha un bout d'âme. Il put presque entendre le ver de terre qui poussait une exclamation de douleur. Il pouvait presque entendre tous les autres ancêtres déglutir, incapables de détacher leur regard, mais incapable également de de supporter cette vue. Alors, il en arracha un autre. Plus petit. Il alla au plus petit possible, jusqu'à ce que la molécule de roche vienne seule, sans morceau d'âme à l'intérieur. Alors, il remonta d'un cran, et déstructura tant l'âme que le caillou.
Il procéda lentement, méthodiquement, pour être sûr de ne rien oublier. Petit à petit, en ignorant les supplications, en ignorant les protestations, en ignorant tout. Il était l'Empereur, il avait décidé d'une sentence, et nul ne l'empêcherait de la mener à bien. Lorsque le caillou fut réduit en poussière, millions, peut-être même milliards, de petits fragments de roche et d'âme, il les propulsa dans l'espace. Loin, loin de sa vue. Loin, loin de sa galaxie, peut-être de son univers. Donner à ces grains de poussière l'élan nécessaire pour partir, et la protection suffisante pour qu'ils ne brûlent pas, était un jeu d'enfant pour lui. Et cette âme n'était pas la bienvenue sur son Monde. Elle ne serait plus jamais la bienvenue nulle part.
Il ne conserva que le plus gros et le plus petit morceau. Le plus petit, celui qui ne contenait pas de fragment d'âme, fut remis en place dans le Cairn, pour que tous se souviennent que quelqu'un avait été ici, et en avait été chassé. Pour que tous se souviennent du sort qui lui avait été réservé. Quand au plus gros morceau, il le prit en bouche, le rendit doucement tendre, comme un caramel ou un chewing-gum, et il le mâcha. Il le mâcha lentement, longuement, broyant non pas la roche, qui était caoutchouteuse et résistait agréablement sous la dent, mais l'âme, le fragment qu'il en restait. Ce faisant, il manquait parfois d'absorber le peu de puissance magique qui restait encore dans cette âme, mais recrachait systématiquement cette dernière, la laissant se dissiper dans l'atmosphère. Il allait de soi que ce vermisseau n'était pas digne de lui léguer son peu de puissance. Ç'aurait été lui faire honneur.
Lorsqu'il eut fini de mâcher, lorsque le rocher dans sa bouche ne fut que cela, un rocher, toute trace de l'âme coupable supprimée à tout jamais, il le cracha dans la mer.
Et il ressentit un grand sentiment de vide, normal après avoir infligé une telle sentence à quiconque.
Il était fatigué. L'Empereur était resté solidaire trop longtemps. A l'image de son frère, il se prit à vouloir arrêter. A se préparer à la coordination nécessaire pour rentrer dans son propre corps sans souci.
Cette question était légitime, mais elle était celle de Faolán. Toryn, lui se foutait bien de savoir où elle était. Pour le moment. Toryn n'était rien s'il n'était pas organisé, et capable de prioritariser ses pensées et ses envies. La question de savoir ce qu'il est advenu de leur mère devrait attendre un moment plus propice. Devrait attendre qu'ils en ait fini avec leur Père. Chaque chose en son temps. Mais ce temps viendrait, bien sûr, tôt ou tard. Toryn n'était pas stupide au point de refuser ça à son cher petit frère. Et, il devait bien l'admettre, il était lui-même curieux. Maintenant que la question avait été plantée dans sa tête, il voulait la voir bourgeonner, éclore... et trouver réponse. Surtout, trouver réponse.
Dans l'immédiat, leur père se tenait là, désormais indigne de la majuscule par le dégoût qu'il leur inspirait. Toryn sentait, bien entendu, le mépris de Faolán, et la chose commençait à le ronger, à lui peser, et surtout, pire que tout, à le convaincre, petit à petit... Malgré une fausse enveloppe dont nul n'avait à rougir, malgré le ton mielleux, condescendant mais sympathique, de l'Empereur, malgré tout cela, leur père bafouillait, tremblait, telle lâche qu'il avait toujours été, et Toryn comprenait son petit frère. Il comprenait le mépris, il comprenait l'amertume. Et, sans vraiment sans rendre compte, pervertissant ses propres sentiments, il les faisait siens. Il soupira, mentalement, à l'exact même moment que son frère, et ce pour des raisons probablement similaires. C'était, après tout, un effet secondaire connu de l'Empereur : lorsqu'ils ne faisaient qu'un, eh bien, ils ne faisaient, de fait, qu'un. Leurs pensées et sentiments se mélangeaient et se mêlaient en un amas d'abord confus, puis qui s'affinait. C'était aussi pour cette raison que plus ils le faisaient, plus ils pouvaient le faire. Plus ils prenaient l'habitude de penser et de ressentir les mêmes choses.
Ainsi, de la même façon, Toryn en eût marre à l'exact même moment que son frère. Marre de cette pathétique excuse d'être humain, ou de fantôme, qui se tenait devant eux et était trop occupé à contourner, dévier, esquiver la question pour prendre la peine d'y répondre. Sans doute craignait-il que la réponse déplaise, et qu'il soit puni. Était-elle négative, alors ? Avait-il été incapable de les aimer ? Était-ce pour ça que Mère était absente du Cairn ? Qu'il s'était promptement remarié ? L'avait-elle aimée, elle ? Ou bien avait-il détesté cette femme, épousée contre son gré pour faire son devoir, à savoir un héritier ? En voulait-il aux jumeaux pour avoir eu deux fois plus de travail et de responsabilité qu'il n'avait accepté à demi-mot d'en assumer ? Avait-il détesté son propre père, qui avait arrangé le mariage ? Le mariage avait-il seulement été arrangé ? Comment savoir, avec ce vermisseau qui bafouillait, qui bredouillait, qui bégayait, et qui ne répondait pas ? Ce vermisseau informe et indigne d'être le père de l'Empereur, et qui lui tapait sur le système ?
Il sentit la volonté d'arrêter de son frère et failli le suivre. Mais quelque chose le retint. Une fureur qui bouillonnait au fond de lui. L'impression d'avoir gâché une partie de sa vie, de ses sentiments, à respecter pour le seul bien du Sang un être qui n'était rien de plus que méprisable. Et il était d'accord avec le scepticisme de Faolán. Même l'Empereur ne pourrait arracher une réponse à l'immondice qui se tenait devant eux. Car la réponse n'existait tout simplement pas. Toryn avait envie de vomir. Mais il ne le ferait pas. Il n'était pas qu'un simple Ténébreux. En tant que moitié de l'Empereur, il était les Ténèbres, incarnées, au même titre que son frère était la Lumière. Et il ne fuirait pas. Il affronterait le problème. A sa manière. Il le détruirait, purement et simplement. Il le détruirait entièrement, complètement, et il effacerait toute trace de son existence. A tout jamais. C'était, à son sens, la seule chose à faire. Le seul traitement que méritait cette larve, et la seule façon de calmer sa colère.
Avec un calme serein, glacial, tel l'œil d'un cyclone, il ôta, doucement, la pierre de sa victime du Cairn, sans pour autant laisser ce dernier s'écrouler, ou même déranger une seule autre pierre. Il laissa l'illusion se dissiper, leur père disparaître, et son âme, presque soulagée d'en avoir fini, rentrer dans la pierre. Il la regarda de ses yeux noirs, froids, sans émotion, l'Empereur avisant ce qui n'était jamais qu'une fourmi. Une fourmi, oui, mais qui avait fauté, et dont la punition serait exemplaire, et apprendrait aux autres fourmis, partout dans l'Univers, qu'il ne fallait pas déconner avec l'Empereur. Il arracha, doucement, délicatement, par la pensée mais presque sans y penser, un bout de roche. Avec, il arracha un bout d'âme. Il put presque entendre le ver de terre qui poussait une exclamation de douleur. Il pouvait presque entendre tous les autres ancêtres déglutir, incapables de détacher leur regard, mais incapable également de de supporter cette vue. Alors, il en arracha un autre. Plus petit. Il alla au plus petit possible, jusqu'à ce que la molécule de roche vienne seule, sans morceau d'âme à l'intérieur. Alors, il remonta d'un cran, et déstructura tant l'âme que le caillou.
Il procéda lentement, méthodiquement, pour être sûr de ne rien oublier. Petit à petit, en ignorant les supplications, en ignorant les protestations, en ignorant tout. Il était l'Empereur, il avait décidé d'une sentence, et nul ne l'empêcherait de la mener à bien. Lorsque le caillou fut réduit en poussière, millions, peut-être même milliards, de petits fragments de roche et d'âme, il les propulsa dans l'espace. Loin, loin de sa vue. Loin, loin de sa galaxie, peut-être de son univers. Donner à ces grains de poussière l'élan nécessaire pour partir, et la protection suffisante pour qu'ils ne brûlent pas, était un jeu d'enfant pour lui. Et cette âme n'était pas la bienvenue sur son Monde. Elle ne serait plus jamais la bienvenue nulle part.
Il ne conserva que le plus gros et le plus petit morceau. Le plus petit, celui qui ne contenait pas de fragment d'âme, fut remis en place dans le Cairn, pour que tous se souviennent que quelqu'un avait été ici, et en avait été chassé. Pour que tous se souviennent du sort qui lui avait été réservé. Quand au plus gros morceau, il le prit en bouche, le rendit doucement tendre, comme un caramel ou un chewing-gum, et il le mâcha. Il le mâcha lentement, longuement, broyant non pas la roche, qui était caoutchouteuse et résistait agréablement sous la dent, mais l'âme, le fragment qu'il en restait. Ce faisant, il manquait parfois d'absorber le peu de puissance magique qui restait encore dans cette âme, mais recrachait systématiquement cette dernière, la laissant se dissiper dans l'atmosphère. Il allait de soi que ce vermisseau n'était pas digne de lui léguer son peu de puissance. Ç'aurait été lui faire honneur.
Lorsqu'il eut fini de mâcher, lorsque le rocher dans sa bouche ne fut que cela, un rocher, toute trace de l'âme coupable supprimée à tout jamais, il le cracha dans la mer.
Et il ressentit un grand sentiment de vide, normal après avoir infligé une telle sentence à quiconque.
Il était fatigué. L'Empereur était resté solidaire trop longtemps. A l'image de son frère, il se prit à vouloir arrêter. A se préparer à la coordination nécessaire pour rentrer dans son propre corps sans souci.
Toryn Culánn- Onzième Plaie d'Egypte
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Date d'inscription : 07/03/2013
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