Lendemain de fête
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Lendemain de fête
[Samedi 13 Septembre 2014]
Dunwatch était silencieux. Dunwatch était ennuyeux. Mais parfois, Dunwatch avait du bon. Dunwatxch était re-po-sant.
La veille, elle avait fait la fête. Une envie soudaine venue d’elle ne savait où mais qu’elle suivait presque toujours. Il lui avait semblé que son cœur était en or, brillant d’énergie et d’envie de s’amuser. Les plans, les réflexions, les visites diplomatiques et les farces aux autochtones ne lui disaient rien, il lui fallait sortir. Rire. Jouer. Tester sa chance. Vivre.
Ce qui fut fait. Sortie shopping, pour essayer des vêtements qu’elle n’achèterait jamais. Souriant à son reflet comme si elle avait quinze ans. Puis sortie ciné. Deux films avec un dîner au milieu. Un bien, un nul pour se moquer. Le bien s’était révélé médiocre. Mais le nul avait été parfait pour compenser. Au point qu’il en devenait bien meilleur que le premier. Et puis elle s’était rendu en boite.
Avec de belles plumes dans les cheveux, une tunique un peu décolleté et ses habituels bijoux. Par chance (aha !) le videur était à cours de présence féminine et n’y regarda pas trop pour la laisser rentrer. Techniquement, des sandales n’étaient pas des basket même si, certes, on faisait plus classe et plus féminin que des spartiates à talon plat.
Elle avait bu. Elle avait dansé jusqu’à épuisement. Elle s’était faite draguer par un grand nombre d’hommes de tous âges. Il manquait vraiment de filles ce vendredi soir. Certains lui avaient proposé plus ou moins ouvertement de terminer la soirée dans un lieu plus tranquille mais elle avait refusé. Elle savait où aller si elle se sentait seule un jour, pas la peine de risquer un attachement idiot avec un inconnu, aussi blond soit-il.
Avec tout ça. Elle était rentrée à l’aube. Jetant ses plumes sur sa table de chevet et son dos sur le lit encore tout fait, elle s’était endormie comme une masse.
Le Silence.
L’absence totale d’autre bruits que ceux des bavardages diffus de la salle commune et les chants des oiseaux par la fenêtre ouverte. Ça sentait l’anti-poussière, la cire d’abeille et l’herbe fraîchement coupée. Et le soleil réchauffait son visage, teignant son sommeil de rouge et de blanc. Elle sentit le temps passer en une brise sur son visage.
Quand elle se réveilla, il était près de quatorze heures et l’on entendait des bruits de débarrassage. Affamée par sa soirée, la korrigane se leva d’un bond, sauta juste dans des vêtements propres et descendit, cheveux lâchés et pieds nus vers la salle du repas où elle apostropha un visage qu’elle ne connaissait pas mais qui avait les bras plein d’assiettes.
« Euh..désolée, je suis la cliente de la chambre 2, c’est encore possible de casser la graine où il est trop tard ? »
Elle leva deux yeux pleins d’espoir et de gratitude vers la personne qu’elle venait d’aborder. Une femme pas vilaine, au visage un peu carré à son goût mais qui dégageait un certain charme. Elle regrettait toutefois de ne pas avoir à faire directement à Kelly. Elle était sympa la vieille. Pas du genre à condamner une pauvre fêtarde à la faim et au désespoir.
« Mais Dame Kelly n’est pas là ? Elle va bien ? »
Saíréann S. Suibhne- Habitant du village
- Messages : 9
Date d'inscription : 05/04/2014
Re: Lendemain de fête
Dunwatch était calme. Dunwatch était accueillant. Dunwatch faisait clairement partie des endroits où elle se sentait le mieux – le Prim’House en tête. Et pourtant, Annabel avait eu pendant quelques jours l'impression d’être de trop.
Elle savait, quand elle avait accepté la proposition de Mr Culánn de loger au Château, qu’elle aurait du mal à convaincre Kelly de continuer à l’aider. Mais elle n’avait pas envisagé que ce serait à ce point-là. Sa tante n’avait pourtant pas bronché quand elle lui avait annoncé son déménagement et son intention de venir tout de même lui donner un coup de main le week-end. À bien y réfléchir, la biologiste aurait dû se rendre compte tout de suite que c’était louche. Mais elle ne l’avait que pleinement réalisé le samedi suivant, quand Kelly lui avait clairement fait comprendre qu’il était hors de question qu’elle pose ne serait-ce qu’un pied dans la cuisine. Annabel était certes une catastrophe pour tout ce qui rapportait à la préparation des repas, mais elle ce n’était visiblement pas ce qui motivait le refus de sa parente. La jeune femme avait tout de même réussi à payer son repas – en laissant la somme correspondante sous son assiette avant de partir, histoire que sa tante n'ait d'autres choix que de l'encaisser – mais ça lui restait tout de même en travers de la gorge. D’autant plus que le même manège s’était répété le week-end suivant. Et que, si le petit hôtel-restaurant n’attirait pas autant de clients que lors des années précédentes, il restait trop fréquenté pour qu’une personne seule puisse le gérer sans fatigue. Surtout que Kelly n’était plus toute jeune.
La fierté froissée de la biologiste s’était donc lentement mais sûrement transformée en inquiétude au fil des jours si bien que, ce matin-là, elle était plus décidée que jamais quand elle avait franchi le seuil du Prim’House. La discussion avait été rude, mais Annabel avait fait preuve de toute l’obstination dont elle était capable. Elle n’avait pas hésité à faire valoir les trois mois d’hébergement et de repas gratuits et, comme « ce n’était rien », elle avait fini par sortir la carte de la famille. Elle savait que Davis ne laisserait jamais sa sœur se surmener sans rien dire. Et Kelly le savait aussi, puisqu’elle avait fini par céder. « En attendant de trouver une employée pour le week-end ». Et, en attendant, donc, sa nièce avait repris la place qu’elle avait occupée tous les week-ends pendant trois mois sans même avoir besoin d’un nouveau temps d’adaptation. Si serveuse n’était pas son métier, elle avait visiblement acquis certains automatismes pendant l’été.
Annabel débarrassait les tables après le départ des derniers clients, quand une jeune femme aux cheveux de feu et aux pieds nus débarqua soudain de l’escalier. Elle n’eut pas à se forcer pour lui offrir un sourire chaleureux, ni à beaucoup réfléchir pour mettre un nom sur son visage. Les chambres du Prim’House n’étaient pas nombreuses à être occupées et la nouvelle venue n’était pas facile à confondre.
« Bonjour, Miss Suibhne ! » la salua donc la biologiste.
Son regard pétilla un instant d'amusement et de fierté mêlés en entendant le titre que donnait la jeune femme à sa tante. Les Primrose n'avaient pas la moindre goutte de sang noble mais elle méritait le respect de tous. Même si elle était plus têtue qu’une bourrique.
« Kelly va bien, elle est en cuisine. »
Pour ranger. Mais il devait bien rester quelque chose d’accessible à grignoter. Aussi, Annabel, toujours souriante, désigna-t-elle une table d’un vague mouvement de menton.
« Je vous laisse vous installer pendant que je vais vous chercher à manger… Le plat du jour vous tente ou vous préférez un petit déjeuner ? »
Ce n’était plus tout à fait l’heure pour ce dernier mais le gratin de chou en se levant, c’était peut-être un peu difficile.
Elle savait, quand elle avait accepté la proposition de Mr Culánn de loger au Château, qu’elle aurait du mal à convaincre Kelly de continuer à l’aider. Mais elle n’avait pas envisagé que ce serait à ce point-là. Sa tante n’avait pourtant pas bronché quand elle lui avait annoncé son déménagement et son intention de venir tout de même lui donner un coup de main le week-end. À bien y réfléchir, la biologiste aurait dû se rendre compte tout de suite que c’était louche. Mais elle ne l’avait que pleinement réalisé le samedi suivant, quand Kelly lui avait clairement fait comprendre qu’il était hors de question qu’elle pose ne serait-ce qu’un pied dans la cuisine. Annabel était certes une catastrophe pour tout ce qui rapportait à la préparation des repas, mais elle ce n’était visiblement pas ce qui motivait le refus de sa parente. La jeune femme avait tout de même réussi à payer son repas – en laissant la somme correspondante sous son assiette avant de partir, histoire que sa tante n'ait d'autres choix que de l'encaisser – mais ça lui restait tout de même en travers de la gorge. D’autant plus que le même manège s’était répété le week-end suivant. Et que, si le petit hôtel-restaurant n’attirait pas autant de clients que lors des années précédentes, il restait trop fréquenté pour qu’une personne seule puisse le gérer sans fatigue. Surtout que Kelly n’était plus toute jeune.
La fierté froissée de la biologiste s’était donc lentement mais sûrement transformée en inquiétude au fil des jours si bien que, ce matin-là, elle était plus décidée que jamais quand elle avait franchi le seuil du Prim’House. La discussion avait été rude, mais Annabel avait fait preuve de toute l’obstination dont elle était capable. Elle n’avait pas hésité à faire valoir les trois mois d’hébergement et de repas gratuits et, comme « ce n’était rien », elle avait fini par sortir la carte de la famille. Elle savait que Davis ne laisserait jamais sa sœur se surmener sans rien dire. Et Kelly le savait aussi, puisqu’elle avait fini par céder. « En attendant de trouver une employée pour le week-end ». Et, en attendant, donc, sa nièce avait repris la place qu’elle avait occupée tous les week-ends pendant trois mois sans même avoir besoin d’un nouveau temps d’adaptation. Si serveuse n’était pas son métier, elle avait visiblement acquis certains automatismes pendant l’été.
Annabel débarrassait les tables après le départ des derniers clients, quand une jeune femme aux cheveux de feu et aux pieds nus débarqua soudain de l’escalier. Elle n’eut pas à se forcer pour lui offrir un sourire chaleureux, ni à beaucoup réfléchir pour mettre un nom sur son visage. Les chambres du Prim’House n’étaient pas nombreuses à être occupées et la nouvelle venue n’était pas facile à confondre.
« Bonjour, Miss Suibhne ! » la salua donc la biologiste.
Son regard pétilla un instant d'amusement et de fierté mêlés en entendant le titre que donnait la jeune femme à sa tante. Les Primrose n'avaient pas la moindre goutte de sang noble mais elle méritait le respect de tous. Même si elle était plus têtue qu’une bourrique.
« Kelly va bien, elle est en cuisine. »
Pour ranger. Mais il devait bien rester quelque chose d’accessible à grignoter. Aussi, Annabel, toujours souriante, désigna-t-elle une table d’un vague mouvement de menton.
« Je vous laisse vous installer pendant que je vais vous chercher à manger… Le plat du jour vous tente ou vous préférez un petit déjeuner ? »
Ce n’était plus tout à fait l’heure pour ce dernier mais le gratin de chou en se levant, c’était peut-être un peu difficile.
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